Nigeria : Amnesty dénonce le meurtre de dix personnes avant et pendant une manifestation

Publié par DK News le 10-06-2016, 14h33 | 22

  Amnesty International a dénoncé vendredi l'exécution  le mois dernier, par les forces de l'ordre nigérianes, de dix personnes avant et pendant une manifestation du mouvement Peuple indigène du Biafra (IPOB).

 Selon la police, 10 personnes ont été tuées -- cinq dans la ville d'Onitsha, dans l'Etat d'Anambra, et cinq dans la ville d'Asaba, dans l'Etat voisin de Delta, dans le sud-est du Nigeria -- au cours de violences liées à ces commémorations, lundi 30 mai.  Le mouvement Peuple indigène du Biafra (IPOB), un groupe indépendantiste à l'origine des commémorations du début de la guerre civile du Biafra, soutien de son côté qu'au moins 35 de ses membres ont été tués à Onitsha.

Au cours de visites dans des hôpitaux et des morgues, Amnesty a établi un bilan de 17 morts et 50 blessés à Onitsha, mais «le chiffre réel est sans doute plus important», prévient l'organisation de défense des droits de l'homme dans un communiqué. Aussi, certains morts et des blessés ont reçu une balle dans le dos, ce qui indique qu'ils étaient en train de fuir au moment où ils ont été atteints, précise Amnesty. «Ouvrir le feu sur des sympathisants de l'IPOB, qui ne représentaient une menace pour personne, démontre d'un usage scandaleux, excessif et inutile de la force», a estimé le directeur d'Amnesty pour le Nigera, MK Ibrahim.

 Une personne a même été tuée dans son sommeil, a-t-il ajouté. L'IPOB a organisé de nombreuses manifestations à travers le sud-est du Nigeria depuis l'arrestation de son chef, Nnamdi Kanu, en octobre, pour «trahison». Il est toujours en détention, dans l'attente d'un procès. Lors des manifestations du 30 mai, les sympathisants de l'IPOB commémoraient le 49e anniversaire de la déclaration d'indépendance du Bifra, qui a conduit à cette guerre où près d'un million de personnes ont péri en trois ans. Amnesty dit avoir parlé à 32 témoins oculaires à Onitsha.

 L'organisation ajoute n'avoir recueilli «aucune preuve» que les exécutions des forces de l'ordre ont été réalisées en état de légitime défense. La police avait affirmé par ailleur avoir ouvert le feu en réponse à des coups de feu tirés par les membres de l'IPOB, et que deux policiers avaient même été tués à Asaba. L'IPOB maintient, de son côté, que les manifestants n'étaient pas armés. Le rapport d'Amnesty fait écho aux accusations de l'IPOB contre les forces de l'ordre, lors de précédentes manifestations, entre novembre et février.