Surdité de l’enfant : quand s’inquiéter ?

Publié par DK News le 08-08-2016, 16h22 | 108

Au moins 1 enfant sur 800 naît avec un grave problème de surdité. Pourtant, elle n'est souvent dépistée qu'après le premier anniversaire. Y a t-il des signes à ne pas négliger ?

Pendant longtemps, seuls les nouveaux-nés présentant un facteur de risques étaient soumis à un dépistage d’office de la surdité. Le hic, c’est qu’au moins la moitié des surdités néonatales ne sont pas liées à un facteur de risques. Et que 90 % des bébés nés sourds ont des parents sans problème particulier d’ouïe. Du coup, pendant des générations, beaucoup de surdité néonatales n’étaient pas dépistées à la maternité.

Le bébé grandit et les parents commencent à s’inquiéter au bout de la première année, en cas de surdité profonde. Qui finit par faire l’objet d’un dépistage entre 12 et 18 mois. Quand la surdité est plus légère, c’est seulement vers l’âge de 23 mois que l’enfant subit un examen poussé.

Les surdités légères ou moyennes ne seront diagnostiquées que vers l’âge de 3 ans quand l’enfant fait répéter souvent ou prononce mal les mots. Quelles que soient l’origine et la gravité de la surdité, le dépistage tardif a pour conséquence de provoquer un retard évident sur l’acquisition du langage, l’autonomie et la socialisation de l’enfant.

Les signes d’alerte
Avant 3 mois bébé ne sursaute pas aux bruits soudains, dort profondément.
A partir de 6 mois bébé ne gazouille pas ou peu, ne cherche pas des yeux l’origine du son si elle n’est pas visible.

Entre 9 et 12 mois bébé ne réagit pas à une demande quand elle n’est pas associée à un geste ou une mimique ; il ne prononce pas des syllabes associées (papapa, ba-ba, ma-ma...)
A partir de 12 mois : il ne baragouine pas quelques mots de base et usuels (ga-to).
A 18 mois bébé ne sait pas désigner un objet ou une partie de son corps.
A 2 ans Pas de mots associés aux images ou d’association de mots évoquant une situation (maman partie).
A 3 ans A l’école, il ne comprend pas les consignes nécessitant explication.
A 4 ans Il articule mal.
A partir de 5 ans Il vit dans un monde bruyant (monte le son de la télé, de la radio, parle fort…), fait répéter souvent, n’entend que les sons graves, a des difficultés scolaires…

Surdité : quand la dépister ?
Entre 2005 et 2007, un programme expérimental de dépistage précoce de la surdité a été mené par la Caisse nationale d’Assurance maladie, en partenariat avec l’Association française de dépistage et de prévention des handicaps de l’enfant.

Dans six maternités pilote, le dépistage néonatal a donc été rendu systématique. Au vu des résultats, la Haute Autorité de santé (HAS) a estimé utile d’étendre ce dépistage néonatal à tous les nouveaux-nés. Un an plus tard, en janvier 2008, le Conseil national d’éthique émettait l’avis contraire, estimant que « la détection très précoce de la surdité présenterait beaucoup plus d’inconvénient que d’avantages ».

Et préconise de laisser du temps au temps, avec une évaluation continue du handicap et des alternatives de choix proposées aux parents afin d’évaluer l’intérêt ou non d’une surmédicalisation de la surdité. A l’heure actuelle, le dépistage reste recommandé... mais ce sont aux parents de choisir.

Les raisons du veto
Le taux d’erreur. Une étude menée sur dix ans a relevé des erreurs dans le dépistage précoce de la surdité chez des bébés. Evalués positifs au test de la surdité le 1er jour de la naissance, ils se sont révélés a posteriori autistes. Et pourtant, on leur a quand même posé tout-petit un implant cochléaire.

Evaluation continue. Le CCNE privilégie une évaluation des capacités auditives au 3ème jour de la vie jusqu’au 28eme jour, afin de repérer les enfants les bébés nécessitant un examen plus approfondi.
L’appareillage quasi obligé. Le dépistage systématique encouragerait les parents à accepter un appareillage presque automatique de l’enfant sourd ou l’implant cochléaire alors que le CCNE privilégie l’apprentissage de la langue des signes, associée à un appareillage.

Le risque de rejet. Dépistage et appareillage trop précoce ne permet pas aux parents de se faire à l’idée du handicap et d’être accompagnés en ce sens afin d’éviter un rejet du "bébé non idéal".


 

Quel traitement pour la surdité chez l'enfant ?

Une surdité a été diagnostiquée chez votre enfant ? Devra-t-il porter un appareil auditif ou un implant cochléaire ? Pourra-t-il apprendre à parler ? Les réponses des experts sur les traitements de la surdité chez l'enfant.

Aujourd'hui, il n'y a plus à hésiter entre langue des signes et appareillage pour les enfants atteints de surdité : les enfants sont presque tous appareillés. Reste la question du choix du dispositif qui dépend du niveau de surdité. Mais une correction auditive n'exclut pas l'apprentissage de la langue des signes.

Au contraire, sa maîtrise peut permettre à l'enfant de comprendre les informations et de communiquer avec ses parents, ou d'autres enfants sourds, avant de pouvoir pleinement utiliser son implant, par exemple. Elle peut être enseignée dès l'âge de 7-8 mois.

Pour les surdités légère à moyennes : un appareil auditif
Les prothèses auditives amplifient les sons. Elles sont prescrites par l'ORL, mais c'est l'audioprothésiste qui les choisit, les adapte et les règle. Les appareils généralement recommandés sont des contours d'oreille, (même chez les bébés), désormais très discrets. La phase d'adaptation nécessite une collaboration étroite entre les parents et l'audioprothésiste, notamment lorsque l'enfant est très jeune. Un contrôle est indispensable tous les 3 mois jusqu'à 2 ans, puis tous les six mois jusqu'à 6 ans, et une fois par an. Si l'appareil se révèle insuffisant et ne permet pas le bon développement du langage, l'implant cochléaire peut être envisagé.

Pour les surdités sévères à profondes : un implant cochléaire
L'implant cochléaire est indiqué dans les cas de surdité sévère à profonde des deux oreilles. « Mais on ne le propose jamais d'emblée et il ne peut être posé avant l'âge de 6 mois, précise le Dr Natalie Loundon, spécialiste de la surdité infantile. Cela permet aux parents de prendre en main la pathologie de leur enfant, mais aussi de voir les apports et les limites des prothèses auditives. »
Le système est constitué d'une partie interne, implantée chirurgicalement dans la cochlée (organe de l'oreille interne), et d'une partie externe mobile (contour d'oreille ou boîtier).

L'intervention dure 90 minutes et nécessite 2 à 4 jours d'hospitalisation. La pose s'effectue en général d'un seul côté. « La motivation de la famille est essentielle, car une rééducation orthophonique est indispensable, souligne le Dr Sandrine Marlin, spécialiste en génétique de la surdité.
On n'entend pas comme un entendant. L 'enfant doit apprendre à comprendre les sons qu'il reçoit ». L'âge de l'implantation, avant 3 ans, est une condition de la réussite.