Crise au Yémen : M. Ban à Koweït pour la relance des négociations de paix entre le gouvernement et les rebelles houthis

Publié par DK News le 26-06-2016, 15h40 | 37

Une rencontre entre le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon et les protagonistes du conflit au Yémen doit se tenir dimanche à Koweït pour relancer les négociations au statu quo depuis avril dernier en vue d'un accord de paix avec conditions préalables, un chef d'Etat «consensuel» pour les rebelles et «remise des armes» pour le gouvernement.

Le chef de l'ONU doit s'entretenir avec l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, et d'autres hauts responsables de ce pays, avant de rencontrer les représentants des Houthis, et la délégation du gouvernement yéménite ap uyé par une alliance conduite par l'Arabie saoudite, selon un porte-parole de l'ONU.

 Cette visite intervient une semaine après l'annonce par le médiateur de l'ONU au Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, de relancer les efforts diplomatiques afin d'aboutir à un accord de paix entre les parties en conflit. Le médiateur de l'ONU, a indiqué que les pourparlers de Koweït continuaient d'achopper essentiellement sur «le délai prévu et l'articulation entre les différentes mesures» contenues dans ses propositions aux négociateurs.

En effet, le plan de paix de l'ONU remis par le médiateur aux représentants Houthis, propose des arrangements de sécurité conformément à la résolution 2216 du Conseil de sécurité et un gouvernement d'union nationale. Cette résolution prévoit le retrait des rebelles des zones qu'ils contrôlent depuis 2014, la restitution des armes et la remise des institutions de l'Etat au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale. Néanmoins, les rebelles qui contrôlent de larges territoires au Yémen dont la capitale Sanaa, avaient fait mercredi part de leur exigence pour un règlement du conflit, rejetant ainsi la Feuille de route présentée par le médiateur de l'ONU.

Les protagonistes posent leurs conditions

Une demande à un consensus sur les principales questions relatives à une transition au Yémen, a été faite mercredi par les représentants des rebelles Houthis au lendemain de l'annonce par le médiateur de l'ONU d'une prochaine Feuille de route pour un règlement du conflit après deux mois de pourparlers de paix à Koweït. En tête de ces questions, les rebelles avaient insisté sur le choix d'un «président consensuel» pour diriger la transition dans le pays et un gouvernement d'union nationale avant tout accord sur des arrangements militaires et de sécurité. Or, le gouvernement souligne que M. Hadi est le président légitime du Yémen et qu'à ce titre il dirigera la transition politique après la conclusion d'un accord de paix.

Pour le gouvernement yéménite tout accord de paix au Yémen est lié au retrait des rebelles houthis des territoires qu'ils contrôlent et à la remise des armes qu'ils ont saisies à l'Etat. «On ne peut pas discuter d'arrangements politiques avant que les milice  (des Houthis) se retirent, restituent les armes et remettent les institutions de l'Etat au gouvernement légitime», déclare dans un communiqué la délégation gouvernementale aux pourparlers. «Tout futur partenariat politique doit se faire entre des partis et des groupes politiques ne disposant pas de milices», ajoute la délégation, en réponse à un plan de paix du médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. La délégation gouvernementale affirme que «rien n'est encore convenu», deux mois après le début des pourparlers à Koweït, et accuse les rebelles et leurs alliés d'entraver un accord.

Situation alimentaire préoccupante

Plusieurs responsables de l'ONU chargés de l'alimentation, ont tiré la sonnette d'alarme face à l'insécurité alimentaire qui s'aggrave au Yémen, où plus de 70% de la population peine à se nourrir. «Il s'agit de l'une des pires crises au monde et cela continue d'empirer», a insisté Jamie McGoldrick, coordinateur humanitaire de l'ONU au Yémen. Face à cette situation, le médiateur de l'ONU, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a souligné la nécessité de progresser plus vite car le Yémen connait «une grave détérioration des conditions de vie de la population», avec un risque de «catastrophe humanitaire».

Il a également fait part à la délégation houthie à Koweït de sa «vive indignation» après la progression mardi des rebelles vers la base aérienne stratégique d'Al-Anad (sud-ouest) tenue par la coalition arabe, estimant que cela pouvait compromettre les pourparlers» de paix à Koweït. Le conflit a fait plus de 6.400 morts et 30.000 blessés depuis l'intervention de la coalition arabe en mars 2015. Les combats ont sérieusement affecté les civils et provoqué, selon des ONG, une «catastrophe humanitaire».