Prisonniers sahraouis : un groupe de juristes européens expulsé du Maroc

Publié par DK News le 08-04-2016, 17h36 | 72

Un important groupe de juristes européens (Belges, Français et Espgnols) a été expulsé du Maroc, dans la matinée de jeudi, a indiqué le président de la Coordination européenne du soutien au peuple sahraoui, Pierre Galand, repris vendredi par l’Agence belge Belga.

Parmi ces juristes interpellés mercredi soir à Rabat par les autorités marocaines, figure le professeur Eric David, président du centre de droit international de l'Université libre de Bruxelles (ULB).
Le professeur Eric David a indiqué, dans une déclaration à l'Agence Belga, que le groupe de juristes européens s’était rendu au Maroc pour demander aux autorités de respecter les droits de l'Homme par rapport à des condamnations de Sahraouis.

En effet, des prisonniers sahraouis ont été condamnés à de lourdes peines, qui vont jusqu’à la perpétuité, pour avoir manifesté contre l'occupation marocaine du Sahara occidental.
"Nous devions rencontrer les avocats des Sahraouis et le Comité national marocain des Droits de l'Homme", a encore affirmé le Président du centre de droit international de l’ULB.

Selon ce juriste, le groupe a été reçu par l'ambassade de Belgique à Rabat (Maroc). "Une heure plus tard, des policiers sont venus à notre hôtel.Ils ont pris nos passeports et nos téléphones et nous avons été arrêtés. Nous avons été expulsés et avons atterri jeudi vers 14h00 à l'aéroport d'Orly, à Paris ", a encore affirmé M. Eric David.

L’expulsion de ce groupe de juriste européens prouve, a-t-il notamment déclaré sur les ondes d’une radio belge,  que ½ le Maroc est encore probablement loin d’être un véritable Etat de droit".
Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée général de l’ONU, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.

Selon une ONG : En expulsant les juristes, le Maroc veut isoler les Sahraouis

Avec l’expulsion jeudi des juristes internationaux qui voulaient rencontrer à Rabat les prisonniers politiques sahraouis, le Maroc "s'efforce d’isoler les Sahraouis" pour les empêcher de faire connaître leurs "légitimes revendications", a indiqué vendredi l’Association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

"Avec cette nouvelle expulsion, le Maroc s'efforce d'isoler les Sahraouis pour les empêcher de faire connaître leurs légitimes revendications à l'autodétermination, à la liberté d'expression et à des procès équitables", a précisé dans sa dernière lettre d’information l’ONG qui soutient le peuple sahraoui dans sa lutte de libération contre l’occupant marocain.

L’ONG s’interroge si c’est le moment est choisi à la veille de la publication du rapport du Secrétaire général des Nations unies et de la réunion du Conseil de sécurité et si ce "coup de force" sera "comme souvent payant", rappelant que depuis plusieurs jours, "on ne compte plus les expulsions d'étrangers décidées par le royaume, journalistes de la chaîne Canal Plus".

Réfutant l’argumentaire des responsables marocains selon lequel "le royaume ne peut accepter qu'un groupe d'étrangers sème le trouble et porte atteinte à l'ordre public", l’Association souligne que les avocats et juristes, "forts de leur exigence du respect du droit (à), représentent un réel danger pour l'Etat marocain et sa monarchie".

"Le royaume à l'extérieur s'affronte à l'ONU, aux institutions européennes, à son voisin l'Algérie et s'entête dans l'occupation du territoire du Sahara occidental, au mépris même de ses intérêts. A l'intérieur, c'est répression et arbitraire pour tous ceux qui osent s'opposer publiquement à une monarchie autoritaire et affairiste", a-t-elle encore expliqué.

L’avocat au barreau de Paris et membre de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), Joseph Breham, a considéré jeudi qu’arrêter et expulser des avocats agissant dans le cadre de leur mission de défense "signe le mépris du Maroc pour les droits de la défense et les canons du procès équitable".Pour cet avocat, c’est une "dérive autoritaire qui a abouti hier à la violation d'un des droits les plus fondamentaux, celui de choisir son avocat".