Birmanie: L'ONU craint une crise sanitaire dans l'ouest du pays

Publié par Dknews le 04-04-2014, 17h38 | 20

L'ONU a prévenu jeudi que plus de 800.000 personnes étaient privées d'accès aux soins dans l'ouest de la Birmanie, depuis le départ des travailleurs humanitaires, évoquant le sort de centaines d'enfants privés de soins vitaux.

Des foules bouddhistes s'en sont prises la semaine dernière à des représentations de l'ONU et d'ONG humanitaires, qu'elles accusent de soutenir les musulmans, dans la capitale régionale Sittwe, contraignant les Nations unies à retirer une cinquantaine de leur personnel international et local de cette région. Ces incidents interviennent alors que les tensions sont au plus haut dans l'Etat Rakhine, secoué depuis 2012 par des violences communautaires visant principalement les musulmans de la minorité apatride des Rohingyas, des violences qui avaient fait plus de 200 morts et 140.000 déplacés, essentiellement des musulmans.

L'accès aux soins pour les 140.000 déplacés vivant dans des camps et plus de 700.000 personnes vulnérables est «sérieusement entravé», a dénoncé Liviu Vedrasco, de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), dans un communiqué commun avec des organisations humanitaires. Nombre des personnes déplacées sont des musulmans rohingyas, minorité apatride reconnue par l'ONU comme l'une des plus persécutées au monde et privée de droits en Birmanie.

Ils dépendent complètement de l'aide humanitaire, tarie depuis que les ONG internationales ont été l'objet d'attaques sans précédent dans la région par des bouddhistes nationalistes, selon l'ONU.
«Des traitements pour plus de 300 enfants souffrant de malnutrition sévère ne sont plus distribués dans la capitale régionale, Sittwe», précise le communiqué de l'ONU.

«Sans le rétablissement immédiat et complet d'un environnement de sécurité permettant de rétablir cette assistance vitale, la situation humanitaire va se dégrader rapidement», précise Kelland Stevenson, responsable en Birmanie de l'ONG Save the children. C'est la première fois que les humanitaires sont contraints de se retirer de l'Etat Rakhine, après des menaces contre leurs employés, dans le cadre d'une campagne d'intimidation menée par des nationalistes bouddhistes.