Le ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf : «Les transplantions d’organes sur donneurs décédés en deçà des besoins»

Publié par DK News le 02-05-2016, 17h42 | 91

Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a déploré hier à Alger, que l’activité de transplantation d’organes sur donneurs décédés en Algérie soit en deçà des besoins des nombreux malades, en attente de greffes.

S’exprimant à l’ouverture du séminaire international sur la "coordination hospitalière pour le prélèvement multi-organes" sur donneur décédé, le ministre a relevé qu’"en dépit des avancées enregistrées dans le domaine des transplantions d’organes, l’activité demeure en deçà des besoins exprimés par les nombreux malades, en attente de greffes".

Il a cité, à ce propos, les pathologies des insuffisances rénales et des insuffisances hépatiques, pour lesquelles les greffes effectuées jusque-là, sont essentiellement sur donneurs vivants.
Corroborant ses dires par des statistiques, M. Boudiaf a fait savoir que pour la greffe rénale, la moyenne annuelle tourne, au mieux, autour de 230 greffes, ce qui est "très peu comparativement aux demandes  éligibles potentielles", se comptant par plusieurs milliers.

"Cette situation montre les limites de la greffe à partir de donneurs vivants et indique de façon claire que la seule alternative est dans la mise en place d’un cadre organisationnel adéquat assurant le développement de la greffe d’organes, de tissus et de cellules à partir de donneurs en état de mort encéphalique",  a-t-il poursuivi.

Il a estimé qu’à ce titre, la situation des insuffisants rénaux chroniques "est édifiante, dans la mesure ou sur les quelques 23.000 patients actuellement dialysés ou en pré-dialyse, seul un tiers sont éligibles à la greffe", au regard de l’âge avancé du reste des malades.

Plaidant pour une "actualisation du cadre juridique régissant l’activité de greffe et organisant les conditions du prélèvement", M. Boudiaf a insisté également sur une coordination hospitalière qui permette "à tous les intervenants de maîtriser les codes et protocoles en la matière".
A ce propos, il a appelé à une "adaptation des urgences hospitalières pour une plus grande efficacité" de sorte à influer "positivement" sur les proches du donneur décédé potentiel, en les amenant à consentir au prélèvement.

Il a rappelé, dans ce cadre, l’expérience menée par le département qu’il dirige en 2002 et ayant révélé que la société "est favorable" au don d’organes, en même temps qu’elle a démontré "les freins qui limitent le développement du prélèvement à partir de donneurs décédés".
"Tous les services des urgences, et plus particulièrement ceux des centres agréés pour les prélèvements, doivent s’organiser pour que les équipements nécessaires au diagnostic de la mort encéphalique soient accessibles en H24", a-t-il insisté, notant que le donneur potentiel "peut se présenter à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit".

Dans le cadre du projet d’établissement, le ministre a insisté sur la mission incombant aux centres de prélèvement, à savoir "être en mesure d’assurer toutes les analyses biologiques nécessaires dans des délais médicalement acceptables".
Le développement de la greffe à partir de donneurs décédés "devra être le fait d’un véritable plan de développement", a-t-il également préconisé, soulignant qu’avec la mise en place de l’agence nationale des greffes,  les moyens sont "en passe d’être réunis pour assurer un démarrage effectif et pérenne" de cette activité.

La mise en place des banques de tissus ainsi que la mise sur pieds d’une logistique codifiée s’agissant du transport des organes, des receveurs ou la mobilisation des transplanteurs, font également partie de ces moyens, a noté le ministre, s’engageant à "accompagner durablement" l’agence des greffes par une stratégie de sensibilisation et de communication.

Abordant la dimension religieuse de la question, le ministre de la Santé a considéré que "contrairement à l’idée répandue, celle-ci ne pose aucun problème", arguant de ce que le Haut Conseil Islamique (HCI) ainsi que le fonds documentaire des institutions islamiques de référence "vont dans le sens de la promotion du prélèvement d’organes, se référant en cela à la position encourageante de Cheikh Hamani".

La rencontre d’aujourd’hui réunit des spécialistes dans le domaine des greffes d’organes venus de France, du Maroc et de Tunisie afin de partager leurs expériences et accompagner le ministère de la Santé dans sa démarche de développement de cette discipline.


La mise à la retraite des professeurs de CHU ayant atteint l'âge légal n'est pas "une sanction"

Le ministre de la Santé, de la population  et de la réforme hospitalière,  Abdelmalek Boudiaf, a affirmé hier à Alger  que la mise à la retraite des professeurs de CHU ayant atteint l'âge légal "n'est  pas une sanction".

Le ministre a précisé dans une déclaration à la presse en marge du séminaire  international sur la coordination hospitalière dans le prélèvement d'organes  sur des personnes en état de mort cérébrale, que la mise à la retraite des professeurs  de CHU ayant atteint l'âge légal "n'est pas une sanction" comme le prétendent  certains mais il s'agit d'"une décision qui s'inscrit dans le cadre des lois  en vigueur sur les plans national et international".

Le ministre a déploré le fait que des professeurs âgés de 65 ans s'accrochent  encore à leurs postes, affirmant que si un professeur est sollicité par un  service ou un établissement, il doit signer une convention avec le ministère  de la Santé pour pouvoir poursuivre son activité en tant qu'activité supplémentaire.  Il a affirmé que les professeurs mis à la retraite peuvent poursuivre  normalement leur activité pour l'encadrement pédagogique des thèses  ou le suivi des projets de la recherche scientifique ou encore se consacrer  à l'écriture.

S'agissant de ceux qui occupent des postes de chefs de services (165  professeurs), le ministre a précisé que la mise à retraite de ces derniers permettra  aux jeunes professeurs d'occuper les postes vacants, appelant les concernés  à ne pas considérer cette décision comme une sanction.  Selon le premier responsable du secteur, la décision de mise à la   retraite des professeurs de CHU intervient conformément aux lois en vigueur.

 

Nécessite de mettre au point un modèle algérien pour le prélèvement et greffe d'organes

Le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a estimé nécessaire hier à Alger, de mettre en place un modèle national de prélèvement et de greffe d'organes.
En marge du colloque international sur la coordination hospitalière en matière de prélèvement d'organes d'un mort en état encéphalique, M. Abdemalek Boudiaf a indiqué que l'Algérie s'apprêtait à réunir toutes les conditions pour le développement de cette opération qu'il qualifie de "grand chantier" auquel son département ministériel accordait un "intérêt particulier", insistant sur la nécessité de "mettre au point une approche nationale et un modèle propre à l'Algérie".

En vue de développer les opérations de prélèvement à partir d'un mort en état encéphalique et la poursuite des dons (souvent faits par les proches du malade), il a appelé les médias à élargir les campagnes de sensibilisation de la société aux fins d'ancrer cette culture à l'instar des pays pionniers en la matière.

Concernant la qualification des établissements hospitaliers, la mise en place des équipements nécessaires et la préparation des équipes médicales en charge de cette mission, M. Boudiaf a souligné l'importance de la coordination entre l'ensemble des intervenants pour "assurer le succès" des opérations de prélèvement et de greffe en Algérie.

Il existe actuellement 15 centres hospitalo-universitaires qui effectuent des opérations de greffe d'organes issus de dons dont 9 au centre du pays, 3 à l'ouest et autant à l'est. Il est prévu de rajouter deux autres centres hospitalo-universitaires de Sidi Bellabes et Sétif.