Violences policières en France : Abus et silence

Publié par DK News le 30-03-2016, 16h38 | 67

Les violences policières reviennent sur le devant de la scène médiatique en France, avec sortie hargneuse et bruyante des élèves  du lycée Henri Bergson, dans le 19ème arrondissement de Paris, descendus dans la rue pour dire leur colère contre la violence des forces de l’ordre.

A l’origine, une vidéo ayant circulé sur les réseaux sociaux ; « On y voit un de leur camarade, dans la rue pour dire non au projet de loi El Khomri, retenu par deux policiers pendant qu’un troisième lui donne un violent coup de poing en pleine face. Le garçon tombe à terre, le choc amorti par son sac à dos », indique le site du quotidien liberation.fr qui rapporte que Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, en déplacement à Bruxelles s’est dit ‘’choqué’’ par ces images qui, a-t-il ajouté,

« ne correspondent pas à ce qu’est l’idée qu’une immense majorité, pour ne pas dire la quasi-totalité des policiers de France, se font de leurs missions et des conditions dans lesquelles ces missions doivent être exercées ». La manifestation s’est soldée par une virée des élèves dans un supermarché où ils se sont servis en bonbons et confiseries, sans passer par la caisse.

Les faits de violence policière  constituent un sujet de préoccupation tant des politiques que de l’opinion publique française, au point que l’Association Chrétienne pour l’Abolition de la Torture (Acat), en a fait un sujet d’enquête, dont les conclusions ont été présentées à la mi-mars, sous le thème générique, ‘’briser le silence, combattre les excès’’.

Voulant en savoir un peu plus sur les violences policières, l’association n’a pas trouvé mieux que de mener sa propre enquête. « Pendant dix-huit mois, elle a épluché la presse, des rapports publics, des décisions de justice et auditionné plus d'une soixantaine de personnes (syndicats de policier, magistrats, victimes, médecins, sociologues, etc.) pour faire un état des lieux de la situation », souligne lefigaro.fr, ajoutant qu’au bout du compte, elle a décidé de se concentrer sur « 89 cas de violences policières ayant eu lieu entre 2010 et 2015 ».

Le rapport de l’Acat précise que ces cas «concernent tant des décès (26) que des blessures graves (29 infirmités permanentes) ou moins graves (22), portent sur l'ensemble du territoire et couvrent tout type d'intervention de police et de gendarmerie (interpellations, transports, garde à vue, manifestations, etc.)».  Les populations ciblées par els violences policières, sont, selon ce rapport, des jeunes de moins de 35 ans, essentiellement « «issus de minorité visible et de quartiers populaires».

Par ailleurs, Acat pointe du doigt le recours banalisé des forces de l’ordre aux armes de neutralisation, car, elle « a recensé au moins 39 personnes grièvement blessées et une décédée par des tirs de lanceurs de balles de défense (le Flashball Superpro et le LBD 40x46) », explique lefigaro.fr.

Ces fameux Flashball avaient déjà défrayé la chronique, en juillet dernier, lorsque trois jeunes adolescents ont été blessés par cette arme ;  alors que le Défenseur des Droits Jacques Toubon demandait alors un moratoire dans leur usage, l’Acat demande tout simplement leur interdiction, expliquant en effet que «quelques mètres ou un mauvais angle suffisent à entraîner un dommage irréversible.» Le rapport s’intéresse également aux méthodes de neutralisation utilisées par els policiers et les gendarmes, qui sont souvent source de complications  pour l’intégrité physique des personnes interpellées et,  «peuvent entraîner la suffocation et ont déjà provoqué plusieurs décès».

L’association demande l’interdiction de deux techniques ; le pliage, interdit mais toujours en vigueur et le plaquage ventral qui, à ses yeux, « entrave fortement les mouvements respiratoires et peut provoquer une asphyxie positionnelle».

Le rapport souligne également des cas de violence physiques, avec coup et blessures sur les personnes interpellés, sans oublier des écarts de langages, le plus souvent sous forme « d'insultes, des propos humiliants, homophobes, ou encore des propos à caractère racial, sexiste ou religieux ».

Inutile de mentionner toutes les difficultés et entraves qui font face à toute demande de réparation, au point, relève l’association, que sur « les 89 affaires étudiées dans l'enquête, seules sept ont donné lieu à une condamnation et une seule s'est soldée par de la prison ferme, les autres affaires ayant débouché sur des classements sans suite ou des relaxes ».