Tourisme en France : Paris paie un lourd tribut

Publié par Cherbal E-M le 09-08-2016, 17h15 | 49

La saison estivale n’est pas encore terminée que les premiers chiffres sur le recul des résultats  du secteur du tourisme en France  font l’objet d’un débat politique et médiatique, révélateur du poids de ce secteur dans la vie socioéconomique du pays.

A l’occasion d’une interview  du secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur et de la promotion du tourisme, la vérité des chiffres a parlé pour nous apprendre que le total des nuitées des touristes étrangers, cumulées sur le premier semestre 2016, a baissé de 10%.

« Une clientèle à fort pouvoir d'achat en provenance des Etats-Unis, d'Asie ou du Golfe a fortement réagi aux attentats. Les hôtels haut de gamme souffrent davantage», a  fait savoir  Matthias Fekl, secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur et de la promotion du tourisme dans son interview au Journal Du Dimanche (JDD), ajoutant, « heureusement 80% des visiteurs sont des Européens qui maintiennent leurs vacances.»

Au même moment, la presse française se fait l’écho d’une étude comparative du nombre de touristes ayant visité la France, estimé à 85 millions en 2015, et qui devrait certainement connaître une réduction cette année, d’autant que, comme le souligne le site www.metronews.fr, « une baisse de 20% de réservations de vols vers la France a été enregistrée pour les mois d'août et septembre. »

Convaincu que la France a les moyens de parvenir au record de 100 millions de touristes à l’horizon 2020, comme s’y est engagé le gouvernement français, Matthias Fekl ne se prive pas d’un petit cocorico en soulignant que, malgré le contexte sécuritaire, en  «2015 la France a battu un record de fréquentation alors qu'il y avait déjà des attentats.

Les médias du monde entier ont montré l'unité du peuple français. Soyons fiers de notre art de vivre. Bien sûr la concurrence des autres pays est rude. La France doit rester la première destination mondiale avec une offre variée, à la fois haut de gamme et populaire, culturelle, gastronomique, sportive. »

Nonobstant ce petit satisfecit, les observateurs notent que la ville de Paris et la région Ile de France ont le plus souffert de ce ralentissement des vagues de touristes étrangers.

« La baisse du nombre de touristes étrangers, notamment des voyageurs japonais, est importante à Paris et en Ile-de-France, région particulièrement touchée à la suite des attentats de 2015 », rapporte le site  www.lexpress.fr qui évoque une diminution du nombre de touristes « qui s'est essentiellement concentrée sur la capitale, où la fréquentation des voyageurs japonais a chuté de 56%, selon les chiffres du Comité régional du tourisme Paris-Ile-de-France (CRT) évoqués par BFMTV». 

Cependant, la lecture de certains rapports de presse fait état de problèmes autres que le terrorisme, qui seraient à l’origine d’appréhension, voire même de fuite des touristes étrangers.

« Entre les mois de mars et d'avril, Paris a été le théâtre de plusieurs agressions de pickpockets touchant les touristes, entraînant notamment une grève retentissante au musée du Louvre en avril », indique le site www.huffingtonpost.fr qui évoque un véritable plan de ‘’bataille’’ mis en œuvre par la préfecture de police de Paris dans le but de « lutter plus efficacement contre ces phénomènes de délinquance touchant les principaux lieux touristiques de la capitale qui accueille chaque année 30 millions de touristes. »

Les observateurs notent en effet que la communauté des touristes chinois est particulièrement ciblée par des actes d’agression, au point d’ailleurs où le sujet a  été évoqué par le président chinois  à l’occasion de la visite de François Hollande à Pékin au printemps dernier.

D’après huffingtonpost.fr, le premier ministre Valls a reconnu une « augmentation incontestable (d'agressions, ndlr) visant ces touristes-là (...) Je suis prudent car je veux qu'ils viennent (...) Mais je ne peux pas nier qu'il y ait eu des agressions à l'égard de touristes asiatiques » ; ce qui ne l’empêche pas de faire  dans l’élan marketing, pour crier fort que ‘’Paris est une ville sûre’’.