Turquie/putsch : Erdogan de retour à Ankara pour présider un conseil de sécurité

Publié par DK News le 20-07-2016, 16h00 | 31

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est retourné pour la première fois depuis le putsch avorté à Ankara, où il doit présider mercredi un conseil de sécurité nationale et un conseil des ministres.

 M. Erdogan est arrivé à Ankara mardi soir, où il a reçu, pour la première fois depuis le coup d'Etat raté, un dirigeant étranger pour une réunion bilatérale, le Premier ministre géorgien Guiorgui Kvirikachvili, a indiqué un responsable turc, cité par des agences. «Il doit diriger au palais présidentiel un conseil de sécurité nationale, qui est composé de hauts responsables militaires et de ministres», a-t-il affirmé. Le chef de l'Etat turc doit ensuite présider une réunion du gouvernement, également au palais présidentiel, dont les abords ont été bombardés pendant la tentative de putsch. M. Erdogan avait dit lundi à Istanbul qu'une «décision i portante» serait annoncée après le conseil de sécurité, sans préciser laquelle. Mardi, les autorités turques ont suspendu 15.200 employés du ministère de l'Education soupçonnés d'être liés au prédicateur Fethullah Gülen, accusé par le gouvernement d'être l'instigateur du putsch mais qui a formellement démenti toute implication. Environ 9.300 personnes ont par ailleurs été placées en garde à vue, dont des policiers, des juges et plus de 100 généraux et amiraux.

Missions à l'étranger interdites aux universitaires  
Le Conseil de l'enseignement supérieur turc (YOK) a interdit jusqu'à nouvel ordre toutes les missions à l'étranger pour les universitaires, dans la foulée du coup d'Etat militaire avorté en Turquie, a rapporté mercredi l'agence de presse Anadolu. Le YOK demande par ailleurs que la situation des universitaires se trouvant actuellement en missions à l'étranger soit examinée "d'urgence" et qu'ils soient rappelés en Turquie dans les plus brefs délais, sauf "nécessité impérieuse", selon l'agence. Les recteurs des universités sont également priés d'"examiner d'urgence la situation de tous les membres du personnel académique et administratif liés au FETO/PDY", acronymes désignant le réseau de l'opposant Fethullah Gülen (établi à l'étranger), et d'établir un rapport d'ici le 5 août. M. Gülen est accusé par le gouvernement d'être l'instigateur du putsch, mais a formellement démenti toute implication. Mardi, les autorités ont pris une série de mesures dans le secteur de l'éducation et de l'enseignement supérieur. Le YOK a ainsi demandé mardi la démission des 1.577 doyens d'universités publiques et rattachées à des fondations privées, selon Anadolu. Les autorités ont également suspendu 15.200 employés du ministère de l'Education soupçonnés d'être liés à M. Gülen.

Gülen appelle Washington à rejeter les demandes d'extradition d'Ankara
Le prédicateur Fethullah Gülen a appelé mardi les Etats-Unis où il réside à rejeter les demandes d'extradition d'Ankara, qui le considère comme l'instigateur du coup d'Etat manqué en Turquie. M. Gülen, qui vit en exil volontaire aux Etats-Unis depuis 1999, a rejetté dans un communiqué les déclarations du président turc Recep Tayyo Erdogan et du Premier ministre turc Binali Yildirim faisant de lui l'organisateur de la tentative de coup d'Etat menée par des militaires turcs «Il est (...) faux de suggérer que j'aurais quoi que ce soit à voi avec cet horrible coup d'Etat manqué», a déclaré le prédicateur, qui réside à Saylorsburg, en Pennsylvanie, dans le nord-est des Etats-Unis. Le Premier ministre turc a annoncé mardi au Parlement que son gouvernement avait envoyé aux Etats-Unis quatre dossiers pour réclamer l'extradition de M.Gülen. La Maison Blanche a indiqué que le président Barack Obama avait discuté mardi de la demande d'extradition turque au cours d'une conversation téléphonique avec M. Erdogan, pendant laquelle le chef de l'exécutif américain a proposé une assistance de Washington dans l'enquête sur le coup d'Etat manqué. Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a déclaré que les documents transmis par Ankara étaient examinés à la lumière du traité d'extradition existant depuis trois décennies entre la Turquie et les Etats-Unis. Le porte-parole a souligné que M. Gülen bénéficiait des protections prévues par la loi. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré lundi qu'une extradition de M. Gülen n'était pas envisageable en l'absence de preuves et qu'il appartenait aux autorités turques d'en fournir.