Mélanome : un scanner de la peau évalué sur... des bananes

Publié par topasnté le 17-07-2016, 16h38 | 39

La banane et la peau humaine ne sont pas si éloignées. La preuve, le fruit a servi d'outil de diagnostic du mélanome à des chercheurs suisses.

Sous le soleil, la peau non protégée peut développer un mélanome, une forme très agressive de cancer de la peau. La banane aussi n'aime pas le soleil et le fait savoir en se couvrant de taches brunes. Cette analogie que certains jugeront de mauvais goût a servi à imaginer un outil de diagnostic précis de l'évolution du mélanome cutané.
Les chercheurs de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse ont étudié la banane pour découvrir que les taches noires dont elle se couvre en vieillissant sont liées à la présence d'une enzyme, la tyrosinase. Or cette enzyme, qui intervient dans le processus naturel de brunissement du fruit, est la même que celle produite par la peau humaine quand elle est agressée. Chez l'humain, l'enzyme entre en jeu quand le processus de pigmentation de la peau par la mélanine (protection naturelle pigmentaire contre le soleil) est perturbé.
Autrement dit, la tyrosinase joue un rôle dans le cancer de la peau, explique l'étude suisse dans un communiqué : "les taches caractéristiques de la tumeur sont le fait d'un dysfonctionnement dans la régulation de l'enzyme tyrosinase".
"Les taches sur la peau humaine ou d'une banane ont à peu près la même taille. Travailler sur les fruits nous a permis de mettre au point un outil de diagnostic que nous avons pu tester avant de le faire sur des biopsies humaines", explique l'étude parue dans la revue allemande Angewandte Chemie.

Un marqueur de développement des mélanomes
La chimiste Tzu-En Lin a développé une technique d'imagerie pour mesurer la présence de tyrosinase et sa distribution dans la peau, en comparant la banane et la peau humaine.
Les recherches effectuées sur des fruits mûrs puis sur des échantillons de tissus cancéreux ont permis de dégager trois stades du mélanome. Au stade 1 l'enzyme apparaît peu, au stade 2 elle est présente en grande quantité et de façon homogène. Au stade 3, elle est distribuée de façon hétérogène. Traduction : pour les chercheurs, l'enzyme serait un bon marqueur de développement des mélanomes.
Un scanner spécifique doté de 8 microélectrodes et de minuscules capteurs capables de balayer la peau pourrait donc prédire le stade de développement de mélanome. Il offrirait ainsi une nouvelle alternative aux tests invasifs actuels comme la biopsie, assurent les chercheurs.
La prochaine étape sera d'utiliser le scanner en vue de repérer les tumeurs pour mieux les éliminer. "Nos premiers essais en laboratoire nous ont montré que les cellules pouvaient être détruites à l'aide de notre outil", conclut Hubert Girault.

Mélanome : attention aux agrumes

La consommation régulière d'agrumes augmenterait le risque de développer un mélanome, selon les résultats d'une étude publiée dans la revue médicale Journal of Clinical Oncology.
Les agrumes sont recommandés pour leur apport en vitamine C mais seraient à consommer avec modération pour limiter les risques de mélanome. Leur richesse en furocoumarines, des agents toxiques sensibles réduirait la protection de la peau aux rayons ultra-violets et augmenterait le risque de mélanome.
Les mélanomes sont les cancers de la peau les plus dangereux car ils sont susceptibles d'essaimer dans les autres organes et d'avoir des conséquences mortelles. Lorsqu'ils sont diagnostiqués à un stade métastatique, ils sont ce que l'on appelle "de mauvais pronostic" : les taux de survie à 5 ans ne dépassant pas 20 % pour les malades.
Les chercheurs de l'université Brown (États-Unis) ont analysé la composition des assiettes et le mode de vie (activité sportive, tabagisme, consommation d'alcool) de 100 000 participants pendant 26 ans. Après ajustement des facteurs de risque, les résultats de leur étude ont révélé que les personnes qui consomment chaque jour un pamplemousse et une orange et demie (ou 270 ml en jus) avaient un risque de cancer 36% plus élevé que ceux qui en mangeaient moins de deux fois par semaine.
En cause, les furocoumarines, des agents toxiques sensibles présents dans les agrumes. Ces molécules photo-sensibilisantes empêcheraient la protection de la peau aux rayons ultra-violets.
«Des enquêtes plus approfondies doivent être mises en place pour déterminer si ce sont les fruits ou les jus de fruits les plus dangereux» explique Shaowei Wu, épidémiologiste à l'université Brown.
Le mélanome cutané touche de plus en plus de personnes. Avec 11 176 nouveaux cas estimés en 2012, ce cancer de la peau se situe au 9ème rang des cancers, tous sexes confondus. 9780 cas ont été estimés en 2011 et de plus en plus de personnes sont touchées chez les moins de 40 ans. Ce type de cancer peut être facilement guéri s'il est détecté à temps, or la plupart du temps, ces mélanomes passent inaperçus, car confondus avec des grains de beauté bénins.