Islam en France : Le Ramadhan, un temps de méditation

Publié par Cherbal E-M le 08-06-2016, 11h30 | 30

A l’instar de beaucoup d’autres régions du monde,  la communauté musulmane de France entame aujourd’hui le mois de Ramadhan dans un contexte tout à fait particulier à ce pays, encore sous les stigmates des violences terroristes qui l’ont secoué en novembre et janvier derniers.  

« Réuni dimanche à la Grande Mosquée de Paris ‘’en présence de dignitaires religieux et de représentants de fédérations musulmanes’’, le CFCM a fixé au 6 juin le ‘’premier jour du mois  sacré du ramadhan pour l’an 1437 de l’Hégire’’ », lit-on sur le site du quotidien lemonde.fr qui, à l’instar de nombreux autres titres et médias français consacre une large  place à ce pilier de la religion musulmane et à la vie de la communauté musulmane de France durant ce mois de jeune.

C’es également l’occasion pour certains, en France de renouer avec des amalgames savamment distillés par certains cercles polémiques et médiatiques en France, en vue de maintenir une confusion entre la pratique religieuse des musulmans de France  avec  les violences terroristes commises au nom de l’Islam.

Après les polémiques successives sur l’occupation des espaces pendant la prière et l’envie hystérique de certains politiques, et de leurs relais médiatiques, mus par la haine, d’en ‘’découdre’’ avec les foules de musulmans priant sur les trottoirs et places publiques,   ce fut au tour des crèches scolaires sommées par ces mêmes cercles de servir des repas ‘’laïques’’ à leurs chérubins, et de s’abstenir de donner des repas certifiés ‘’halal’’ aux enfants de confession musulmanes.

La mesure de l’islamophobie en France est un indicateur révélateur  de ce ‘’mal être’’ qui  gagne la communauté musulmane de France en proie à une image des plus négatives, nourrie par les courants politico-médiatiques souvent tentés par le raccourci de la désignation de ‘’l’autre’’ comme source des problèmes socioéconomiques des Français. Interrogé par le site du journal français lexperss.com, sur la mesure de l’islamophobie en France, Marwan Mohammed, sociologue, chargé de recherche au CNRS, évoque  les enquêtes d’opinion comme instrument de mesure, expliquant que même si elles « ont leurs limites, elles pointent un mouvement durable de dégradation de l'image des musulmans, y compris à travers des opinions négatives sur des actes rituels (comme la pratique du ramadan) qui ne provoquaient pas autant de rejet il y a encore une dizaine d'années. »

De son côté le site du quotidien gratuit 20minutes.fr a interrogé le président du Conseil Français de Cule Musulman (CFCM), sur les explications à donner au fait, selon une enquête d’opinion datée de 2011,   « que 71% des musulmans de France faisaient le ramadan, contre 60% 25 ans plus tôt ».

Pour Monsieur Anouar Kbibech, patron du CFCM,  « aujourd'hui en France, le pourcentage de musulmans qui respectent le jeûne se situe aux alentours de 75-80%.

C'est une pratique qui se généralise, et qui est de plus en plus respectée scrupuleusement.» Pour sa part, Smay Debbah, président du Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF), interrogé par l’hebdomadaire l’Express, dans une de ses éditions de janvier dernier, revient sur le contexte général de la société française qu’il résume ainsi :  « Lorsque vous interrogez les citoyens de confession musulmane, ils pointent trois peurs, parfois quatre: la peur des attentats, celle des représailles islamophobes qu'elles soient violentes et explicites ou bien plus discrètes, peu détectables, la peur de l'avenir ainsi que, pour certains parents, la peur que leurs enfants soient la cible du discours "djihadiste". Ce n'est pas la sérénité qui domine », affirme-t-il. 

CEM