Centrafrique : Nouveaux déplacements massifs de populations à cause des violences à Bambari

Publié par DK News le 08-03-2016, 16h40 | 26

Le nombre de personnes déplacées à Bambari a considérablement augmenté à cause des violences meurtrières ces derniers jours aux environs de cette ville du Centre de la République centrafricaine, a-t-on appris lundi de source locale.

Autrefois poumon économique de ce pays pauvre et enclavé d'Afrique centrale, Bambari représente le fief du Front patriotique pour la renaissance en Centrafrique (FPRC) et de l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC), deux factions de l'ex-coalition de la Séléka, qui avait pris le pouvoir en mars 2013 à Bangui, avant d'être à son tour chassée moins d'un an plus tard.

Cette ville abrite aussi la base de l'un des trois états-majors dits régionaux (Bria et Kaga-Bandoro, dans le Nord, en sont les deux autres) de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), en dehors du centre de commandement de Bangui, la capitale.

Opérationnelle depuis septembre 2014 dans le pays en vue d'aider au retour de la paix et de la sécurité, cette mission onusienne est chargée d'assurer la protection de plusieurs milliers de personnes hébergées dans quatre sites de déplacés implantés dans cette ville et ses environs, a rapporté à Xinhua le général Joseph Zoundéko, chef d'état-major du FPRC.

Parmi ces sites, a expliqué l'ex-dirigeant rebelle, figurent l'ex-base de la force française Sangaris, le site alternatif de la gendarmerie centrafricaine et l'aérodrome, à 14 kilomètres du centre-ville de Bambari. "Depuis jeudi, le nombre de déplacés dans ces sites a augmenté", constate le général Zoundéko, joint au téléphone lundi à Bambari.

C'est la conséquence de trois jours de violences commises jusqu'à dimanche par l'Union pour la paix en Centrafrique, groupe armé formé essentiellement de combattants peuls et dirigé par Ali Darass, dissident de l'ex-coalition rebelle de la Séléka et rival du FPRC de Joseph Zoundéko.

Ces violences menées contre les populations chrétiennes en représailles à l'assassinat d'un éleveur peul par des individus non identifiés mais soupçonnés par l'UPC d'appartenir aux milices chrétiennes anti-Balakas ont causé plus d'une dizaine de morts, d'après un bilan établi par le général Zoundéko. "Pratiquement toute la population de la sortie sud de Bambari, à partir de PK10 jusqu'à peu près PK30, s'est enfuie et est allée chercher refuge dans ces sites.

Le nombre est vraiment énorme. Or, depuis deux mois, la paix était revenue dans la ville et beaucoup de ceux qui avaient déserté leurs maisons avaient commencé à y retourner, déplore-t-il.
C'est surtout Awaké, village situé à 20 kilomètres de Bambari sur l'axe menant à Koango, qui a été la principale cible des massacres perpétrés par les hommes d'Ali Darass. "Il y a beaucoup de morts, le nombre exact n'est pas connu. Il y a aussi des dégâts matériels important, caractérisé par des destructions de maisons", a indiqué l'ex-responsable rebelle. Sous le choc, la population chrétienne promet de se venger, faisant planer le risque d'une reprise des hostilités après deux d'accalmies dans cette ville, s'inquiète-t-il cependant.

L'ONU préoccupée par la violence incessante dont les enfants sont
victimes

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "profondément troublé" par l'ampleur et la nature des violations subies par les enfants en République centrafricaine, dans un nouveau rapport sur la situation des enfants dans ce pays publié lundi. Ce rapport décrit "des violations généralisées et des actes de violence horribles commis entre janvier 2011 et décembre 2015 contre les garçons et les filles."

"En 2013 et 2014, au plus fort de la crise, les enfants ont été victimes de violations extrêmement graves commises dans un climat d'impunité totale, conséquences de l'effondrement et de la désintégration de la majorité des institutions de l'Etat", a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Leila Zerrougui.

L'ONU a documenté sur le meurtre de 333 enfants et la mutilation de 589 autres dans des attaques brutales visant les communautés à des fins de représailles ou pour d'autres motifs. Au cours de vagues successives de violences intercommunautaires alimentées et manipulées par des dirigeants politiques, les enfants ont été ciblés en raison de leur appartenance religieuse.

S'agissement du recrutement d'enfants par des groupes armés, l'UNICEF estimait en 2014 qu'entre 6.000 et 10.000 enfants étaient associés à toutes les parties au conflit. Les Nations Unies ont documenté une nette augmentation, conduisant au recrutement et à l'utilisation d'enfants à grande échelle depuis la crise de 2013, plus particulièrement après la prise de pouvoir par les Séléka et la montée en puissance des milices d'auto-défense anti-Balaka.

La Centrafrique, dont l'histoire est jalonnée de coups d'Etat, de rébellions et de mutineries depuis son accession à l'indépendance de la France en 1960, est un des pays les plus pauvres de la planète, malgré son potentiel agricole et minier.