Annulation de l’accord agricole UE-Maroc : Le Parlement européen dénonce l’attitude «intrusive» du Maroc

Publié par DK News le 16-03-2016, 16h11 | 19

Le Parlement européen a dénoncé à Bruxelles l’attitude «intrusive» et les pressions exercées par le Maroc sur la Commission européenne suite à l’annulation en décembre dernier par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de l’accord agricole liant l’Union au royaume du Maroc.

Lors d’un débat organisé mardi par la Commission Affaires étrangères du Parlement européen, les eurodéputés Javier Couso Permuy et Bodil Valero ont qualifié l’attitude du Maroc qui a décidé, dernièrement de geler ses relations avec l’UE, de celle d’un «enfant gâté».

Les eurodéputés ont dénoncé également le «peu de respect» du Maroc pour les principes et procédures sur lesquels repose le fonctionnement des instances européennes.Evoquant la demande du Maroc qui, partant de son statut prétendument avancé, a exigé d'être associé à toutes les procédures en vue d'interjeter appel contre l'arrêt de la Cour européenne de justice, les parlementaires européens ont jugé cette demande «exagérée» et ont tenu à souligner que ce privilège est réservé aux seuls Etats membres de l'UE.

Ce pays (le Maroc)  n'est pas membre de l'UE et la Juridiction en question est un démembrement de la construction européenne, il ne saurait être question de le considérer comme partie directe dans cette procédure, a souligné le directeur exécutif pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord au Service européenne de l'Action extérieure, Nick Westcott en réponse à la question d'un eurodéputé au sujet de la demande insistante du Maroc d'avoir un droit de regard sur la procédure d'appel introduite par le Conseil de l'UE contre l'arrêt de la CJUE.

Il a réaffirmé, en outre, que l'UE est respectueuse de la justice et se conformera à la décision de la Cour européenne de justice, rappelant que l'arrêt de la Cour fait clairement référence à la nécessité de prendre en considération les intérêts des populations sahraouies. Critiquant l'attitude «bienveillante», voire «complaisante» de la

Commission européenne et du Conseil de l'UE à l'égard du Maroc,  de nombreux eurodéputés dont Ivo Vajgl ont estimé que la célérité avec laquelle la décision avait été prise par les Etats membres de l'UE de faire appel de l'arrêt de la Cour,  interroge sur leur attachement réel à la légalité internationale et à l'indépendance de la Justice, qui forment le socle sur lequel s'appuie l'UE.

Le Président de la Délégation pour les relations avec les pays du Maghreb et l'Union du Maghreb arabe,  l'eurodéputé Pier Antonio Panzeri, a estimé que les prochaines élections au Maroc, prévues en octobre 2016, n'aident pas à améliorer la situation actuelle des relations UE-Maroc du fait de la surenchère et «la concurrence entre les partis, entre qui est plus européiste que l'autre».

Il a assuré qu'il a essayé d'expliquer au Maroc «qu'en Europe la magistrature est autonome et indépendante, et qu'elle ne peut pas être soumise à des pressions politiques, parce que la séparation des pouvoirs est essentielle en démocratie».