Burkina Faso : La justice dément avoir subi une pression pour lever le mandat d'arrêt contre Guillaume Soro

Publié par DK News le 09-02-2016, 16h58 | 23

Les services de justice au Burkina Faso ont démenti les allégations relayées par des médias et du mouvement associatif faisant état de subir une pression de l'exécutif burkinabè en vue d'un retrait du mandat d'arrêt lancé début janvier contre le président de l'Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro.

Les Juges en charge de l'instruction du dossier du putsch manqué de septembre dernier au Burkina Faso n'ont subi "aucune pression" en vue de lever le mandat d'arrêt international, toujours en vigueur, lancé contre Guillaume Soro, selon le procureur militaire burkinabè.

La justice burkinabè a lancé le 8 janvier un mandat d'arrêt international contre M.
Soro pour son implication présumée dans le coup d'Etat manqué du 17 septembre contre le gouvernement de transition au Burkina Faso."Personne n'a demandé à un juge d'instruction de lever un mandat d'arrêt.

Il n'y a eu aucune pression pour lever le mandat d'arrêt" contre Guillaume Soro, a martelé le commissaire du gouvernement (procureur), le lieutenant-colonel Norbert Koudougou.
"Le juge d'instruction travaille en toute indépendance, a-t-il rappelé.Le succès de l'instruction c'est le succès de toute la procédure et le juge d'instruction qui a posé un acte ne peut lui-même l'annuler ou le retirer du dossier".

Ce putsch avait été mené par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ancienne garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir fin octobre 2014 par la rue après 27 ans de règne.Il a échoué après une mobilisation populaire soutenue par une partie de l'armée.

Dans des enregistrements téléphoniques attribués à Djbrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères de M. Compaoré, et à M. Soro, deux hommes discutent de la possibilité de soutenir le putsch. Les deux hommes évoquent notamment des possibilités de "frapper" dans le nord du Burkina pour faire "paniquer" l'armée qui se préparait à donner l'assaut contre la base du RSP.

De nombreuses rumeurs relayées dans les réseaux sociaux font état de pressions du pouvoir politique sur le juge d'instruction afin de lever le mandat d'arrêt."Lorsque les bruits ont commencé à courir derrière ces mandats, on s'est dit qu'il faut tout de suite s'assurer que ces mandats sont valides et qu'il n'y a pas erreur", a affirmé le commissaire du gouvernement, soulignant que le parquet et le juge avaient pris toutes les précautions afin de ne pas voir les mandats annulés.

Une question à régler par "voie diplomatique"
En marge du sommet de l'Union africaine (UA), tenu fin janvier, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré avait indiqué que "ce dossier", qui empoisonne les relations entre Abidjan et Ouagadougou, serait traité par "voie diplomatique".

Dans un communiqué publié lundi, les trois syndicats des magistrats burkinabè regroupés au sein d'un "Comité intersyndical des magistrats" a pris acte de "la volonté de l'exécutif burkinabè de normaliser ses relations avec des Etats amis et frères par une +gestion diplomatique de la situation+ mais "insiste particulièrement sur le fait qu'une telle approche ne doit pas porter atteinte aux principes constitutionnels cardinaux de séparation des pouvoirs et d'indépendance du pouvoir judiciaire".

Les relations entre le Burkina et la Côte d'Ivoire, fortement imbriqués aux plans politique et économique, sont serrées et anciennes.Quelque trois millions de Burkinabè vivent en Côte d'Ivoire.
Après l'affaire des "écoutes téléphoniques" au Burkina Faso dans laquelle le président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, Guillaume Soro, est cité, la situation avait pris de nouvelles tournures.
Au point de tendre vers un malaise dans les relations entre les deux Etats voisins étroitement liés par leur peuples et par l'histoire.