Nouvelle polémique sur la tenue des femmes musulmanes : Les égarements de la classe politique française

Publié par Cherbal E-M le 10-04-2016, 23h43 | 116

Encore une fois, la scène politique française, notamment au sein de la majorité, s’anime autour de la façon de s’habiller des femmes musulmanes.

Et pour cause, une déclaration tonitruante de Laurence Rossignol, ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes ; elle a été interrogée par Jean Jacques Bourdin, sur les ondes de la radio RMC, au sujet d’un papier publié par le quotidien Le Parisien sur les grandes marques qui se mettent à fabriquer des vêtements «à la mode islamique».

Voici sa réponse : « Bien sûr qu’il y a des femmes qui choisissent, il y avait aussi des nègres américains qui étaient pour l’esclavage. (…) Je crois que ces femmes sont pour beaucoup d’entre elles des militantes de l’islam politique», peut-on lire sur le site lemonde.fr. Elle tente de rectifier quelques temps plus tard, mais seulement sur l’usage du terme «nègre» qu’elle assimile à une «faute de langage», mais maintient le reste de ses propos.

Prononcés au moment du «reniement» de François Hollande de sa réforme constitutionnelle et l’abandon de la déchéance de nationalité, le propos n’a suscité aucune réaction officielle du gouvernement français. Mieux encore, la ministre a reçu des soutiens de la société civile et de représentants d’institutions officielles françaises. Ainsi, le site lemonde.fr reprend-il un passage d’un communiqué rendu public le 31 mars, à travers lequel près de 75 associations féministes «se réjouissent que [la ministre] ait réagi avec force et indignation face à la banalisation du port du voile islamique, qui veut se faire beau et élégant à travers des défilés de mode visant un immense et juteux marché mondial «.

De son côté, le délégué interministériel responsable de de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme apporte son soutien à Laurence Rossignol « dont le seul crime est de défendre la liberté et la dignité des femmes contre les noces barbares du cynisme marchand et de la bigoterie », avance-t-il sur lemonde.fr.

Le débat s’est enflammé sure les réseaux sociaux où circule une pétition appelant à des sanctions contre la ministre qui a regroupé en quelques jours plus de 30 000 signatures. Le texte dénonce notamment la référence à l’esclavage jugée «anachronique et dénuée de tout sens historique et politique » et, en même temps, une « insulte à la mémoire des millions d’individus, de familles et de pays détruits par l’esclavage et ses conséquences », souligne le site lemonde.fr.

Alors que le thème fait sensation, beaucoup de personnalités appellent à un débat serein et dénué de toute arrière-pensée politicienne, notamment à la veille d’échéances électorales importantes pour les Français. Mais voilà que le Premier Ministre Manuelle Valls monte lui aussi au créneau pour s’attaquer au voile, au moment où peu de gens l’attendait sur ce terrain.

« Ce que représente le voile pour les femmes, non ce n’est pas un phénomène de mode, non, ce n’est pas une couleur qu’on porte, non : c’est un asservissement de la femme », lance-t-il à l’occasion d’une rencontre consacrée à l’impact des courants salafistes sur l’Islam en France, selon le site www.la-croix.com qui fait remarquer que « sur la nature de la revendication du voile (culturelle, religieuse ou politique), qui divise tant les milieux intellectuel, associatif ou politique, jamais un premier ministre ne s’était prononcé de manière aussi nette ». Tout ceci donne finalement du relief à ce travail de presse publié hier par le Washington Post pointant du doigt «la paranoia collective» qui s’empare des Français dans leur rapport avec l’Islam.

Cherbal E-M