Port du voile en France : Les politiques rallument la scène

Publié par Cherbal E-M le 22-04-2016, 15h47 | 125

Des étudiantes de Sciences Po, à Paris viennent de rallumer la mèche du débat sur le voile à l’université, en organisant, ce mercredi, un ‘’’Hidjab day’’ sujet d’une grande polémique politique. En invitant les étudiantes à porter le voile, pour ‘’le démystifier’’, les organisatrices de cette initiative ont soulevé un tollé, certains y voyant même une réponse à la brèche ouverte par le premier ministre sur la question.

A bout d’arguments pour faire face à sa dégringolade dans les sondages, Manuel Valls, mal en point politiquement, tente de s’accrocher et semble faire feu de tout bois.  Après avoir maladroitement joué sur l’état de santé du président Bouteflika, dont il a tweeté une photo volée, il revient, en France, sur le port de voile qu’il   souhaite  interdire à l’université.

Interrogé par le quotidien Libération sur une éventuelle loi pour interdire le voile à l’université, il a répondu : « Il faudrait le faire, mais il y a des règles constitutionnelles qui rendent cette interdiction difficile. Il faut donc être intraitable sur l’application des règles de la laïcité dans l’enseignement supérieur.»

Le président François Hollande a immédiatement remis les pendules  à l’heure, en indiquant  clairement : «Non, il n'y aura pas d'interdiction à l'université.L'université est un lieu de liberté, avec des règles qui ont toujours été celles de la liberté politique, syndicale, religieuse»,     au cours de sa prestation télévisée lors de l’émission ‘’Dialogues avec les citoyens’’ de France 2, ajoutant qu’il «n'y aura pas de loi sur le voile, et il n'y a aucune règle constitutionnelle qui d'ailleurs ne le permettrait».

Pour ne pas paraître expéditif avec son premier ministre, le président français a tout de même mis un petit bémol en affirmant être tout à fait d’accord avec Manuel Valls sur le fait, indique-t-il, «   qu'on ne peut pas dans l'université avoir du prosélytisme, de l'intrusion dans les cours, avoir une pression sur un certain nombre d'enseignements»

Avant lui, des membres du gouvernement ont pris leur distance sur le sujet, en rejetant toute idée d’engager une initiative d’interdiction du voile à l’université. Pour le secrétaire d’Etat, Thierry Mandon, si l’occasion lui était offerte d’en parler avec Manuel Valls, lance-t-il, « je lui dirai qu'il n'y a pas besoin de loi».

Pour sa part, la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem, a émis de sérieux doutes sur la faisabilité d’un tel projet : «On connaît ses convictions. Le voile lui est désagréable.
Il souhaiterait qu'il puisse être interdit dans bien des lieux, y compris à l'université, mais il reconnaît lui-même que c'est compliqué, car à l'université, le principe de la liberté de conviction l'emporte » a-t-elle déclaré au cours d’une visite dans la région lyonnaise. Des déclarations qui semblent avoir agacé le premier ministre, Manuel Valls qui, au cours d’un visite dans la métropole de Lyon s’est adressé à un élève un peu trop bavard pour lui dire :«Tu sais, au gouvernement, il y en a qui n'arrêtent pas de parler. Et c'est fatigant.»