Tizi Ouzou : La survie de l’artisanat de bijou menacée par le manque de la matière première

Publié par DKNews le 29-07-2016, 17h14 | 118

La survie de la filière artisanale du bijou traditionnel d’Ath Yenni est menacée par le manque de la matière première sur le marché national depuis plus de huit mois, a averti jeudi, le président de l’association des artisans bijoutiers d’Ath Yenni en marge de l’ouverture de la 13ème édition de la fête du bijou.

Mohammed Haoueche, a soutenu qu’au rythme où vont les choses, beaucoup d’artisans vont mettre fin à leur activité et la fête du bijou risque d’être compromise dans les années à venir.

En l’absence de l’argent (métal indispensable dans la fabrication du bijou) chez AGENOR, les 150 artisans qui tiennent toujours à leur métier (contre 560 durant les années 1990) sont contraints de recourir à l’informel pour se le procurer à des prix qui atteignent les 130.000 dinars le kilogramme, a-t-il signalé.

Une situation qui se répercute directement sur le prix du produit fini et donc sur les possibilités de son écoulement, a-t-il expliqué, affirmant que beaucoup de bijoutiers se contentent actuellement de l’épuisement des anciens stocks étant dans l’incapacité d’acheter de la matière première.

Des propos appuyés par le président de l’APC d’Ath Yenni, Smaïl Deghoul qui assure que le maintien en vie de la fête de bijou n’est que le fruit d’une volonté collective de préserver cet héritage ancestral et ce patrimoine légué par les précédentes générations.

«Les conditions de travail des artisans laissent à désirer, notamment en l’absence de l’argent sur le marché national depuis novembre 2015.

A chaque édition de cette fête, des promesses sont faites aux bijoutiers pour prendre en charge leurs préoccupations, mais la situation évolue très lentement ce qui se répercute sur l’essor de cette filière de grande renommée».

Se voulant rassurant, le directeur du tourisme et de l’artisanat a déclaré que l’AGENOR reprendra la distribution de la matière première dans les quelques mois à venir et que les engagements pris par le ministre durant la précédente édition concernant la réalisation d’un musée et maison de l’artisanat dans la localité sont toujours maintenus.

«La démarche administrative pour la concrétisation de ces deux projets est finalisée. Des bureaux d’étude sont engagés pour définir les montants de réalisation et nous allons les entamer dès que le financement sera débloqué», a-t-il fait savoir.

Rachid Gheddouchi a soutenu, en outre, que des artisans bijoutiers arrivent à réaliser des gains importants pendant la durée de la fête de bijou et arrivent à écouler une bonne partie de leurs produits, ce qui les aide à faire marcher leurs activités malgré la cherté de la matière première achetée dans l’informel.

Plus de 110 artisans issus des wilayas de Tamanrasset, Sidi Bel Abbes, Alger, Oran, Constantine, Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou prennent part à cet évènement qui se poursuivra jusqu’au 05 août.
Sur la totalité des participants, 93 sont des artisans bijoutiers de la localité basés principalement au CEM Larbi Mezani, au moment où les autres filières artisanales comme le tapis, la vannerie, la sculpture, l’habit traditionnel et la poterie exposent au niveau de la maison de jeunes de la localité.

Une variété de produits faite d’anciens modèles comme Akhelkhal, Abrouch, Taziba, Azrar et de nouvelles créations qui suivent l’évolution sociale, est proposée aux adeptes du bijou d’Ath Yenni fait à base d’argent et de corail, a-t-on constaté.

Toutefois, les prix pratiqués par les artisans jugés «chers et parfois excessifs» empêchent beaucoup de visiteurs de se procurer un souvenir des Aths Yenni et se contentent de faire le tour des stands d’exposition et d’admirer ces joyaux confectionnés avec des méthodes traditionnelles pour la plupart.