Ukraine : Le Premier ministre accuse le président Porochenko de «bloquer» les réformes

Publié par DK News le 26-02-2016, 17h17 | 21

Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a accusé vendredi le président Petro Porochenko et son camp de «bloquer» les réformes économiques qu'il tente de mener pour sortir le pays de la crise, dans un entretien au journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.

«J'ai payé un prix élevé», a insisté le Premier ministre, dont la popularité est en chute en libre et qui a échappé le 16 février à une motion de censure. Le président Porochenko avait lui-même appelé, en vain, à la démission de son chef de gouvernement.

«J'ai fait avancer les réformes sur le marché du gaz, sauvé le budget et n'ai jamais attaqué le parti du président», a fait valoir M. Iatseniouk, qui a également mis en avant son combat contre la corruption.
Ces réformes sont cruciales pour l'économie ukrainienne, sous perfusion de l'aide occidentale. Début février, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, avait insisté sur le fait que le programme du Fonds monétaire international ne pourra pas continuer si des efforts de réforme et de lutte contre la corruption ne sont pas entrepris par Kiev.

Mais le groupe parlementaire proche du président «ne voulait pas de ces réformes» et a essayé «de les bloquer», a dénoncé M. Iatseniouk. «Ils agissent sous la pression des sondages(...)  Dans une telle situation, avoir les yeux braqués sur la popularité est désastreux», a-t-il encore pointé, concédant toutefois que Petro Porochenko était «toujours (son) partenaire».

«Une large majorité du parti de Porochenko a soutenu la motion de censure» déposée contre lui dernier et à laquelle M. Iatseniouk a finalement échappé. Ecartant les accusations selon lesquelles il aurait échappé à la destitution grâce au soutien en coulisses d'oligarques, il a dit désormais vouloir «savoir s'ils vont soutenir nos prochaines réformes».

«Si c'est le cas, alors nous pouvons chercher de nouveaux partenaires pour la coalition», a-t-il encore déclaré, alors que le parti Batkivchtchina (Patrie) de l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko s'est retiré de la coalition au pouvoir à Kiev, le 17 février.

Pressé en début de semaine par Berlin et Paris de poursuivre les réformes et la lutte contre la corruption, M. Iatseniouk a défendu son action sur ce dernier point : «qu'ont obtenu de moi les oligarques? Des hausses d'impôts, la fin des privatisations frauduleuses», a encore fait valoir cet ancien banquier de 41 ans.