«Former à la culture de la solidarité, de la paix et de la gestion des conflits»

Publié par O. Larbi le 30-03-2014, 19h54 | 44

De retour de Ghardaïa et de sa région, la toute nouvelle première responsable du Croissant-Rouge Algérien (élue le 11 mars) prend appui sur les résultats de ses contacts dans cette cité meurtrie par des événements que nul ne pressentait : « A Beni Isguen, Berriane et Atteuf, dans les quartiers de Ghardaïa, à Metlili, le discours est celui de la paix, de la cohabitation, de l’entente. 

«Je dirai simplement : quand une partie du corps est touchée, c’est tout le corps qui doit être protégé. C’est ainsi que Ghardaïa doit devenir l’exemple concret de la culture, de la solidarité car il faut rétablir la confiance, panser les plaies et justement réparer les pertes, parfois considérables, de certains. »

Saïda Benhabylès est une femme volontaire, une «battante» : elle a créé l’association féminine de solidarité avec les femmes rurales à partir de Ouargla : «C’est au volontariat pour la révolution agraire que j’ai mesuré l’écart entre les citadins algérois et l’Algérie profonde. A Ouargla, il n’y avait ni CEM, ni lycée, les écoliers étaient scolarisés dans deux écoles : une pour les garçons et une pour les filles. J’ai donc décidé d’y enseigner et d’agir pour que les choses changent. »

Au Sommet mondial des femmes de Pékin en 1995, Saïda Benhabylès a proposé que la femme rurale soit célébrée : c’est sur cette proposition que la journée mondiale de la femme rurale est fixée au 15 octobre de chaque année : «En 1996, le 15 octobre, 300 femmes de Taher se sont réunies. Les plus jeunes peuvent ignorer ce que cela signifie, mais cela a eu un retentissement national et international extraordinaire. »
Faut-il rappeler les actions de madame Benhabylès en faveur du peuple palestinien et sa tentative de briser le blocus israélien de Ghaza ?

Rénovation du C-RA

« Le C-RA est indépendant, apolitique et neutre. C’est l’instrument à travers lequel les pouvoirs publics concrétisent leur politique humanitaire au plan national et international. Le C-RA n’est pas une œuvre de bienfaisance, une société caritative qui attend les catastrophes pour atténuer les maux qu’elles laissent. C’est un espace où se concrétisent 3 cultures : celle de la solidarité, de la paix et de la gestion des conflits. Dans ces 3 domaines, il y a un déficit de formation, non pas seulement au niveau du C-RA mais dans toute la société. Nous pensons que ces trois piliers sont de nature à créer un lien social très fort. Notre credo fondamental : «La main dans la main ; non la main tendue» ! 

Durant toutes ses interventions, Mme Benhabylès a utilisé le «nous» de la multitude, car «chaque citoyen peut apporter un plus au C-RA. Nous avons reçu depuis le 11 mars des messages encourageants et d’engagement à contribuer à l’action collective du C-RA. 
Parmi ces manifestations, le testament d’une dame d’origine algérienne décédée à Créteil fait mention d’un  don au C-RA. »

Interrogée sur la prise en charge des Maliens et autres citoyens d’autres nations, elle affirme que «les personnes vivant en Algérie depuis que leurs pays respectifs connaissent des difficultés sont considérées juridiquement comme des personnes déplacées et non réfugiées. Nous respectons leurs valeurs et la dignité humaine dans nos interventions. S’agissant des citoyens syriens, ils ont tous les droits de se déplacer, leurs enfants sont scolarisés et certains sont même inscrits à l’université.» «Le C-RA doit retrouver la confiance de ses bénévoles et des citoyens. A cet effet, un inventaire détaillé sera établi, un état des lieux également. 

«Nous avons 5 milliardsde dettes»

Saïda Benhabylès compte sur les médias pour aider le C-RA à œuvrer en tissant des liens de plus en plus solides avec la société. Il est peut-être utile de rappeler que l’école algérienne avait comme principe  la culture de la solidarité et de la paix.