Nouveaux usages de drone civil : Des limites à repousser

Publié par Samy YACINE le 07-08-2016, 16h02 | 75

L’accord que viennent de singer le gouvernement américain et le géant Google pour une nouvelle expérimentation de drones à usage civil remet les projecteurs de l’actualité sur cet appareil objet autant d’admiration que de craintes et d’appréhension.

La presse rappelle, à propos, que lors du dernier show mondial de l’électronique grand public, tenu à Las Vegas, en janvier dernier, c’est un drone de fabrication chinoise qui a tenu la vedette.

Le prototype de la société chinoise Ehang a en effet démontré d’étonnantes capacités technologiques pour assurer  le transport d’un passager humain sur une distance de 15 kilomètres, le tout en commande automatique au décollage, durant le vol et à l’atterrissage.

Proposé pour un prix situé entre 200000 et 300000 dollars l’unité, ce modèle n’est pas prêt d’envahir le marché même si des attentes importantes se dessinent sur ce marché.

D’après les indications fournies par un rapport de la société  Radiant Insights, « il devrait passer de 609 millions de dollars en 2014 à 4,8 milliards en 2020 », souligne le site www.zdnet.fr qui rapporte, à l’instar de la plupart des organes de la presse internationale cette nouvelle annoncée par le gouvernement américain, le 2 août dernier, d’un accord conclu entre lui et la société Google, destiné à encourager l’expérimentation de drones destinés à la distribution de marchandises.

C’est à l’administration américaine de l’aviation (FAA) que revient la mission de confier à Google un de ses six sites d’essai des drones  pour mettre en expérience ses prototypes nés de son projet Wing lancé depuis 2014 ;

Le but de l’exercice est de permettre à Google d’’en savoir un peu plus  sr les conditions réelles de « transport de paquets placés à l’extérieur du drone ou l’opération des appareils en dehors du champ de vision de leur opérateur », à charge pour lui de partager en  retour le fruit de ses expériences avec l‘administration américaine.

Bien avant lui, le gouvernement américain avait déjà donné son feu vert pour des essais de drones à usage civil, notamment pour la chaîne de télévision CNN puis le grand commerçant de l’internet Amazon.

Les observateurs notent que ce redéploiement de l’usage des drones aux Etats Unis et ailleurs a pour origine une amélioration de l’environnent économique et surtout réglementaire. Aux Etats Unis,  Les récentes améliorations apportées à l’arsenal législatif ont beaucoup aidé l’initiative privée dans  ce domaine où le modèle économique n’est pas encore stabilisé.

L’assouplissement annoncé en juin dernier par la FAA porte essentiellement sur la suppression des autorisations nécessaires pour l’utilisation des drones. « Jusqu’alors, il était nécessaire d’être titulaire d’un brevet de pilote et de solliciter des autorisations de vol, démarche souvent longue, indique  le blog http://drones.blog.lemonde.fr avant d’ajouter que maintenant,  « ces obligations sont levées: il faudra déclarer les drones, les enregistrer en ligne et leurs utilisateurs devront passer tous les deux ans un test de compétences. » 

L’auteur de ce papier précise néanmoins que  s’agissant des  « zones sensibles, notamment celles situées près des aéroports, il sera toujours nécessaire de demander une autorisation mais l’Administration s’est engagée à donner une réponse sous dix jours ».

Pour l’altitude de vol, l’administration américaine reste toujours à moins de 150 mètres et exige également que le drone vole dans le champ de vissons de son opérateur. Malgré ces restrictions encore en vigueur, l’assouplissement de la législation américaine a été bien accueilli.

Le patron de l’association  AUVSI (Association of Unmanned Vehicule System International Trade Group), représentant les entreprises de ce secteur a considéré  « ce texte comme un jalon significatif », au moment où le porte-parole du président Obama indiquait  que c’est « juste le début du processus; nous allons continuer à travailler étroitement avec le secteur privé car le président a clairement indiqué que les succès futurs de notre économie dépendront de notre capacité à innover.»

Un patron français de boite spécialisée dans les drones, mais installée aux Etats Unis a donné son point de vue sur http://drones.blog.lemonde.fr,  où il estime que le poids de la législation et des comportements des administrations est une contrainte importante à prendre en charge pour espérer faire avancer la recherche et l’expérimentation de ces appareils.

A ses yeux, «la question de l’essor des drones en France n’est pas tant réglementaire que culturelle » ; il illustre ainsi son constat : « Aux Etats-Unis, poursuit-il, les clients ont compris l’intérêt des drones et ce qu’ils nous demandent, c’est d’être opérationnels, y compris à grande échelle. En France, les donneurs d’ordre avancent pas à pas, précautionneusement, ce qui ne permet pas aux opérateurs d’avancer rapidement».

Pour sa part, le site du quotidien français liberation.fr a mis en ligne fin octobre dernier, une analyse, sous le titre  ‘’Livraison par drone : des promesses en l'air’’, dans laquelle il revient en détail sur les défis qui se posent encore à l’usage généralisé du drone civil.

Outre des problèmes techniques de capacité d’autonomie, qui ne lui permettent pas d’aller au-delà d’une bonne dizaine de kilomètres,  les sociétés activant sur ce marché n’ont pas encore pu ou su imaginer un système concerté capable de garantir l’évitement des collisions.

Le drone reste également tributaire de l’intervention de l’élément humain, selon l’auteur de ce papier  qui souligne les avancées faites sur les taches automatisées pour conclure que « la livraison par drone se passera difficilement d’un coup de pouce humain. »

L’analyse met aussi en relief le poids du cadre légal toujours rigide, pour des soucis compréhensibles de sécurité, ainsi que l’absence d’un modèle économique fiable pouvant assurer une exploitation commerciale du drone.