La pièce de théâtre électre présentée à Alger : Pari réussi par de jeunes comédiens

Publié par DK News le 03-05-2016, 19h44 | 35

La générale de la pièce de théâtre  Electre, une tragédie de la Grèce antique, a été présentée lundi à Alger, dans un pari difficile mais réussi par de jeunes comédiens ambitieux qui entendent se frotter davantage aux grandes œuvres.

Le public, peu nombreux présent à la salle Mustapha- Kateb du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi aura assisté, 70 mn durant, à une œuvre de référence dont la trame, pourtant bien ficelée, échappe à la logique humaine.

Mise en scène par Ahmed Khoudi (l’expérimenté), également enseignant à l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle (Ismas), Electre, œuvre du grand dramaturge grec, Sophocle, est née d’une adaptation de groupe que le metteur en scène a dirigée et à laquelle les comédiens ont été associés.

Véritable défi que de s’essayer à une pièce où les personnages, aux caractères complexes et aux sentiments contradictoires, sont difficiles, dans une £uvre où le sentiment de vengeance alimente la soif du châtiment qui ne trouve son salut que dans le crime.  

Huit rôles équitablement répartis entre les deux sexes, racontent l’histoire d’Electre, campée avec brio par Yasmine Feriek, obstinée de venger son père, Agamemnon, roi de Mycène, assassiné par sa femme Clytemnestre, rendue par Amina Bouziane Belhadj et son amant Egisthe, interprété par Achour Ramzi.  

Pour ce faire, Electre attendant le retour de son frère Oreste, incarné par Noureddine Kihal, doit d’abord convaincre sa sœur Chrysothémis, jouée par Amina Feriek qui, bien qu’elle dénonce le stratagème dont a été victime son père, n’adhère pas aux desseins scabreux d’Electre. La scène de délivrance, où justice sera rendue, intervient avec le double meurtre de Clytemnestre et d'Egisthe,  accompli en exodos (dernière partie de la tragédie grecque antique).

L’ensemble des comédiens, parmi lesquels également Antar Zaidi, Sahraoui Céline, et Younès Jouani, a porté le texte de manière remarquable, se donnant la réplique dans un rythme ascendant et soutenu.
Dans un décor colossal, fait de longs pantalons (rideaux) suggérant les piliers de la forteresse royale, sur lesquels étaient gravés les dieux grecs sur tout le pourtour de la scène, la scénographie a réussi à recréer le contexte des atmosphères graves que propose la trame.

De même pour l’éclairage, de vive intensité pour illustrer les émotions fortes contenues dans les dialogues et le jeu des comédiens qui ont occupé l’ensemble de l’espace scénique.
Yasmine Feriek, dans le rôle principal, s’est distinguée par sa justesse et sa force d’interprétation, se chargeant également, avec une voix suave du chant, originellement, œuvre du chœur grec, réduit à une seule voix par le metteur en scène.

Electre, spectacle métaphorique, de l’avis des spectateurs, pouvant être perçu comme  «le microcosme d’une société qui se déchire par la soif du pouvoir», a mis en avant la force de la loi qui punit le crime et tout contrevenant quelque soit son grade ou son rang social.
Remontant près de 2500 ans en arrière, Ahmed Khoudi a su servir le spectacle avec une conception pleine et  intelligente, rappelant les normes du 4e art et mettant au service de ses comédiens toute son expérience et son savoir faire.
La pièce de théâtre Electre est produite par le Théâtre régional d’Oum El-Bouaghi.