Tunisie : Essid chargé des affaires courantes en attendant l'arrivée d'un successeur

Publié par DKNews le 01-08-2016, 14h40 | 33

Des consultations sur le profil du prochain chef du  gouvernement d'union nationale en Tunisie seront lancées en début de semaine  prochaine, après le retrait de confiance à l'équipe de Habib Essid chargé désormais  de la gestion des affaires courantes.

M. Essid a échoué à obtenir la majorité absolue des voix dans le vote  de confiance pour son gouvernement par l'Assemblée des Représentants du Peuple  (APR), devenant ainsi, depuis le 30 juillet, démissionnaire selon l'article  98 de la constitution tunisienne.

Cependant, en vertu d'un décret présidentiel, Habib Essid, continuera  de gérer les affaires courantes jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé  et prenne ses fonctions. 

Cette décision relève également de l'engagement public fait par Essid  qui permet d'écarter la possibilité de voir le pouvoir exécutif sans commandement.  L'ensemble de ces points a fait l'objet, lundi, d'une rencontre entre le président  de la République, Béji Caid Essebsi, et le chef du gouvernement démissionnaire,  a rapporté l'agence de presse tunisienne TAP.

Parallèlement à cela, le chef de l'Etat tunisien doit, dans un délai  de 10 jours, engager des consultations pour désigner la personnalité la «plus  apte» de former le nouveau gouvernement. Les conjectures vont bon train mais  aucun nom n'a été filtré pour l'heure.

Chez le mouvement Ennahdha, la position concernant la formation d'un  nouveau gouvernement avec un nouveau chef a été déjà fixée. «Nous parions  sur une alternative politique et une équipe qui feront l'objet de négociations  à partir de la semaine prochaine», a déclaré son dirigeant Rached Ghannouchi  cité par la TAP.

Le député du mouvement, Ameur Lariadh, a souligné que le prochain chef  du gouvernement «doit faire l'unanimité autour de sa personne afin qu'il puisse  travailler dans la sérénité à même de l'aider à prendre les décisions audacieuses  qui s'imposent».

Pour sa part, Faycal Khalifa (Nida Tounes) a estimé que «le prochain  chef de gouvernement peut être issu du Nida ou être un des membres du gouvernement  actuel». Il a affirmé aussi que «certains ministres du gouvernement Essid sont  des compétences et qu'il importe des les inclure dans le prochain gouvernement. 

Pour Samira Marai, ministre de la Femme, «l'essentiel est que le prochain  gouvernement puisse répondre aux aspirations des citoyens et servira l'intérêt  du pays».  Le ministre de l'Equipement et de l'Habitat Mohamed Salah Arfaoui a  espéré que le prochain gouvernement «poursuivra le travail et respectera les  principes de dialogue et de concertation sur toutes les questions, conformément  à la constitution».
 
Volets sécuritaire économique, défis capitaux du futur gouvernement

 Si la Tunisie a réussi sa transition politique après la révolution  du 14 janvier 2014, son économie demeure en crise. Aucun des gouvernements qui  se sont succédés depuis, huit en tout, - une moyenne d'un gouvernement chaque  huit mois- n'a trouvé de solutions concrètes à la situation économique et sécuritaire,  selon des analystes.

Le chef du gouvernement démissionnaire, Habib Essid a appelé le prochain  gouvernement « à poursuivre et consolider les efforts en matière de sécurité  car le danger terroriste persiste encore».
Le gouvernement d'union nationale doit être efficace et travailler avec  des idées claires et réalisables, a insisté le président du Conseil national  du parti Afek Tounes, Mohamed Louzir. 

Il a ajouté que le gouvernement devrait être capable d'identifier les  problèmes prioritaires et de les résoudre, à l'instar de ceux que rencontrent  les citoyens au quotidien, la création des postes d'emplois et de lutte contre  la corruption. 

Plus tôt, Mohamed Louzir a estimé, dans une déclaration à la TAP, que  « le gouvernement de Habib Essid a réalisé des succès mais n'est pas parvenu  à accomplir sa mission comme il se doit, compte tenu de la situation difficile  que traverse le pays «.
 
«Des retards techniques» à craindre

 Le départ de M. Essid, un indépendant de 67 ans, après un an et demi  d'exercice, fait craindre un nouvel épisode d'incertitudes en Tunisie qui traverse  déjà une période sensible. Cette rupture en effet est un feuilleton qui a commencé  le 2 juin, lorsque le chef de l'Etat s'est prononcé pour un gouvernement d'union.

L'on commence à parler de «dommages techniques» causés par l'initiative  présidentielle, comme le retard que subiront les élections municipales qui ont  déjà été reportées à plusieurs occasions.

Dans ce sens, le président de l'Instance  supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Chafik Sersar, a annoncé  que le calendrier était tombé à l'eau à cause du retard de l'adoption de la  loi électorale qui devait être adoptée en juin pour qu'elle puisse être publiée  dans le Journal officiel avant le 22 juillet.  

Le futur gouvernement doit inclure l'Union générale tunisienne du travail  (Ugtt), l'Union tunisienne du commerce, de l'industrie et de l'artisanat (Utica)  ainsi que les composantes de la coalition au pouvoir.

«Des indépendants et des  représentants de l'opposition pourraient en faire partie», avait-il ajouté.  Les concertations autour de l'initiative présidentielle avaient abouti,  le 13 juillet, à la signature d'un document de synthèse qui définit les priorités  du gouvernement d'union nationale.