France-Maroc : Nouvelle brouille diplomatique entre Paris et Rabat

Publié par DK News le 02-07-2016, 17h28 | 37

Les relations diplomatiques franco-marocaines connaissent une nouvelle brouille diplomatiques, suite au report de la visite au Maroc du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, selon des milieux bien au fait des relations entre les deux pays.

«La visite de M. Jean-Marc Ayrault à Rabat est reportée pour des raisons d'agenda de la partie marocaine», avait déclaré jeudi le porte-parole du MAE français, Romain Nadal, indiquant que les ministres des deux pays sont en contact pour «trouver une nouvelle date au plus vite».

 Mais d'après  des sources parisiennes, c’est la partie marocaine qui est à l’origine du report, voulant manifester son «mécontentement» pour n’avoir pas trouvé «le soutien nécessaire de Paris»  dans sa décision d'expulser  le personnel civil de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum  au Sahara  occidental (MINURSO) et dans les récentes déclarations du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, au sujet de la colonisation marocaine du Sahara occidental.

Les mêmes sources indiquent également que le prétexte de l'agenda a été invoqué «pour ne pas recevoir Ban Ki-moon à Rabat», relevant que cette énième brouille «révèle un sensible changement de la position de la France» vis-à-vis de la question du Sahara occidental, occupé de force par le Maroc depuis plus de 40 ans. D’autant, ajoutent-elles, «la France semble lassée de son implication dans ce conflit au profit du Maroc qui se trouve actuellement dans une impasse  notamment depuis l’expulsion, de façon unilatérale, du personnel de la Minurso en réaction aux déclarations de Ban Ki-moon».

 Elles rappellent, à cet effet, la lettre envoyée par Jean-Marc Ayrault, le 31 mars 2011, à la présidente de l’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique (ARASD), Régine Villemont, dans laquelle il exprimait les positions de son parti sur cette question.

En ce qui concerne le conflit du Sahara occidental, «les socialistes dans leurs déclarations publiques s’en tiennent depuis l’occupation du territoire par le Maroc à une position privilégiant le respect du droit international et du droit à l’autodétermination des peuples colonisés», avait  écrit Ayrault, rappelant les différentes déclarations du Parti socialistes (PS) qui «soutient les efforts accomplis par le secrétariat général de l’ONU (à) pour organiser un référendum d’autodétermination dans des conditions qui en garantissent la validité». Jean-Marc Ayrault avait également affirmé, dans sa lettre, «ce différend international concerne l'expression du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes». Ce n’est pas la première fois que le Maroc se trouve dans une brouille avec la France, alors que les relations entre les deux pays sont traditionnellement «étroites et cadrées», notamment avec la droite française.

 Même si le Maroc compte des amis au sein de la gauche, les relations ont connu, avec des dirigeants socialistes, des moments difficiles. Déjà au temps du Premier ministre Lionel Jospin, les relations étaient «glaciales», rappelle-t-on. En 2014, les relations ont connu une autre brouille suite à la délivrance, par un juge français, à l’ambassade du royaume à Paris, d’une convocation visant le chef du renseignement du Maroc, Abdellatif Hammouchi, qui se trouvait alors en France. Abdellatif Hammouchi était mis en cause dans une plainte pour «complicité de torture» déposée devant la justice française.

 En juin dernier, le boxeur marocain Zakaria Moumni, qui avait porté plainte en France pour torture contre  le même patron du renseignement marocain, a déposé une nouvelle plainte pour  «tentative  d'assassinat», à Nancy (Meurthe- et- Moselle).

 Zakaria Moumni affirme avoir été «enlevé, séquestré et torturé» au Maroc en septembre 2010. Dans sa première plainte, le boxeur avait porté plainte contre les services secrets du Maroc, en février 2014, ce qui lui a valu d'être à son tour poursuivi en diffamation par les autorités marocaines que la justice française a qualifié, le 9 juin dernier, «irrecevable».