Brésil : L'opposition domine le vote sur la destitution de la présidente Rousseff

Publié par DK News le 18-04-2016, 16h16 | 18

Les députés brésiliens étaient dimanche soir largement favorables à la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff, accusée de maquillage des comptes publics.L'opposition doit obtenir 342 votes (2/3) pour que la procédure soit renvoyée au Sénat qui aurait le dernier mot sur la destitution de Mme Rousseff, faute de quoi la présidente sauvera immédiatement son mandat.

A 21H43 (00H43 GMT), l'opposition menait largement par 281 votes à 98. Plus de 200 millions de Brésiliens divisés par des mois d'âpre dispute politique, étaient suspendus au dénouement de la lutte de pouvoir qui paralyse le géant émergent d'Amérique latine, au milieu d'un énorme scandale de corruption et de la pire récession économique depuis des décennies.

Le privilège de monter le premier à la tribune est revenu à un député malade, Washington Reis, qui avait obtenu une permission de ses médecins pour s'absenter de son hôpital de Rio de Janeiro.
«Qu'à partir de demain, Dieu puisse répandre de nombreuses bénédictions sur le Brésil et notre peuple brésilien.

Je vote pour», a lancé au micro ce député centriste. Chacun avait dix secondes pour formuler son vote. Les députés de gauche traitaient leurs collègues de «lâches!» et de putschistes.
Ceux de l'opposition de droite et du centre, ceints d'écharpes jaunes et vertes, parlaient «de nettoyer le pays d'un gouvernement corrompu et incompétent qui a conduit le Brésil à la ruine».

La chambre basse du parlement approuve la destitution de la présidente Dilma Rousseff

La chambre basse du parlement brésilien a approuvé dimanche soir la procédure de destitution engagée contre la présidente Dilma Rousseff. Le camp de la destitution l'a emporté par 367 voix, 25 de plus que les 342 requises (2/3) pour autoriser le sénat à mettre en accusation Mme Rousseff. Seuls 146 députés, de gauche et d'extrême gauche pour l'essentiel, ont voté contre la destitution.

Sept députés uniquement se sont abstenus et trois étaient absents. Un peu plus tôt, le leader du Parti des Travailleurs (PT, gauche) au Congrès des députés José Guimaraes avait reconnu par avance cette «défaite».

«Les putschistes ont gagné ici à la chambre» mais «cette défaite provisoire ne signifie pas que la guerre est perdue», a déclaré M. Guimaraes. «Nous allons maintenant dialoguer avec le Sénat pour qu'il corrige l'action des putschistes dirigés par des gens sans autorité morale», a-t-il ajouté.

Accusée de maquillage des comptes publics en 2014, année de sa réélection, et en 2015 pour masquer l'ampleur de la crise économique, Mme Rousseff nie avoir commis un crime dit «de responsabilité» et dénonce une tentative de «coup d'Etat» institutionnel. Elle avait annoncé qu'elle «lutterait jusqu'à la dernière minute de la seconde mi-temps».

Mais son mandat ne tient désormais plus qu'à un fil: D'ici le 11 mai, il suffira d'un vote à la majorité simple des sénateurs pour qu'elle soit formellement mise en accusation pour «crime de responsabilité» et écartée du pouvoir pendant 180 jours au maximum, en attendant un verdict final. Le vice-président Michel Temer, son ex-allié centriste et désormais rival, assumerait alors ses fonctions et formerait un gouvernement de transition.