Les antibiotiques pédiatriques favorisent le pré-diabète

Publié par topasnté le 29-06-2016, 15h12 | 36

Les jeunes enfants qui prennent des antibiotiques (susceptibles de perturber l'écosystème microbien de leur intestin) seront plus sujets à développer un pré-diabète à l'adolescence, selon les résultats d' une étude présentée à la réunion annuelle de l'Endocrine Society .

Les chercheurs de l'Ecole de médecine d'Athènes en Grèce ont analysé les échantillons fécaux de 10 adolescents prédiabétiques et ceux de 14 témoins sains. Les participants à l'étude prédiabétiques ont déclaré avoir pris des antibiotiques trois fois par an au moment où ils étaient âgés de 3 ans.

Les antibiotiques détruisent la flore intestinale
Les scientifiques ont observé que les participants pré-diabétiques ont pris en moyenne 3 fois des antibiotiques, durant leur petite enfance, soit de la naissance à l'âge de 3 ans,
Ces adolescents sont 8,5 fois plus susceptibles d'avoir pris des antibiotiques de la naissance à l'âge de 3 ans. Ils sont 1,75 fois plus susceptibles d'avoir des antécédents familiaux de maladies auto-immunes comparés au groupe témoin.

Cette étude a montré que les participants pré-diabétiques présentent en particulier, un nombre réduit d'unités formant colonie d'espèce Ruminococcush par gramme de selles. Or les espèces Ruminococcus nourrissent les bactéries bénéfiques de l'intestin. Leur épuisement conduit à des changements défavorables dans le microbiote qui peuvent expliquer le développement du prédiabète .
«La prise accrue d'antibiotiques jusqu'à l'âge de 3 ans semble diminuer les microbes intestinaux bénéfiques et altérer l'absorption des nutriments et l'équilibre métabolique. Ce qui peut conduire au prédiabète , un stade précoce associé à un risque élevé de diabète de type 2 », explique le Dr Charikleia Stefanaki, chercheur en endocrinologie pédiatrique, à l'Université d'Athènes.

«Les antibiotiques doivent être administrés uniquement lorsque c'est vraiment indiqué," explique Charikleia Stefanaki. «Le microbiote est un organe délicat souvent négligé par la communauté médicale qui produit des vitamines, des hormones et des micronutriments, interagit avec le système nerveux de l'intestin, et influe sur la réponse immunitaire de l'intestin », conclut le chercheur.

Antibiotiques : on en prescrit encore inutilement aux enfants

Les ordonnances d'antibiotiques pour les enfants ne baissent pas, même si elles sont inappropriées, selon une nouvelle étude scientifique américaine. Une prescription sur deux est en effet inutile.
Les enfants sont encore trop souvent et inutilement traités avec des antibiotiques, selon les résultats d'une nouvelle étude publiée dans la revue médicale Pediatrics. Ces prescriptions inefficaces restent stables d'année en année malgré les recommandations des autorités de santé publique et deviennent un vrai problème.

Les chercheurs de l'hôpital pour enfants de Seattle (Etat de Washington, Etats-Unis) ont mené une méta-analyse sur des études réalisées entre 2000 et 2011 sur la prescription en ORL d'antibiotiques aux enfants.

Les scientifiques ont constaté que les infections aiguës des oreilles ou des voies respiratoires étaient bactériennes dans 27% des cas. Pourtant, les médecins ont prescrit des antibiotiques dans 57 % des consultations. Or, lorsque les infections sont virales, les antibiotiques sont inefficaces. Ils ont aussi remarqué que malgré les recommandations des pouvoirs publics, les ordonnances d'antibiotiques sont toujours autant prescrites par les médecins.

"Chaque fois que les antibiotiques sont utilisés dans n'importe quel contexte, les bactéries évoluent pour développer une résistance. Ce processus peut se produire à un rythme alarmant", a déclaré Steve Solomon, directeur des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies américains (CDC). "Ces médicaments sont une ressource précieuse et limitée, le plus nous utilisons des antibiotiques aujourd'hui, moins nous sommes susceptibles d'avoir des antibiotiques efficaces demain". La résistance aux antibiotiques tue 23 000 personnes aux Etats-Unis et coûtent à la collectivité 35 milliards de dollars.

La résistance aux antibiotiques est en hausse pour de nombreuses bactéries pathogènes différents qui constituent des menaces pour la santé. «Si nous n'agissons pas maintenant, notre armoire à pharmacie sera vide et on n'aura pas les antibiotiques dont nous avons besoin pour sauver des vies" a déclaré l'année dernière le directeur des CDC, Tom Frieden.

Antibiotiques : ils augmentent le risque d'obésité chez l'enfant
Trop d'antibiotiques chez l'enfant favoriserait le risque d'obésité, selon une nouvelle étude. Une preuve supplémentaire que les antibiotiques ne sont pas automatiques . Une trop grande consommation de ces médicaments chez l'enfant le rendrait vulnérable aux problèmes de poids. Pris trop fréquemment ou à de trop fortes doses, les antibiotiques pèseraient sur l'i ndice de masse corporelle (IMC) des enfants en les exposant au risque d' obésité infantile mais aussi à l'âge adulte.

Les chercheurs de la John Hopkins Bloomberg School of Public Health (États-Unis) alertent sur cette problématique dans une étude publiée dans la revue spécialisée The International Journal of Obesity. Ils ont passé au crible les dossiers médicaux de 163 820 enfants âgés de 3 à 18 ans de 2001 à 2012. Ils ont comparé différentes données comme la taille, l'IMC et les prescriptions d'antibiotiques.

Il est apparu que les enfants qui avaient pris sept fois des antibiotiques par an, voire plus, avaient tendance à prendre plus de poids que les autres, soit 1.5 kilos de plus. Problème, cette prise de poids était pérenne dans l'année. En revanche pour deux prises d'antibiotiques par an en moyenne, les enfants prenaient un peu de poids mais le perdait après le traitement.
Pour les chercheurs, cette étude confirme l'importance de ne pas abuser des antibiotiques car ils participent à une prise de poids à tout âge.

Un déséquilibre du microbiote ?
Pour expliquer cette association entre poids et antibiotiques, les scientifiques émettent l'hypothèse que ces médicaments perturberaient le microbiote (flore intestinale) en éliminant les bonnes bactéries, ce qui entraverait la bonne assimilation des aliments. Les enfants stockeraient alors davantage, favorisant la prise de poids.

Les antibiotiques existants deviendraient-ils inutiles ?

Les bactéries multi-résistantes se multiplient et menacent le retour de certaines infections graves voire mortelles. Contre ces dernières, les antibiotiques ne font souvent pas le poids. Aucune solution n'est à l'ordre du jour puisque la recherche est au point mort dans ce domaine. Face à la surconsommation d'antibiotiques actuelle chez l'Homme, certaines bactéries évoluent, deviennent très redoutables et résistent aux traitements classiques.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), avec ce phénomène de multi-résistance des bactéries , le monde se dirige vers une "ère post-antibiotique, dans laquelle les infections courantes pourront recommencer à tuer" si rien n'est fait pour enrailler cette tendance.

Depuis quelques années, les autorités sanitaires ont pourtant réduit l' usage des antibiotiques pour éviter l'apparition de nouvelles résistances. Mais avec la présence d'antibiotiques dans les aliments de consommation, ces mesures restent vaines. Les ventes d'antibiotiques utilisés pour les animaux d'élevage ont augmenté de 23 % depuis six ans aux États-Unis, selon la Food and Drug Administration (FDA). Beaucoup de grands laboratoires pharmaceutiques ont délaissé ce domaine de recherche, au profit de branches plus lucratives comme le diabète ou le cancer. En effet, les prix des médicaments utilisés pour ces maladies sont beaucoup plus élevés que ceux des antibiotiques, même si grâce à la réputation de biens de consommation courante de ces derniers, ils s'écoulent en grande quantité. Le résultat reste toutefois le même : aucune nouvelle classe d'antibiotique n'est sortie depuis 30 ans.

Aussi, le manque de financement freine la réalisation d'études à grande échelle, comme requis dans de nombreux pays pour approuver un nouveau médicament. Et d'autant plus pour les antibiotiques car le modèle de développement de cette classe de médicaments n'est pas adapté à des petites populations de patients.

L'antibiorésistance fait 50 000 morts chaque année aux Etats-Unis et en Europe, et pourrait emporter 10 millions de personnes par an dans le monde en 2050, soit plus que le cancer, selon les chiffres du gouvernement britannique.