Houda-Imane Faraoun dans un entretien à l’APS : Restriction d'accès aux réseaux sociaux : Protéger les candidats contre les tentatives de déstabilisation

Publié par dknews le 21-06-2016, 13h50 | 58

Question : Des perturbations sont enregistrées depuis la veille du BAC sur le réseau Internet, touchant principalement les réseaux sociaux. De quoi s’agit-il exactement ?

Réponse : Dans l’objectif de protéger nos candidats au Baccalauréat contre les tentatives de déstabilisation via de faux sujets et des rumeurs malveillantes, nous avons procédé, en relation avec l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunication ainsi que l’ensemble des Opérateurs de Télécommunication, à la restriction de l’accès aux principaux réseaux sociaux pendant des horaires limités liés à ces examens. Il faut dire que ces mesures ont permis l’avortement, de tentatives criminelles et qui visaient à mettre en péril le devenir des milliers de candidats au baccalauréat.

Je comprends parfaitement qu’être privé des réseaux sociaux pendant quelques heures soit une source de désagrément, notamment dans une société dynamique composée d’une majorité de jeunes portés sur les TIC, comme la notre, mais je pense que le devenir de nos enfants et concitoyens candidats au BAC, nous oblige à faire le sacrifice et à céder un peu de notre bien-être personnel pour contribuer au bon devenir de toute la société. Je suis sûre qu’en dépit des réactions compréhensibles de certains mécontents de nos concitoyens, les Algériens connus pour leurs sens de la citoyenneté et de la responsabilité, qui se révoltent contre la fraude, qui souhaitent voir nos enfants à l’abri de toute surenchère, qui militent pour l’égalité des chances entre candidats, sont satisfaits de ces mesures, et acceptent dans la bonne humeur d’être privés quelques heures du loisir de surfer sur Facebook ou autre.

Concernant les candidats du baccalauréat, j’ai personnellement toujours eu et je continue à avoir confiance dans notre jeunesse, qui s’est toujours montrée capable de relever les défis les plus ardus. Je pense, par ailleurs, que ce phénomène de fraude en utilisant internet n’a fait que donner des dimensions démesurées par effet de propagande en ligne, aux faits d’une petite minorité non représentative. Comme je saisis cette opportunité pour dire qu’il nous incombe à tous, notamment les pouvoirs publics, la société civile, les familles, les parents d’élèves, les médias… de travailler ensemble pour garantir que le travail de nos enfants puisse se faire dans la sérénité et les encourager à doubler d’efforts pour mériter le passage à la vie universitaire, car c’est eux la fierté, l’espoir et l’avenir de notre nation et le garant de son existence.

 

Question : Combien de temps va durer cette perturbation qui affecte beaucoup les internautes et les entreprises qui utilisent internet comme outil de travail ? Y-a-t-il des moyens pour les compenser ?

Réponse : Tout d’abord, il ne s’agit pas de coupure, car nous avons seulement réduit le trafic et ce juste pendant la première moitié du premier examen, afin de déjouer les desseins de certains groupuscules qui activent pour perturber le déroulement des épreuves. Le blocage pendant la nuit ne concernait que les réseaux sociaux. Je dois rappeler, à ce titre, que rien n’est plus important que l’avenir de nos enfants, eux-mêmes avenir de notre pays. Le Gouvernement a toute latitude à prendre des mesures conservatoires pour des situations d’urgence, tant que l’intérêt public l’exige.

Question : Certains experts disent que l’Algérie a marqué une première du genre : bloquer les réseaux sociaux c’est du jamais vu ailleurs !

Réponse : Il faut dire que l’Algérie ne fait pas exception, car il y a eu des restrictions de certains réseaux sociaux dans d’autres pays pour diverses raisons y compris celles liées au baccalauréat. Il faut rajouter que les réseaux sociaux ne sont qu’une partie de ce qu’on appelle les applications OTT (Over The Top). Il s’agit d’applications qui utilisent les réseaux déployés par les opérateurs de télécommunications, à des fins commerciales et sans contrepartie pour ceux-là, aboutissant à la saturation de la bande passante en plus de la concurrence sur le segment de la voie pour les propriétaires mêmes des réseaux. La problématique de leur existence fut l’objet de batailles entre opérateurs de télécommunication, sociétés civiles, et opérateurs OTT dans la quasi-totalité des pays européens, américains et certains pays asiatiques. Il s’agit en l’occurrence de la remise en question du principe de la neutralité du net. Divers pays ont autorisé leurs opérateurs de télécommunication à bloquer temporairement ou définitivement les OTT, voir même à négocier avec ceux-là les conditions tarifaires du maintien du service.

Question : Pour ces mêmes experts, le blocage n’est pas efficace, du moment que les internautes accèdent via les VPN ?

Réponse : Le blocage des VPN qui sont des réseaux virtuels privés, donc cryptés, se fait moyennant le filtrage de tout le trafic crypté, et nuirait donc sérieusement aux échanges internet non incriminés notamment les courriers électroniques. Nous avons donc préféré surseoir à ce mode de blocage. Toutefois, il faut reconnaitre que cette machination qui a visé à généraliser entre les jeunes l’usage du VPN dépasse de loin le stade des simples fraudeurs ordinaires, d’ailleurs des mesures sévères seront prises à l’encontre des fraudeurs utilisant ces techniques ainsi que les artisans de cette machination.

Par ailleurs, je regrette le fait de voir des médias inciter les jeunes à en faire usage. Je dois également préciser que l’usage de proxy pour contourner le blocage est hautement préjudiciable à l’intégrité des données personnelles stockées sur leurs ordinateurs ou smartphones.