Après l'échec du putsch : Erdogan appelle Washington à extrader l'opposant Gülen

Publié par DK News le 17-07-2016, 15h27 | 53

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelésamedi les Etats-Unis à extrader l'opposant Gülen, responsable selon lui du putsch avorté lancé vendredi soir.

 «Les Etats-Unis, vous devez extrader cette personne», a lancé le chef de l'Etat devant une foule de milliers de partisans, en référence à Fethullah Gülen, installé en Pennsylvanie et qui a nié toute implication dans la tentative de coup d'Etat. «Il y a un jeu avec l'armée, et cela est lié à des forces extérieures», a insisté M. Erdogan. «Ici j'en appelle à l'Amérique, j'en appelle au président (Obama)», a-t-il lancé à la foule. «Monsieur le président, je vous le dis, renvoyez ou livrez nous cette personne», a-t-il martelé, sans jamais prononcer le nom de Gülen. Washington va aider Ankara dans l'enquête sur le putsch déjoué en Turquie et invite le gouvernement turc à livrer des preuves contre l'opposant Fethullah Gülen, accusé de l'avoir fomenté, avait auparavant annoncé samedi le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite à Luxembourg.

Les accusations d'un soutien américain au coup d'Etat turc sont «tout à fait fausses» (Kerry)
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a appelé son homologue turc samedi pour lui faire part du soutien des Etats-Unis après une tentative avortée de coup d'Etat, mais également pour protester contre les accusations d'un soutien américain au putsch.
Les Etats-Unis ont rapidement condamné le putsch militaire contre la Turquie, leur allié au sein de l'OTAN, et ont exprimé leur soutien au gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan. Le porte-parole du département d'Etat John Kirby a déclaré que John Kerry avait appelé le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusoglu, pour le deuxième jour d'affilée, pour promettre le soutien des Etats-Unis dans l'enquête sur le putsch. «Il a bien fait comprendre que les etats-Unis seraient disposés à fournir de l'aide aux autorités turques dans la conduite de cette enquête, mais que les insinuations ou affirmations publiques à propos du rôle que les Etats-Unis auraient pu avoir dans la tentative avortée de coup d'Etat sont tout à fait fausses, et nuisible à nos relations bilatérales», a résumé M. Kirby. Plus tôt dans la journée, le ministre du Travail turc Suleyman Soylu a suggéré, selon plusieurs médias, que les Etats-Unis étaient derrière la révolte, qui a entraîné des affrontements ayant fait au moins 265 morts. Le gouvernement d'Erdogan semble avoir réussi à étouffer le coup d'Etat, mais a demandé l'extradition de l'opposant Fethullah Gülen, en exil aux Etats-Unis. M. Kerry a déclaré plus tôt dans la journée de samedi, au cours d'une visite au Luxembourg, que les Etats-Unis examineraient la demande d'extradition si la Turquie fournit des preuves contre M. Gülen.

Washington déconseille tout voyage en Turquie après le putsch manqué
Le département d'Etat américain a déconséillé à ses concitoyens tout voyage en Turquie, 24 heures après la tentative manquée de coup d'Etat militaire qui a fait au moins 265 morts. «Au vu de la tentative de coup d'Etat du 15 juillet et de ses conséquences, nous encourageons les citoyens américains à revoir leurs projets de voyage en Turquie», écrit la diplomatie américaine dans un communiqué.
La tentative de coup d'Etat de vendredi soir s'est vite soldée par un échec et le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé l'opposant Fethullah Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis, d'avoir fomenté le putsch, ce que M. Gülen nie. M. Erdogan a demandé son extradition à Washington. Dans son communiqué, le département d'Etat évoque également des «risques accrus émanant de groupes terroristes à travers la Turquie». «Des touristes étrangers, dont des Américains, ont déjà été visés explicitement par des organisations terroristes internationales et nationales» en Turquie, explique la diplomatie américaine.

3 hauts responsables militaires libérés
Le ministre turc de la Défense, Fikri Isik a déclaré samedi soir que trois hauts responsables militaires pris en otage par les putschistes en Turquie avaient été libérés samedi et sont sains et saufs.
 «Nos commandants de l'armée de l'Air, de la Marine et le chef d'état-major adjoint ont été secourus sur la base d'Akinci où ils avaient été pris en otage. Ils se portent bien», a précisé M. Isik devant la presse à Ankara, ajoutant qu'il était encore trop tôt pour dire que tout danger est complètement écarté. Le chef de la gendarmerie, le général Galip Mendi, a également été libéré un peu plus tard. Au total, 72 putschistes ont été arrêtés lors des opérations de police menées sur la base aérienne d'Akinci, près d'Ankara. Le président Recep Tayyip Erdogan a téléphoné de son côté au président du Parlement et aux dirigeants des deux principaux partis d'opposition pour les remercier d'avoir refusé de soutenir la tentative de coup d'Etat militaire vendredi soir.

Des responsables de l'ONU condamnent la tentative de coup d'Etat en Turquie
De hauts responsables des Nations Unies ont condamné samedi la tentative avortée de putsch en Turquie, exhortant la communauté internationale à soutenir le gouvernement légitime du pays. «Je condamne fermement la tentative de groupes issus des forces armées de renverser le gouvernement de la Turquie», a déclaré le président de l'Assemblée générale de l'ONU Mogens Lykketoft dans un communiqué de presse. M. Lykketoft a exprimé ses «sincères condoléances» aux familles et proches des personnes ayant perdu la vie durant cette tentative de coup d'Etat.
«La communauté internationale doit soutenir pleinement le gouvernement démocratiquement élu et l'état de droit en Turquie», a-t-il appelé. De son côté, le haut-représentant de l'Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC), Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a également condamné ce putsch manqué, qui avait pour but de «renverser le gouvernement légitime en Turquie».
Dans un communiqué de presse, il a exprimé son soutien envers le «gouvernement civil démocratiquement élu de la Turquie et la direction légitime du président de la Turquie, S.E. M. Recep Tayyip Erdogan». Il a également exprimé sa solidarité envers le peuple turc dans ses choix démocratiques.

Ankara ferme l'espace aérien d'où partent les frappes anti-EI (Pentagone)
Les autorités turques ont fermé l'espace aérien autour de la base aérienne d'Incirlik d'où décollent les avions de la coalition américaine allant frapper le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daech) en Syrie et en Irak, a annoncé samedi le Pentagone. «Les responsables turcs ont interrompu tous les vols au départ et à destination de la base aérienne d'Incirlik dans le sud-ouest du pays. C'est depuis celle-ci que les appareils américains et alliés mènent des missions contre le groupe terroriste «Etat islamique» en Irak et au Levant», a précisé dans un communiqué Peter Cook, porte-parole du Pentagone. «Les officiels américains travaillent avec les Turcs à la reprise dès que possible des opérations aériennes», a-t-il dit, en ajoutant que tous les personnels civils et militaires américains sur cette base sont «sains et saufs». La Turquie est membre de l'OTAN et participe à la coalition américaine contre l'EI.

Arrestation d'un juge de la Cour constitutionnelle après la tentative de coup d'Etat militaire
Un juge de la Cour constitutionnelle, la juridiction suprême en Turquie, a été arrêté à la suite de la tentative de coup d'Etat militaire, ont annoncé des médias turcs. Au total, quinze juges ont été arrêtés samedi dans la province de Togat (centre) dans le cadre de l'enquête lancée par le Conseil suprême des magistrats dans la foulée de la tentative de coup d'Etat militaire en Turquie, selon l'Agence de presse Anatolie.

 Il  y a eu, en outre arrestation de 37 juges et 18 procureurs généraux relevant de la Cour Chanly Orfa (sud-est) du pays, ajoute la même source. Au sud de la Turquie, précisement dans la province Ghazi Antab, le ministère publique fait état de l'arrestation de huit personnes dont 7 juges pour implication dans la tentative de coup d'Etat militaire. Un peu plus tôt, les autorités judiciaires avaient annoncé que 2.745 juges dans tout le pays allaient être démis de leurs fonctions après la tentative avortée de coup d'état. Par ailleurs, plusieurs gradés de haut rang ont été arrêtés, dont les généraux de la 2e armée Adem Huduti et Avni Angun, selon les médias turcs. Le gouvernement a annoncé l'arrestation de près de 3.000 soldats, ce qui va entraîner une purge importante dans l'armée turque. Le gouvernement turc a annoncé samedi l'échec de la tentative de putsch qui a fait au moins 265 morts.

Poutine souhaite un rapide retour à la stabilité en Turquie après le putsch avorté
Le président russe, Vladimir Poutine, a souhaité dimanche lors d'une conversation téléphonique avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, un rapide retour à la stabilité après le cous d'Etat avorté en Turquie, a indiqué un communiqué du Kremlin. M. Poutine a «présenté ses condoléances pour les nombreuses pertes en vies humaines parmi les civils et les policiers qui s'opposaient aux conspirateurs, et a souhaité un retour rapide à l'ordre constitutionnel et à la stabilité», selon le communiqué. Les deux hommes ont également de nouveau exprimé leur volonté de se rencontrer. Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu avait indiqué début juillet que M. Erdogan pourrait se rendre à Sotchi en août pour rencontrer M.Poutine.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait évoqué au plus tard une rencontre en marge du sommet du G20 début septembre en Chine. La Russie s'était dite samedi «extrêmement inquiète» de la tentative avortée de prise de pouvoir en Turquie par un groupe de putschistes au sein de l'armée, après une nuit de violences ayant fait au moins 265 morts à Ankara et Istanbul. Les relations entre Moscou et Ankara se sont apaisées début juillet après des mois de critiques suite à l'envoi par M. Erdogan à Vladimir Poutine d'une lettre d'excuses pour la destruction d'un bombardier russe à la frontière turco-syrienne en novembre.