Les factions palestiniennes renouent : le contact à Doha, l'ONU et l'UE dénoncent les agressions israéliennes

Publié par DK News le 08-02-2016, 15h49 | 22

Les discussions entre les Mouvements palestiniens, Hamas et le Fatah, se poursuivaient lundi à Doha pour le deuxième jour consécutif dans le but de mettre un terme aux divisions interpalestiniennes dont profite l'occupant israélien qui a multiplié ses agressions dans les territoires occupés notamment les démolitions de structures palestiniennes, vivement condamnées à l'étranger.

Réunis depuis dimanche dans la capitale qatarie, les représentants du Fatah et du Hamas avaient tenu leurs premières discussions depuis juin dernier, une étape préliminaire avant d'éventuelles réelles négociations.

Lors de ces pourparlers qui se poursuivent ce lundi à Doha, chaque camp a présenté, la veille, son texte avec ses doléances. Le Hamas qui contrôle la bande de Ghaza s'est déjà dit prêt à un accord de réconciliation, mais exige l'annonce d'une date précise pour les élections législatives et présidentielles.
Pour sa part, le Fatah s'est dit ouvert à la discussion, mais souhaite conserver la mainmise sur l'Autorité palestinienne.

Une condition qui semble difficilement acceptable par le Hamas, a-t-on estimé.
La rencontre de Doha pourrait ouvrir la voie, selon des observateurs, à une rencontre entre Mahmoud Abbas, le président de l'Etat de Palestine et Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas en exil.Vaste opération israélienne de démolitions de maisons palestiniennes

En attendant l'aboutissement du processus de réconciliation palestinienne, les autorités d'occupation ont multiplié ces derniers mois les démolitions de structures édifiées, dans des villages palestiniens, grâce à un programme d'aide humanitaire de la Commission européenne.

Mardi dernier, l'armée israélienne a détruit quinze préfabriqués dans lesquels résidaient une soixantaine de personnes, dont trente-huit mineurs, ainsi que plusieurs latrines et des panneaux solaires dans le hameau de Jinba en Cisjordanie occupée. Sept autres habitations ont été démontées dans le village voisin de Khirbet Halaweh, laissant une vingtaine de personnes sans abri.
"Il s'agit clairement d'une des plus vastes opérations de démolitions menées ces dernières années", a déploré un diplomate européen.

En outre, des "milliers d'habitations palestiniennes en Cisjordanie risquent d'être démolies en raison d'obstacles qui peuvent être légalement fondés, mais qui sont discriminatoires en pratique", s'est alarmé lundi le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans les colonnes du New York Times.
Pour sa part, l'Union européenne, (UE) a dénoncé samedi dernier la démolition de logements en Cisjordanie occupée, financés par des fonds européens, et appelé Israël à "stopper" toute future destruction de structures palestiniennes.

Ces nouveaux développements en Cisjordanie risquent, selon un communiqué des services diplomatiques européens, de "saper la viabilité d'un futur Etat palestinien et d'éloigner encore un peu plus les différentes parties".

Dans le communiqué, l'UE a appelé les autorités d'occupation à "revenir sur les décisions prises et à stopper toute démolition à venir", en référence à deux événements: l'autorisation accordée fin janvier pour la construction de plus de 150 nouveaux logements en Cisjordanie occupée, puis la démolition début février d'une vingtaine de structures au sud d'El-Khalil.

Ces dernières sont jugées "particulièrement inquiétantes" de part leur ampleur et par "le nombre de personnes vulnérables affectées, dont des enfants", a mis en garde l'UE.Les autorités d'occupation ont démoli 539 structures palestiniennes en Cisjordanie et à El-Qods occupées en 2015, entraînant le déplacement de 742 personnes, selon les chiffres du bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

Indignation internationale face à la persistance de la colonisation
En plus des démolitions, Israël poursuit les agressions à l'encontre des Palestiniens notamment depuis octobre 2015, date de la nouvelle escalade en Cisjordanie et à El-Qods occupées.
Au total, 172 Palestiniens, dont 34 enfants, ont été tués et 15.645 autres blessés par des tirs des forces d'occupation depuis début octobre dernier dont 27 depuis le début de l'année 2016 en Cisjordanie, à El Qods occupée et à Ghaza, selon les chiffres de l'association du Croissant rouge palestinien.

Face à cette escalade, l'UE avait adopté le 18 janvier des conclusions sur le processus de paix au Proche-Orient, dans lesquelles notamment elle condamnait la colonisation "illégale" au regard du droit international. Pour sa part, Ban Ki-moon s'est indigné de l'absence de progrès dans le règlement du conflit israélo-palestinien pendant son mandat, entamé en 2007, appelant à reprendre les négociations de paix.

"Je me sens coupable, honteux du manque de progrès enregistré", a déclaré la semaine dernière M. Ban, lors d'une conférence publique organisée par le centre de réflexion Chatham House à Londres. "Mettons fin à cette situation, laissons grandir les jeunes Palestiniens sans haine", a-t-il réclamé appelant à la reprise des négociations israélo-palestiniennes, dans l'impasse depuis des années.