
Les forces du gouvernement d'union en Libye continuaient leur avancée lundi dans Syrte pour éliminer les éléments du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) retranchés dans les quartiers centre de la ville portuaire, selon des sources concordantes.
Un mois après le début de l'offensive lancée par le gouvernement d'union libyen (GNA) contre Daech, les terroristes se retrouvent désormais pris au piège et retranchés dans des quartiers du centre de Syrte, selon les mêmes sources. Après avoir rapidement progressé dans leur offensive pour reprendre cette ville du centre-nord, les forces loyales au gouvernement d'union peinent depuis dimanche à avancer dans la zone résidentielle où sont retranchés les terroristes, selon les médias citant des témoins.
Soutenues dans leur opération par l'«aviation et l'artillerie lourde», les troupes du GNA se trouvent désormais aux entrées de cette zone de 5 km2 qu'elles assiègent et qui s'étend du centre de la ville côtière jusqu'à la mer, au nord. Selon un porte-parole des forces des opérations aériennes d'urgence, du Conseil présidentiel libyen, Mokhtar Fekroun, les forces aériennes ont effectué «150 frappes» sur des positions de Daech dans la ville de Syrte, depuis l'attaque sur la région d'Abou Ghrine dans l'ouest du pays en mai dernier.
L'opération contre l'EI est placée par le gouvernement d'union sous un commandement conjoint basé à Misrata, à 200 km à l'ouest de Tripoli, à mi-distanc entre la capitale libyenne et Syrte. Elle est menée par des forces libyennes fortement armées implantées dans plusieurs villes de l'ouest, principalement celles de Misrata. Prenent également part à l'offensive antiterroristes à partir de l'est du pays, les unités des Gardes des installations pétrolières dirigées par Ibrahim al-Jodrane, qui ont réussi à reprendre plusieurs secteurs à l'EI sur leur chemin vers Syrte.
Selon le porte-parole de ces forces qui contrôlent les principaux ports pétroliers, dont ceux de Ras Lanouf et Al-Sedra, elles s'apprêtent à prendre d'assaut Syrte à partir de l'est. Ces forces, qui avaient repoussé en janvier une offensive d'envergure de l'EI pour s'emparer des ports pétroliers, sont formées de membres de tribus locales. Elles ont rallié le GNA.
A mi-chemin entre Tripoli et Benghazi, 300 km séparent Syrte des rives européennes et 242 km de Misrata à l'ouest, d'où sont partis la majorité des forces du GNA il y a un mois pour reprendre aux terroristes leur fief. Sa proximité avec la zone du «croissant pétrolier» plus à l'est a donné des visées expansionnistes aux membres de l'EI, qui tentent de contrôler les terminaux et ports pétroliers.
Dans leur offensive, les forces du gouvernement d'union se déplacent «avec prudence» face aux terroristes «sur les toits» et aux «engins explosifs disséminés», que ce soit dans les rues ou en entrant dans les maisons dans lesquelles se cachent parfois les terroristes, a rapporté un corresponsat de l'AFP.
Les terroristes «ont recours aux attaques suicide, lancent des kamikazes à partir des quartiers résidentiels pour aller se faire exploser contre les forces libyennes» qui les combattent. Dimanche, trois attentats à la voiture piégée ont fait un mort et quatre blessés parmi les forces loyalistes. Après ces attaques, une unité des forces du GNA a tenté une incursio dans la zone depuis l'ouest mais a dû se retirer après de violents combats avec les éléments de Daech, selon la même source.
Quatre corps de terroristes «en tenue militaire» ont été tués pendant les affrontements dans le secteur, affirment les forces du gouvernement d'union. Un membre des troupes gouvernementales a lui été blessépar un «tir de franc-tireur» «Nous allons continuer à avancer malgré les difficultés», a lancé l'un des combattants pro-GNA cité par l'AFP. Selon les médias, l'un des principaux objectifs de Daech à Syrte est le centre de conférence Ouagadougou, utilisé par le groupe terroriste comme une sorte de «centre de commandement».
C'est dans ses bâtiments que les terroristes sont aujourd'hui pris «en étau» à mesure que les forces du GNA progressent, affirme-t-on de sources médiatiques. Il y aurait en Libye quelque 5.000 terroristes de l'EI, selon des responsables américains, et la grande majorité d'entre eux, dont de nombreux étrangers, seraient à Syrte, occupée par l'EI en juin 2015. La ville comptait 120.000 habitants avant sa prise par l'EI mais 75% d'entre eux ont réussi à fuir. Il y resterait quelque 30.000 civils dans cette ville portuaire où Daech a commis des atrocités, dont des meurtres sur la place publique.
La lutte contre l'EI a été lancée avec une offensive de grande envergure après l'installation à Tripoli le 30 mars du gouvernement d'union dirigé par Fayez al-Sarraj, qui, reconnu par la communauté internationale comme la seule autorité légitime, a progressivement reçu le soutien des milices. Avant de parvenir à Syrte à partir de plusieurs axes et d'y entrer le, 8 juin, les forces du GNA ont reconquis plusieurs localités, casernes et installations aux terroristes.
Le port de Syrte, son aéroport international, une importante base aérienne et un hôpital ont été également repris ces derniers jours. Les terroristes se sont implantés en Libye fin 2014 en profitant du chaos politique et sécuritaire ayant suivi les évènements de 2011 dans le pays.