Islam en France : Vers un nouveau "pacte" ?

Publié par Cherbal E-M le 06-08-2016, 14h24 | 53

Le contexte sécuritaire et politique de la France, marqué par le cinglant attentat du 14 juillet dernier sur la promenade des Anglais à Nice pousse l’exécutif français à monter au créneau pour ne pas se faire devancer, notamment par une opposition peu avare en critiques et suggestions, particulièrement sur la gestion du dossier de l’Islam en France.

C’est alors  que la Fondation des œuvres de l’Islam de France (FOIF) se retrouve en plein cœur de l’actualité politique française, avec cependant une appréciation divergente entre le président Hollande et son premier ministre Manuel Valls, sur le financement public des mosquées en France.

Créée en 2005, sous l’impulsion de Dominique de Villepin, premier ministre à l’époque,  elle était destinée à « favoriser la transparence du financement de l’islam et notamment d’encadrer les liens de dépendance financière entre les mosquées et les pays d’origine (principalement le Maroc, l’Algérie et la Turquie) », note le site  http://tempsreel.nouvelobs.com qui précise que pour seul financement, l’association obtint, à l’époque un million d’euros de l’industriel Serge Dassault, Sénateur de l’Essonne.

Depuis, silence absolu de cette association qui devait regrouper toutes les fédérations musulmanes de France. De ce fait, explique ce même site,  « elle a vite été paralysée par les dissensions internes et les rivalités. Elle est restée une coquille vide. Sa dotation de départ n’aurait été que partiellement dépensée ».

Plusieurs tentatives ont été faites par l’exécutif français dans l’espoir de lui insuffler un nouveau rythme. Après les attentats de fin 2015 et janvier dernier, les parlementaires français tenteront de leur côté  de voir de plus près comment s’y prendre sans obtenir de résultats probants.

Depuis les dernières attaques de l’été 2016, le ministère français de l’intérieur a même responsabilisé un haut fonctionnaire pour plancher sur la question. 

Mais voilà que dans une récente tribune publiée, début août sur de grands quotidiens français, le premier ministre Manuel Valls en appelle à un nouveau pacte avec l’Islam de France en préconisant, notamment de remettre sur scelle la Fondation des œuvres de l’islam de France, allant même jusqu’à suggérer un possible financement public.

Convaincu que l’Islam a retrouvé sa place de ‘’deuxième religion de France’’, Valls s’en prend à ceux qui déforment l’image de l’Islam et tentent d’entretenir l’amalgame entre l’Islam et le djihadisme.

Acquis  à l’idée d’en finir avec les financements étrangers, Valls rappelle l’existence de cette Fondation, née il y a un peu plus de dix ans et suggère qu’il  « y a urgence à aider l'islam de France à se débarrasser de ceux qui le minent de l'intérieur.

Pour cela, il nous appartient de bâtir un véritable pacte avec l'islam de France, donnant à la Fondation une place centrale». Une quarantaine de personnalités françaises de confession musulmanes emboitent le pas au premier ministre dans un  appel publié sur  un quotidien français dans lequel elles se disent « «concernés par l'impuissance de l'organisation actuelle de l'islam de France, qui n'a aucune prise sur les événements»

Au lendemain de la parution de la contribution de Manuel Valls, le président français, recevant les journalistes de la presse présidentielle, repousse toute idée de financement de mosquées en rappelant son attachement à la loi de 1905, relative aux associations qui consacre la séparation entre  l’Etat  et  la religion.

Le journaliste du site lexpress.fr note en effet que « le chef de l'Etat a balayé d'un revers de main la proposition formulée par Manuel Valls le jour même dans Libération », rappelant que ce dernier  «  y évoquait l'hypothèse d'une "forme de financement public" pour l'Islam ».

Avec cela, François Hollande voit d’un bon œil l’idée de confier à la FOIF la question du financement du culte musulman en France. Elle est chargée de collecter des fonds privés, précise-t-il, suggérant même,  de manière informelle, le nom de Jean Pierre Chevènement, ancien ministre socialiste, pour la diriger.

Confirmée par le porte-parole du gouvernement, la proposition de Hollande a suscité de nombreuse critiques y compris au sein du gouvernement, où la ministre des rois des femmes trouve que le bon candidat à cette mission « c’est d’abord quelqu’un de culture musulmane, qui ait une connaissance de la subtilité humaine de l’islam, quelqu’un de laïc, et peut-être le meilleur profil, ce serait une femme également », affirme-t-elle sur une radio.

De son côté, la sénatrice du centre, chargée  de rédiger un rapport sur l’organisation et le financement de l’islam en France, s’est interrogé sur Twitter : « Il n’y a pas de Français de confession musulmane à la hauteur ? ».