France : Même si l'amalgame est évité, l'organisation de l'islam revient au centre des débats

Publié par DKNews le 30-07-2016, 17h00 | 41

Même si dans le discours officiel l'amalgame, entre l'islam et le terrorisme, est évité, les deux derniers attentats, de Nice et de Sainte-Etienne-du-Rouvray, ont mis au-devant de la scène politico-médiatique la «nécessité» d'organiser l'islam en France.

Dans un entretien au journal Le Monde, le Premier ministre, Manuel Valls, a exprimé, vendredi ou trois jours après l'attaque d'une église, sa volonté d'«inventer une nouvelle relation avec l'islam de France».
En dépit de la condamnation ferme et sans équivoque des attentats terroristes en France par les représentants des institutions musulmanes de France, le Premier ministre a indiqué qu'il fallait «bâtir un nouveau modèle» de «relation avec l'islam de France».

Le concept de «l'islam de France» est rejeté par les membres de la communauté musulmane qui préfèrent parler de «l'islam en France», la deuxième religion.

«Je souhaite, notamment, que les imams soient formés en France. Je suis favorable à ce que, pour une période à déterminer, il ne puisse plus y avoir de financement de l'étranger pour la construction des mosquées», a souligné Manuel Valls, qui est actuellement sous le feu des critiques émanant de l'opposition.

Dans une interview accordée jeudi à l'APS, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a évoqué un projet de réforme qui servira à corriger, auprès des musulmans, leur compréhension du message coranique et, du côté des non-musulmans, à livrer la véritable image d'une religion moderne, bâtie sur l'égalité, la fraternité, la justice et la paix.

«Nous prévoyons une réforme (el-islah) dans les institutions de l'islam en France selon les préceptes du Coran, à l'image du mouvement algériens d'el-islah entrepris par l'association des oulémas musulmans», a-t-il expliqué, soutenant que cette réforme «se base sur la connaissance, la culture, l'histoire, les véritables pratiques cultuelles, le fiqh et la sunna».

Par ailleurs, même si la difficulté persiste à comptabiliser le nombre de musulmans en France, qui est d'ailleurs sans cesse croissant, selon des observateurs, on dénombre 2.449 lieux de culte musulmans entre mosquées et salles de prière, selon des chiffres de 2012.

La difficulté du recensement des musulmans en France

Dans un rapport de la mission d'information sénatoriale sur l'organisation, la place et le financement de l'islam en France et de ses lieux de cultes, publié le 6 juillet dernier, les sénateurs, qui ont entendu 115 personnes au cours de leurs 79 heures d'auditions, ont recommandé aux pays qui financent les mosquées de faire transiter la totalité des financements par la Fondation pour les £uvres de l'islam de France.

Ils ont relevé en outre l'impossibilité de connaître les financements par des personnes privées étrangères.

Par ailleurs, la droite veut aller plus loin dans l'organisation de cette religion en France en se déclarant favorable à «la création d'une hiérarchie au sein de l'islam», sans connaître la difficulté de concrétiser un «clergé», notamment la tendance sunnite de l'islam.

Pour certains députés, le Conseil français du culte musulman (CFC M), qui souffre selon le rapport sénatorial, de représentativité, «doit être renouvelé, affirmer son indépendance envers les pays étrangers et s'engager sur un pacte républicain», alors que d'autres souhaitent la création d'un «Grand Conseil de l'islam de France» auquel seraient «obligatoirement affiliées» toutes les mosquées présentes sur le sol français et chargé de leur désigner un imam.

Au-delà de ces débats, des observateurs avertis prêtent en outre au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui est également chargé des Cultes, à vouloir saisir la confusion semée par les actes terroristes et l'inquiétude des Français pour créer un «Concordat entre l'Etat et l'islam». Une option décriée par les tenants de la laïcité qui voient en cela une «entorse» aux principes de la République française.

D'autres ont attiré l'attention sur le «danger» de cultiver l'amalgame à travers les attentats terroristes qui «tuent pour diviser» la société. Alors que, soutiennent-ils, «l'islam est une religion de paix et n'est pas l'islamisme».