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Des consultations sur le profil du prochain chef du gouvernement d'union nationale en Tunisie seront lancées en début de semaine prochaine, après le retrait de confiance à l'équipe de Habib Essid chargé désormais de la gestion des affaires courantes.
M. Essid a échoué à obtenir la majorité absolue des voix dans le vote de confiance pour son gouvernement par l'Assemblée des Représentants du Peuple (APR), devenant ainsi, depuis le 30 juillet, démissionnaire selon l'article 98 de la constitution tunisienne.
Cependant, en vertu d'un décret présidentiel, Habib Essid, continuera de gérer les affaires courantes jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé et prenne ses fonctions.
Cette décision relève également de l'engagement public fait par Essid qui permet d'écarter la possibilité de voir le pouvoir exécutif sans commandement. L'ensemble de ces points a fait l'objet, lundi, d'une rencontre entre le président de la République, Béji Caid Essebsi, et le chef du gouvernement démissionnaire, a rapporté l'agence de presse tunisienne TAP.
Parallèlement à cela, le chef de l'Etat tunisien doit, dans un délai de 10 jours, engager des consultations pour désigner la personnalité la «plus apte» de former le nouveau gouvernement. Les conjectures vont bon train mais aucun nom n'a été filtré pour l'heure.
Chez le mouvement Ennahdha, la position concernant la formation d'un nouveau gouvernement avec un nouveau chef a été déjà fixée. «Nous parions sur une alternative politique et une équipe qui feront l'objet de négociations à partir de la semaine prochaine», a déclaré son dirigeant Rached Ghannouchi cité par la TAP.
Le député du mouvement, Ameur Lariadh, a souligné que le prochain chef du gouvernement «doit faire l'unanimité autour de sa personne afin qu'il puisse travailler dans la sérénité à même de l'aider à prendre les décisions audacieuses qui s'imposent».
Pour sa part, Faycal Khalifa (Nida Tounes) a estimé que «le prochain chef de gouvernement peut être issu du Nida ou être un des membres du gouvernement actuel». Il a affirmé aussi que «certains ministres du gouvernement Essid sont des compétences et qu'il importe des les inclure dans le prochain gouvernement.
Pour Samira Marai, ministre de la Femme, «l'essentiel est que le prochain gouvernement puisse répondre aux aspirations des citoyens et servira l'intérêt du pays». Le ministre de l'Equipement et de l'Habitat Mohamed Salah Arfaoui a espéré que le prochain gouvernement «poursuivra le travail et respectera les principes de dialogue et de concertation sur toutes les questions, conformément à la constitution».
Volets sécuritaire économique, défis capitaux du futur gouvernement
Si la Tunisie a réussi sa transition politique après la révolution du 14 janvier 2014, son économie demeure en crise. Aucun des gouvernements qui se sont succédés depuis, huit en tout, - une moyenne d'un gouvernement chaque huit mois- n'a trouvé de solutions concrètes à la situation économique et sécuritaire, selon des analystes.
Le chef du gouvernement démissionnaire, Habib Essid a appelé le prochain gouvernement « à poursuivre et consolider les efforts en matière de sécurité car le danger terroriste persiste encore».
Le gouvernement d'union nationale doit être efficace et travailler avec des idées claires et réalisables, a insisté le président du Conseil national du parti Afek Tounes, Mohamed Louzir.
Il a ajouté que le gouvernement devrait être capable d'identifier les problèmes prioritaires et de les résoudre, à l'instar de ceux que rencontrent les citoyens au quotidien, la création des postes d'emplois et de lutte contre la corruption.
Plus tôt, Mohamed Louzir a estimé, dans une déclaration à la TAP, que « le gouvernement de Habib Essid a réalisé des succès mais n'est pas parvenu à accomplir sa mission comme il se doit, compte tenu de la situation difficile que traverse le pays «.
«Des retards techniques» à craindre
Le départ de M. Essid, un indépendant de 67 ans, après un an et demi d'exercice, fait craindre un nouvel épisode d'incertitudes en Tunisie qui traverse déjà une période sensible. Cette rupture en effet est un feuilleton qui a commencé le 2 juin, lorsque le chef de l'Etat s'est prononcé pour un gouvernement d'union.
L'on commence à parler de «dommages techniques» causés par l'initiative présidentielle, comme le retard que subiront les élections municipales qui ont déjà été reportées à plusieurs occasions.
Dans ce sens, le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Chafik Sersar, a annoncé que le calendrier était tombé à l'eau à cause du retard de l'adoption de la loi électorale qui devait être adoptée en juin pour qu'elle puisse être publiée dans le Journal officiel avant le 22 juillet.
Le futur gouvernement doit inclure l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), l'Union tunisienne du commerce, de l'industrie et de l'artisanat (Utica) ainsi que les composantes de la coalition au pouvoir.
«Des indépendants et des représentants de l'opposition pourraient en faire partie», avait-il ajouté. Les concertations autour de l'initiative présidentielle avaient abouti, le 13 juillet, à la signature d'un document de synthèse qui définit les priorités du gouvernement d'union nationale.