Afrique du Sud : Les Sud-africains aux urnes pour des municipales

Publié par DKNews le 03-08-2016, 14h34 | 33

Les Sud-africains votaient mercredi pour des élections municipales lors desquelles l'opposition pourrait arriver en tête dans plusieurs grandes villes du pays au terme de ce scrutin qui constitue un teste pour  le Congrès National Africain (ANC) au pouvoir, selon les sondages.

Quelques 26 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes à l'ouverture des bureaux de vote à 05h00 GMT et les résultats devraient être connus jeudi.

Trois villes sont au centre de toutes les attentions: la capitale Pretoria, le hub économique Johannesburg et Port Elizabeth, cité industrielle du bord de l'océan Indien.

Dans ces métropoles, la lutte promet d'être serrée entre l'ANC au pouvoir dans la plupart des 278 villes du pays, et l'Alliance Démocratique (DA), le principal parti d'opposition de centre-droit qui gouverne déjà la capitale parlementaire, Le Cap (sud).

Selon les sondages de l'institut Ipsos South Africa, c'est à Port Elizabeth que l'opposition a le plus de chances de remporter le scrutin. Dans cette ville où le chômage bat des records (36% contre 26,7% au niveau national) les «déçus» de l'ANC sont nombreux.

La sécurité a été renforcée dans plusieurs zones du pays pour le scrutin après une campagne marquée par plusieurs incidents violents.
Selon le gouvernement, 13 personnes sont mortes à la suite d'affrontements internes au sein de l'ANC, principalement dans la province du Kwazulu-Natal (est) tandis qu'en juin des émeutes dans des townships de Pretoria avaient fait cinq morts.

Alliance contre l'ANC

C'est finalement un troisième parti qui pourrait jouer le rôle d'arbitre: les Combattants pour la Liberté Economique (EFF), formation de gauche radicale emmené par Julius Malema. Fondé en 2013 par cet ancien leader des jeunes de l'ANC, le parti EFF va participer à son premier scrutin municipal et devrait emporter des parts de l'électorat le plus radical du parti au pouvoir.

Julius Malema n'exclut d'ailleurs pas la possibilité d'une coalition avec un autre parti d'opposition si l'ANC était mise en minorité dans une grande ville. «Nous travaillerons avec toute personne qui est prête à exproprier les terres sans compensation», a-t-il lancé mardi à Pretoria, reprenant l'une des mesures phares de son programme. «Sur le plan idéologique l'EFF est à des kilomètres de la DA.

Mais il va y avoir beaucoup de négociations si l'ANC est mise en minorité», note Judith February.
Un revers de l'ANC dans une grande ville serait un «coup dur» pour le président Jacob Zuma, déjà affaibli depuis plusieurs mois par plusieurs scandales et par la situation économique morose de l'Afrique du Sud.

«Une défaite à Port Elizabeth ou Johannesburg, historiquement peuplées par des travailleurs noirs, serait profondément symbolique pour l'ANC. Le président serait alors beaucoup plus vulnérable», prédit Judith Feburary.

Un demi-siècle de ségrégation raciale

L'Afrique du Sud, puissance incontournable du continent africain, est une démocratie depuis l'abolition de  l'apartheid en 1994 qui fait face à un ralentissement de sa croissance économique depuis quelques années.

L'histoire européenne du pays débute avec l'arrivée des premiers navigateurs portugais au XVe siècle. Le territoire était déjà peuplé depuis plusieurs milliers d'années (Khoïsans, puis Bantous à partir du IVe siècle).

 Un comptoir néerlandais est fondé en 1652 au Cap, à partir duquel se développe une colonie, conquise par les Britanniques en 1806. Dès 1910, la minorité blanche commence à adopter des lois discriminatoires, qui cantonnent les Noirs dans des emplois non qualifiés, limitent leur accès à la terre et autorisent un régime électoral ségrégationniste.

Ces dispositions entraînent la création de mouvements de résistance, dont le Congrès national africain (ANC) en 1912. Mais le droit de vote réservé à la population blanche facilite l'ascension du Parti national, qui remporte les élections de 1948 sur un programme de séparation totale des ethnies: l'apartheid.

Un gouvernement composé d'Afrikaners (les descendants des premiers colons européens protestants qui parlent une langue dérivée du néerlandais) instaure une stricte séparation des races tant géographique que politique, sociale ou culturelle.

En 1990, Nelson Mandela, l'un des dirigeants historiques de la lutte contre le système politique institutionnel de ségrégation raciale (appartheid) est libéré après vingt-sept ans de détention, et son parti, l'ANC, légalisé. Il est devenu président de l'Afrique du Sud de 1994-1999 à la suite des premières élections nationales non ségrégationnistes de l'histoire du pays.

Les dernières lois racistes sont abolies en 1990-91 et des négociations s'engagent pour une transition démocratique.

 En 1994, l'ANC remporte les premières élections multiraciales. Nelson Mandela est alors élu chef de l'Etat par le Parlement et devient le premier président noir du pays. Sa mort, le 5 décembre 2013, suscitera une vague d'émotion et un hommage planétaire. Thabo Mbeki succède à Mandela à la présidence de 1999 jusqu'à son éviction en 2008 sur fond de luttes intestines au sein de l'ANC.

Après les élections d'avril 2009, Jacob Zuma accède à la présidence. Il est reconduit par les députés à la tête du pays en mai 2014, dans la foulée des législatives remportées par l'ANC.