Le professeur Abdenour Laraba, chef de service pédiatrie au CHU Bab El Oued invité Dimanche au Forum de DK News : Première cause de mortalité infantile dans les pays en voie de développement

Publié par DKNews le 03-07-2016, 16h38 | 921

Dans les pays en voie de développement, les diarrhées infantiles représentaient la première cause de mortalité infantile.

L'OMS estimait le nombre d'épisodes qui frappent annuellement les enfants de moins de 5 ans à 1.3 milliards et à 3.5 millions le nombre de décès attribuables à ces maladies ; mais selon les statistiques les plus actuelles que l’OMS a publiées en 2014 les chiffres de mortalité par maladie diarrhéique ont diminué de 50% en 2012 par rapport à l’an 2010 mais elle occupe toujours le 5ème rang de mortalité dans le monde; et occupe toujours le 2ème rang ( 18% de décès) après les pneumonies dans la mortalité infantile (enfants moins de 5 ans) dans les pays les plus pauvres.

En Algérie, elles sont considérées la 2éme cause de morbidité après les infections respiratoires aiguës. L'incidence annuelle est de 2.5 épisodes de diarrhée par enfant et par an soit 10 millions de cas.

760 000 cas de décès par an !

La diarrhée est la deuxième cause de mortalité chez l’enfant de moins de cinq et elle est à l’origine de 760 000 décès d’enfants par an. Elle peut durer plusieurs jours, déshydratant l’organisme et le privant des sels minéraux nécessaires pour la survie.

Dans la plupart des cas de décès, les sujets meurent en fait de déshydratation sévère par pertes hydriques. Ce sont les enfants en état de malnutrition ou d’immunodépression qui sont le plus exposés au risque de diarrhées engageant le pronostic vital.

La diarrhée est définie par au moins trois émissions de selles molles ou liquides dans une journée (ou des selles plus fréquentes que ce qui est habituel pour le sujet atteint). Elle est en général le symptôme d’une infection intestinale pouvant être causée par divers micro-organismes, bactéries, virus ou parasites.

L’infection se transmet par le biais de l’eau ou d’aliments contaminés, ou d’une personne à l’autre en cas d’hygiène insuffisante.

À l’échelle mondiale, l’eau salubre manque à environ 780 millions d’êtres humains et 2,5 milliards n’ont pas accès à un assainissement de base. Les diarrhées infectieuses sont courantes dans tous les pays en développement.

Les interventions visant à prévenir la diarrhée, notamment l’accès à l’eau potable, l’utilisation de services d’assainissement améliorés et le lavage des mains au savon, peuvent réduire le risque de maladie. Dans les pays en développement, les enfants de moins de trois ans souffrent en moyenne de trois épisodes diarrhéiques par an.

Chacun de ces épisodes les prive des éléments nutritifs nécessaires à leur croissance. En conséquence, la diarrhée est une cause majeure de malnutrition et les enfants malnutris ont un plus grand risque d’avoir des diarrhées.

Les Rotavirus et Escherichia coli sont les deux causes les plus courantes de diarrhées dans les pays en développement. Principales mesures pour le traitement: la réhydratation est l’élément essentiel du traitement de la diarrhée aiguë du nourrisson recommandée par l’OMS.


Lait maternel : un aliment de choix contre la diarrhée aiguë chez l’enfant

Première cause de mortalité chez le nourrisson dans les années soixante-dix, la diarrhée infantile a été relégué ces dernières années au second plan, juste derrière les infestions respiratoires aiguës, grâce notamment à l’amélioration des conditions de vie, l’accessibilité aux soins et l’évolution de la médecine.

«Le rotavirus est dans la majeure partie des cas la principale cause de ces diarrhées dont les complications peuvent entrainer rapidement le décès de l’enfant», a indiqué hier l’invité du Forum de DK News, le professeur Abdenour Laraba, chef de service pédiatrie au CHU Bab El Oued (ex-Maillot).

Mise en place d'un programme national de réhydratation

Véritable problème de santé publique, la diarrhée infantile connait deux pics de fréquence pendant l’année, l’un en hiver et l’autre en été. Sa gravité réside dans les complications engendrées à l’image de la déshydratation qui peut provoquer rapidement le décès du nourrisson.

L’enfant déshydraté change rapidement de comportement, il devient mou et moins réactif.  Pour y faire face, le ministère de la Santé a mis en place en 1978 un programme national de réhydratation dont l’objectif était d’apprendre aux mères d’hydrater leurs enfants n’importe où dans le pays.

«La prise de conscience des parents qui attendent moins de temps pour faire consulter leur enfant, l’amélioration de l’alimentation et l’évolution de la médecine ont permis de réduire le taux de morbidité chez l’enfant», a souligné le Pr Laraba. 

En plus de la déshydratation, la pérennisation de la diarrhée provoque une malnutrition. De ce fait, les spécialistes préconisent une alimentation riche en protéines, en graisse et en sucre. L’enfant qui souffre d’une diarrhée doit être réhydraté et nourri rapidement pour permettre la régénérescence des cellules intestinales.     

Si l’utilisation des sels de réhydratation permet à l’enfant de récupérer de la déshydratation, le meilleur moyen pour lutter contre la diarrhée reste l’allaitement maternel.

«Le lait maternel est l’aliment de choix contre la diarrhée aiguë chez l’enfant» a indiqué le spécialiste en pédiatrie mais malheureusement «moins de 10% des femmes en Algérie allaitent leur enfant alors que l’Organisation mondiale de la santé préconise dans ces recommandations un allaitement au sein jusqu’à l’âge de six mois», a-t-il ajouté.

Dans ce cadre, le Pr Laraba a plaidé pour le lancement «en priorité» d’un programme national pour encourager le retour de l’allaitement maternel.

Les enfants allaités au sein font moins de diarrhée et leurs organismes sont mieux protéger contre les maladies. Ce problème majeur nécessite également une amélioration de l’hygiène de vie et une meilleure alimentation en eau potable.

R. R.