Droits Homme: RSF interpelle John Kerry sur la situation de la liberté de l'information au Maroc

Publié par Dknews le 03-04-2014, 15h39 | 25

Reporters Sans Frontières (RSF) a interpellé jeudi le secrétaire d'Etat américain, John Kerry sur la situation de la liberté de l'information au Maroc où il doit se rendre en visite officielle dans le cadre d'un «dialogue stratégique» entre les Etats-Unis et Rabat.

Dans une lettre adressée au responsable américain, l'ONG fait part de ses «préoccupations quant à la situation de la liberté de l'information au Maroc», lui demandant notamment d'aborder avec son homologue marocain le cas du journaliste Ali Anouzla, toujours poursuivi dans le cadre de la loi anti-terroriste. 

Tout en rappelant que le journaliste marocain, libéré le 25 octobre dernier, reste inculpé, entre autres, d'«assistance matérielle» et «apologie de crimes terroristes», et encourt 10 à 30 ans de réclusion criminelle, RSF considère que la procédure judiciaire et la «censure» dont a fait l'objet Ali
Anouzla sont fondées sur une «décision politique et arbitraire, comme étant des atteintes graves au droit à la liberté d'information».

Cette affaire a récemment secoué le royaume chérifien et suscité une mobilisation nationale et internationale pour la libération du journaliste, directeur de la version arabophone du site marocain d'information Lakome. Ce dernier a été arrêté le 17 septembre 2013 à Rabat pour avoir publié un lien vers un article du quotidien espagnol El Pais. Cet article renvoyait lui-même vers une vidéo attribuée au groupe Al-Qaîda au Maghreb islamique.
RSF relève, sur son site Internet, qu'au-delà du cas d'Ali Anouzla, la situation de la liberté de l'information au Maroc, 136ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse de 2014, suscite un «certain nombre d'inquiétudes» et nécessite que les autorités prennent des «mesures concrètes pour améliorer le respect du droit d'informer et d'être informé».
Selon elle, les promesses de réformes des autorités marocaines, annoncées depuis le référendum constitutionnel de 2011, «tardent à se concrétiser».

Tout en rappelant qu'il est «urgent» de dépénaliser les délits de presse, l'ONG estime que la loi «doit définir de manière claire et précise les délits, notamment pour ce qui est des +insultes+ et des +graves insultes+, qui sont des notions éminemment subjectives, laissant une place importante à l'arbitraire, de la part notamment des magistrats».

Elle demande également la suppression dans les textes et dans la pratique  des «lignes rouges» que sont la monarchie, l'islam et l'intégrité territoriale, ainsi que les interdictions de publication pour «délit de blasphème».