Brésil : Un nouveau président pour la Banque centrale sur fond de crise économique

Publié par DKNews le 17-05-2016, 19h29 | 53

Un nouveau président a été nommé hier à la tête de la Banque centrale du Brésil par le nouveau gouvernement, en place depuis jeudi, qui fera face au double défi de contrôler l'inflation mais sans aggraver pour autant la récession économique dans laquelle plonge le pays.

Ilan Goldfajn, le nouveau président est un économiste de renom en Brésil qui occupait jusqu'à présent le poste d'économiste en chef d'une banque privée.  Il était également directeur de politique économique de la Banque centrale de 2000 à 2003. Sa nomination par le nouveau ministre des Finances Henrique Meirelles a été attendu par les marchés financiers. 

Le poste de la présidence de la Banque centrale a été l'un des derniers postes clés qui restaient à attribuer dans l'équipe économique du gouvernement par intérim de Michel Temer, alors que le Brésil -qui s'apprête à accueillir les jeux olympiques (JO) 2016 dans moins de trois mois (5-12 aôut)- est en pleine récession.  L'actuel président, Alexandre Tombini reste toutefois dans ses fonctions jusqu'à l'approbation de la nomination de M. Goldfajn par le Sénat. 

M. Tombini a dans un communiqué affirmé que son successeur avait toute l'expérience et toutes les compétences pour le remplacer.  L'activité de la première économie d'Amérique latine s'est contractée de 3,8% l'an dernier et le FMI prévoit un recul du même ordre cette année ainsi qu'une croissance zéro en 2017.

L'inflation élevée contraint la Banque centrale à maintenir un taux directeur de 14,25%, l'un des plus élevés au monde, qui décourage les investisseurs.

Lors de son annonce de la nomination du nouveau président, le ministre brésilien des Finances a précisé que «l'autonomie de la Banque centrale n'est pas remise en question», en ce qui concerne la politique monétaire.

«Elle (la BC) a l'autonomie technique de décision.

Nous allons faire un diagnostic précis et correct pour prendre des mesures qui soient efficaces et définitives», a expliqué le ministre qui cherchera à relancer la croissance alors que le chômage frappe 11 millions de Brésiliens. 

Le gouvernement par intérim de Michel Temer enverra au parlement une proposition d'amendement à la Constitution pour formaliser l'autonomie de la Banque centrale «qui n'est aujourd'hui que tacite», a dit le membre du nouveau gouvernement.

M. Meirelles, pour qui la priorité est désormais de maîtriser la dépense publique, a déjà préparé les Brésiliens à des mesures «difficiles» pour affronter la grave crise économique : «indispensable» réforme du système des retraites déficitaire, augmentation temporaire des impôts «si nécessaire» et réforme du droit du travail.

M. Temer, 75 ans, a pris jeudi la présidence par intérim du Brésil après l'ouverture d'un procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff, 68 ans, pour «maquillage» des comptes publics, lors d'un vote du Sénat qui a mis fin à ses fonctions après 13 ans de règne. 

Mme Rousseff, dont le mandat se termine fin 2018, dénonce un «coup d'Etat» parlementaire.  Ecartée pour 180 jours dans l'attente de son jugement final par le Sénat, elle a annoncé qu'elle se battrait «jusqu'au bout pour revenir».