Suisse : Vote sur la création d'un «revenu de base incondtinionnel» dans le pays

Publié par DK News le 05-06-2016, 15h48 | 26

Les Suisses votaient dimanche pour se prononcer sur la création d'un «revenu de base inconditionnel» pour salariés ou sans emploi, un projet qui suscite de vifs débats dans le pays, selon les médias.

Les Suisses s'expriment sur une initiative populaire d'un collectif se revendiquant «indépendant de tout parti ou groupement politique» et à l'origine d'une pétition ayant recueilli plus de 126 000 signatures. L'initiative populaire fédérale est un droit civique suisse permettant aux citoyens de soumettre une proposition à la votation populaire pour modifier la constitution.

Le texte de cette votation est minimaliste. Il propose d'introduire l'instauration d'un revenu de base inconditionnel» (RBI) pour «permettre à l'ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique», la loi réglant «notamment le financement et le montant du revenu de base», questions essentielles. «Le montant du RBI n'est volontairement pas fixé dans l'initiative, pour qu'il puisse être ajusté en fonction du coût de la vie ou augmenté», justifie Ralph Kundig, président de la branche suisse du réseau mondial Basic Income Earth Network (BIEN). L'initiative suggère toutefois une mensualité de 2 500 francs suisses par adulte (2 250 euros) et de 625 francs suisses (565 euros) pour les mineurs.

Cela nécessiterait un budget supplémentaire d'environ 25 milliards de francs suisses (22,6 milliards d'euros) par an, financé par de nouveaux impôts  ou taxes. En 2014, le salaire médian s'y élevait en effet à 6 189 francs (5 579 euros) et une proposition d'introduction d'un salaire minimum le fixait à 4 000 francs suisses par mois (3 600 euros). Selon les derniers sondages, la proposition, soumise par un groupe sans affiliation politique, a peu de chances de passer.  En 2012, les Suisses avaient déjà refusé de porter leurs congés payés de 4 à 6 semaines, craignant une baisse de leur compétitivité.

Dans la plupart des cantons, les bureaux de vote ont ouvert à 10h00 (08h00 GMT) et devaient fermer à midi, car une large partie des électeurs suisses préfèrent voter par correspondance. A Genève par exemple, 47,4% des inscrits avaient déjà déposé leur bulletin samedi soir, selon le service régional des élections. «C'est un rêve qui existe depuis longtemps», mais qui est devenu «indispensable» face au chômage élevé provoqué par la robotisation croissante, explique à l'AFP l'un des pères de l'initiative, Ralph Kundig. Le gouvernement et la plupart des partis politiques dénoncent un projet utopique et trop coûteux.

«C'est un vieux rêve, un peu marxiste. Pleins de bons sentiments irréfutables mais sans réflexion économique», déclare le directeur du Centre international d'études monétaires et bancaires à Genève, Charles Wyplosz. Selon lui, si le lien entre la rémunération et le travail est coupé, «les gens en feront moins». «L'idée est noble, mais je ne pense pas que notre société puisse se le permettre aujourd'hui», estime Stéphane Szeless, fonctionnaire. Selon le dernier sondage réalisé par l'institut gfs.bern, 71% des Suisses devraient voter non.  Parmi les autres sujets soumis au vote dimanche figurent l'accélération des procédures d'asile et l'autorisation du diagnostic préimplantatoire.

Concernant l'asile, la nouvelle loi propose d'accélérer les procédures, dont une grande partie devront être achevées en 140 jours maximum. Elle est soutenue par 60% des votants, si l'on en croit le sondage gfs.bern. Les opposants au projet dénoncent pour leur part la mise à disposition d'une aide juridique gratuite pour les migrants, alors que les Suisses n'y ont pas droit, et la simplification de la procédure d'approbation prévue pour l'ouverture des centres d'asile fédéraux.