Vie politique en France : Foire à la primaire de droite

Publié par Cherbal E.-M. le 17-06-2016, 17h20 | 56

Longtemps respecté, vénéré et même  craint,  Nicolas Sarkozy, l’ancien Président français,  présentement patron de l’opposition de droite n’effraie plus personne, même pas dans le premier cercle de ses fidèles lieutenants. Ils sont en effet quatorze, si on le compte lui aussi qui fait campagne sans s’être encore déclaré, à avoir osé défier l’ancien président en se présentant à la primaire de droite prévue l’automne prochain.

La chose aurait pu paraître comme un signe de vitalité de la droite française, si parmi cette liste ne figurait pas moins de quatre anciens ‘’sarkozystes invétérés’’, qui semblent ainsi avoir définitivement tourné la veste,  et en même temps le  dos à l’ancien président.
Dernier candidat à avoir officialisé sa candidature, Henri Guaino, compagnon de longue date de Sarkozy, connu comme ‘’la plume de Sarkozy’’, a surpris beaucoup de monde tant à droite qu’à gauche en raison d’une opposition viscérale, déclarée il y a à peine quelques temps contre la primaire. Sans compter cette assertion répétée le 17 avril 2015 : « Je soutiendrai Nicolas Sarkozy à la primaire, vu notre histoire. »

Approché par un journaliste du quotidien Le Parisien, en février dernier, l’élu des Yvelines, parachuté par Sarkozy, disait déjà tout le mal qu’il pensait des hommes politiques de son camp : « de Jean-François Copé ‘’qui n'a aucune chance’’  à Nicolas Sarkozy dont il ne comprend  ‘’décidément pas la stratégie’’. En passant bien sûr par Alain Juppé et son ‘’insupportable arrogance’’ », écrit le journal parisien, ajoutant cette question de Guaino : « Et qui parle des valeurs du gaullisme pendant ce temps-là? Personne ! Ils n'ont rien compris ».

Sauf que le ‘’gaullisme’’ d’antan auquel se réfère  Guaino ne semble plus de mise avec une France en proie à des difficultés économiques, à une contrainte sécuritaire et à des troubles sociaux de plus en plus audibles. Ce qui autorise le commentateur du site de la radio   française rtl.fr à se poser la question « de savoir si la candidature d'Henri Guaino n'a pas un petit parfum de nostalgie ?».

Le point commun de beaucoup des candidats à la primaire de droite est, en effet cette revendication d’un ‘’gaullisme’’ à réincarner  dont se réclament certains des anciens fidèles de Sarkozy, à l’image de Guaino partisan d’un ‘’gaullisme social’’  ou de Nadine Morano, faite ministre  par Sarkozy et qui veut jouer sur le terrain de la ‘’France de race blanche’’, chère au premier président de la Ve République. Elle aussi ressassait il y a peu n’avoir jamais caché son opposition «contre le système de la primaire, qui est un peu un suffrage censitaire».

Une autre grosse pointure de la Sarkozie,  Michel Alliot Marie qui a défilé dans plusieurs portefeuilles ministériels de souveraineté sous l’ère Sarkozy, ne fait rien pour cacher ses velléités de rejoindre le convoi. «Celle qui est passée par tous les maroquins ministériels les plus prestigieux voudraient officialiser sa démarche en étant certaine d'avoir suffisamment de parrainages de parlementaires », souligne le site du quotidien français lefigaro.fr  qui voit que  cela « semble loin d'être acquis, la concurrence des autres gaullistes n'aidant pas. »

Resté fidèle au président de Les Républicains, le député de l’Oise  Edouard Courtial, voit  ces ‘’renégats de la Sarkozie’’ comme  «des ambitieux. L'attrait de la lumière les fait trahir celui qui les a aidés », déclare-t-il sur le site leparisien.fr.

De l’avis de nombreux observateurs, ces candidats autoproclamés semblent disposer de peu de chances de tenir la course, à commencer par le nombre de parrainages parlementaires qui semblent déjà constituer un facteur rédhibitoire pour beaucoup d’entre eux. Mais, à en croire un parlementaire avisé des péripéties de la droite française, il faut chercher les motivations ailleurs : « La primaire à gauche a perverti les esprits. Ils ont tous en tête que celui qui a réalisé un tout petit score (ndlr : Manuel Valls, qui avait obtenu 5,6 % à la primaire du PS en 2011) est devenu Premier ministre » opine-t-il sur le site leparisien.fr.