Attentat de Nice (France) : L’exécutif a-t-il fait dans la précipitation ?

Publié par Cherbal E-M le 18-07-2016, 19h01 | 51

Quelques jours après le sanglant attentat qui a visé la coquette ville côtière de Nice et notamment son joyau, la Promenade des Anglais,  et alors que les enquêteurs travaillent encore d’arrache-pied pour trouver des indices, les recouper pour déterminer les motivations d’un tel acte, la presse française revient sur le fil des déclarations faites par les grandes figures de l’Exécutif français qui, semble-t-il, ont vite fait d’indiquer la piste terroriste.

« Dès la nuit de jeudi à vendredi, François Hollande a évoqué le "terrorisme islamiste", alors que l'enquête n'avait pas encore déterminé le profil du tueur », lit-on sur le site de l’hebdomadaire français http://tempsreel.nouvelobs.com qui revient en détail sur le fil de l’actualité des déclarations des responsables politiques français, notant au passage que «depuis le drame, les enquêteurs se montrent très prudents sur d'éventuels liens avec le conducteur du camion qui a tué 84 personnes et en a blessé 308 sur la Promenade des Anglais de Nice le 14 juillet.

Cette prudence ne semble toutefois pas de mise du côté du gouvernement qui a évoqué, dès la nuit de l'attentat un "terroriste islamiste" ». En tournée en Asie, Jean-Marc Ayroult, ministre des Affaires étrangères s’est déclaré sensible à une déclaration de soutien à la France, faite à la suite de l’attentat en prenant le soin de préciser qu’"aucune région n'était épargnée par les actes terroristes".

Les analyses de la presse française font en effet ressortir une oscillation, pour ne pas dire une ambivalence du  discours des officiels français sur cet attentat. Sans attendre les résultats de l’enquête, et même sans respecter la période de deuil, la classe politique française s’est emballée dans un discours et des enchères sur les méthodes les plus musclées pour combattre le terrorisme islamiste.

Fidèle à son image, toujours égal à lui même l’ancien président devenu patron de l’opposition, Nicolas Sarkozy, ne s’est pas privé, lors d’un ‘’show télévisé’’ de «mater» le gouvernement pour ses lacunes et faiblesses, et sur ce qu’il n’aurait pas fait pour protéger les Français, obligeant l’Exécutif à réagir par un communiqué, pour défendre son bilan et appeler à l’unité nationale. Monté au créneau pour se défendre, le Premier ministre Manuel Valls a rétorqué à ces déclaration, dans une interview à un quotidien français, reprise par le site lemonde.fr, que « la réponse à l’Etat islamique  ne peut pas être une ‘’trumpisation’’ des esprits ».

Mais c’est au sein de l’Exécutif lui-même que l’ambigüité  semble avoir pris place, comme le relève la presse française qui a noté les divergences entre les déclarations faites au même moment par le Premier ministre et son ministre de l’Intérieur. Au moment où le premier indiquait sur France2 avoir la certitude que l’auteur de cet attentat est « "un terroriste sans doute lié à l'islamisme radical d'une manière ou d'une autre", sur TF1, et à la question «‘’Etes vous en mesure de nous dire qu'il est lié à l'islam radical ?", Bernard Cazeneuve se montre prudent et répond simplement "non’’», rapporte http://tempsreel.nouvelobs.com.  Les tentatives pour replâtrer les apparences n’ont cessé depuis, à commencer par le revirement du ministre de l’Intérieur convaincu, depuis, que l’auteur de l’attentat s’est « radicalisé très rapidement».

Le conseiller à la communication de Valls a envoyé un message sur Twitter pour assurer « qu'il n'y a "pas de divergence", puisque "Bernard Cazeneuve se réfère au passé du terroriste, quand Manuel Valls se réfère au mode opératoire" », rapporte ce même site. Pour l’heure, outre la revendication venue de l’organisation extrémiste, les enquêteurs continuent de fouiner dans la vie et le milieu social de l’auteur de l’attentat, dans l’espoir de donner crédit à ces déclarations.

CEM