Immersion dans l'univers poétique de l'imzad avec Fatma Channa

Publié par DK News le 30-03-2016, 15h31 | 62

Un récital poétique mêlant le son mystique de l'imzad à la beauté du verbe en Tamasheq a été donné mardi à Alger par la musicienne et poète Fatma Channa, accompagné de l'universitaire et écrivaine Rabiâa Douibi, qui assurait la traduction des textes.

Organisé à l'occasion du «Rendez-vous avec la poésie», une rencontre lancée récemment par le ministère de la Culture, ce récital était une occasion de présenter aux amoureux de la poésie cet instrument de musique propre aux touaregs, classé depuis 2014 au patrimoine mondial de l'Unesco.

Fatma Channa, une des rares joueuses d'imzad, a déclamé elle-même la poésie, un rôle généralement réservé aux hommes, transportant le public présent à travers les cérémonies de l' «Ahal», des rendez-vous poétiques et musicaux disparus pendant la colonisation française de l'Algérie.

Auteur du livre «Poésie de l'Ahaggar» paru en 2014, Rabiâa Douibi déclamait des traduction de ce répertoire qu'elle avait collecté auprès des détenteurs de ce legs.
Dans ses poèmes, Fatima Channa raconte les exploits guerriers des  tribus touareg, des contes et légendes locales, l'installation de l'armée coloniale dans l'Ahaggar, ou encore des histoires d'amours connues dans la région.

Estimant que la poésie reste la forme d'expression «la plus aboutie» dans  la société touareg, Rabiâa Douibi a rappelé l'importance de ce patrimoine oral qui renseigne sur le vocabulaire ancien, l'histoire de l'Ahaggar à différentes périodes ainsi que le quotidien et l'organisation des différentes tribus touaregs.

Passionnée de l'Ahaggar, Rabiâa Douibi, enseignante à Tamanrasset et auteur d'un roman et d'un recueil de nouvelles sur cette région, a souligné à l'occasion de ce récital l'urgence de collecter et traduire cet héritage, partie de la culture orale des touareg, qu'elle considère est «en déclin» depuis la disparition de l' Ahal.

Le public présent a, pour sa part, souhaité voir les publications sur la culture des touareg se multiplier pour avoir un accès facile à cette composante, «souvent méconnu» de la culture et identité algériennes.