
Ils sont entre 25.000 et 35.000 alpinistes à tenter de gravir les 4.808 mètres du Mont-Blancchaque année. Néanmoins, un tiers d’entre eux grimperait le « toit de l’Europe occidentale » sous médicament, selon une étude publiée ce jeudi dans la revue PLOS One.
Les urines testées plus ou moins à l’insu des alpinistes
« Il y avait beaucoup de rumeurs sur la prise de médicaments par les alpinistes : pour se doper, pour augmenter leurs performances. Mais il n’y avait pas de données objectives sur la situation », a expliqué Paul Robach, chercheur en physiologie à l’Ecole nationale de ski et d’alpinisme (Ensa) de Chamonix, qui a donc choisi de changer la donne.
Dans la revue PLOS One, le scientifique explique avoir testé les urines plus ou moins à l’insu des alpinistes entre juin et septembre 2013. Ses deux dispositifs d’échantillonneurs automatiques fixés aux siphons des urinoirs avaient été placés au refuge du Goûter (3.845 m) et au refuge des Cosmiques (3.615 m).
430 échantillons anonymes prélevés
Des affiches prévenaient les prétendants à l’ascension que leur urine pouvait être prélevée et les chercheurs ont recueilli 430 échantillons anonymes. Les échantillons ont été analysés par des laboratoires agréés par l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Bilan : 35,8 % des urines testées contenaient un ou plusieurs médicaments pour tutoyer le Mont-Blanc. Et, dans de nombreux cas, ces substances étaient interdites par l’AMA.
Diurétiques et hypnotiques, médicaments les plus détectés
Prescrits pour lutter contre le mal aigu des montagnes, les diurétiques (qui augmentent la sécrétion urinaire) étaient les médicaments les plus détectés, ainsi que les hypnotiques (somnifères). Environ 13 % des candidats au Mont-Blanc avaient, quant à eux, absorbé des hypnotiques. « On pourrait se passer de la plupart de ces médicaments », signale pourtant Paul Robach, parlant d’une « béquille médicamenteuse pas forcément saine ».
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