
La Corée du Nord a annoncé dimanche avoir réussi à placer en orbite un satellite grâce à un tir de fusée, considéré par la communauté internationale comme un «test de missile balistique déguisé» en violation des résolutions des Nations unies appelant à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.
Déjà mise en garde sur toute éventuelle activité nucléaire, la Corée du Nord a tiré dimanche une fusée à longue portée à caractère «pacifique» que la communauté internationale voit comme un cache-oeil pour dissimuler les activités de celle-ci suscitant un tollé international et le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir en urgence dimanche à New York.
Néanmoins pour Pyongyang, il ne s'agit autre que d'un projet spatial de lancement d'un satellite d'observation de la terre, a affirmé le ministère nord-coréen de la Défense.Réagissant à l'annonce du tir, une réunion, sous la forme de consultations à huis clos, a été demandée par les Etats-Unis et le Japon, membres du Conseil, et la Corée du Sud, à travers laquelle les membres devront durcir les sanctions à l'encontre de Pyongyang.
Le lancement de fusée intervient alors que la communauté internationale peine déjà à sanctionner Pyongyang pour son dernier essai nucléaire en janvier dernier.
Ordonné personnellement par le dirigeant Kim Jong-Un, l'Organisation maritime internationale (OIM) a été informée de ce projet le 2 février, la question était de savoir quand la République populaire démocratique de Corée (RPDC) procéderait au lancement.
Un programme spatial pacifique
Malgré l'interdiction de l'ONU de développer tout programme nucléaire ou balistique, Pyongyang soutient que son programme spatial a des visées purement scientifiques.Cependant, la communauté internationale considère qu'il s'agit d'«une couverture pour des essais de missiles balistiques visant à développer des armements capables de frapper le territoire américain.» Pour sa défense, la télévision officielle nord-coréenne a expliqué que la péninsule coréenne ne fait qu'exercer son droit légitime à une utilisation «pacifique et indépendante» de l'espace.
Les spécialistes eux, estiment que les fusées nord-coréennes ont des applications à la fois civiles et militaires, alors que l'ONU fait interdiction à Pyongyang de développer tout programme nucléaire ou balistique.
Vives condamnations et appelau dialogue
Déjà averti sur le lourd prix à payer pour tout lancement de fusée, la réaction des Etats-Unis et ses alliés japonais et sud-coréen à l'encontre de la Corée du Nord ne s'est pas faite attendre.
Washington a dénoncé une action «déstabilisatrice et provocatrice», Tokyo un tir «absolument intolérable» et Moscou un acte «très dommageable».
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a jugé le tir «profondément déplorable» alors que la présidente sud-coréenne Park Geun-Huye réclamait des «mesures punitives fortes» au Conseil de sécurité et que Paris et Londres exigeaient une «réaction rapide et sévère de la communauté internationale». Quant à l'Union européenne (UE), la haute représentante Federica Mogherini a appelé Pyongyang au dialogue dénonçant l'utilisation de «technologie de missile balistique» une «nouvelle grave violation» de ses obligations internationales.
Les responsables américains et sud-coréens de la défense ont annoncé l'ouverture immédiate de pourparlers sur le déploiement en Corée du Sud d'un système de défense antimissile américain.
La Chine a déjà fait savoir qu'elle était fermement opposée au déploiement de ce système dit THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) si près de sa frontière.Son trajet pré-orbital devait la conduire au dessus de la mer Jaune, puis plus au Sud, au dessus de la mer des Philippines. La Corée du Sud comme le Japon avaient menacé de l'abattre.