Présidentielle 2017 en France ça se bouscule à droite

Publié par Chebal E-M le 28-08-2016, 17h52 | 25

Comme il fallait s’y attendre, Nicolas Sarkozy ne déroge pas à ses habitudes, annonce sa candidature à la primaire de droite dans un show médiatique et politique basé sur une véritable «karshérisation» de l’exécutif actuel et de son plus sérieux rival de droite, Alain Juppé, demeuré toujours favori des sondages pour la prochaine présidentielle de 2017.

A l’occasion de la sortie d’un autre livre, «Tout pour la France», il revient sur scène en cette fin de mois d’août, pour dire qu’il a bien mesuré la démarche : «Rarement dans ma vie ai-je aussi profondément réfléchi aux conséquences d’une décision. J’ai hésité. J’ai retourné les données du débat dans tous les sens...

Et finalement j’ai décidé. Ce fut  comme un soulagement car l’évidence s’était imposée. J’ai senti que j’avais la force de mener ce combat à un moment si tourmenté de notre histoire», écrit-il dans son livre édité par Plon et dans lequel il  dit tout ce qu’il compte faire, partant de l’idée que «la France exige qu’on lui donne tout».

Deux principales cibles ont été choisies pour bâtir sa stratégie de campagne et tenter de se représenter sous une autre image que celle d’un «has been» qui le poursuit depuis sa défaite de 2012.

Misant sur son expérience présidentielle, Sarkozy  s’appuie sur certains thèmes susceptibles d’aguicher l’électorat des bords extrêmes  de la droite, notamment l’identité et le burkini,  s’en prend à Juppé jugé «mou et naïf» et amorce un «détricotage» de toutes les actions fondamentales réalisées par François Hollande en leur promettant une sérieuse remise en cause, à l’exception de la mesure phare du «mariage pour tous» sur laquelle il a effectué un virage total.

Rien n’y fait pourtant, la candidature à peine annoncée que les chiffres des sondages renvoient l’image d’une entrée en la matière ratée. « 66% des Français estiment que Nicolas Sarkozy n'a pas réussi son entrée en campagne (47% chez les sympathisants de droite et 79% chez ceux de gauche sont de cet avis)», constate le site huffingtonpost.fr qui souligne également que « Nicolas Sarkozy (24% en août, contre 26% en juin) reste nettement distancé par Alain Juppé qui reste stable à 38% des intentions de vote», comme pour rappeler que le cauchemar de Sarkozy est toujours vivace.

Attaqué pour son âge, sa «mollesse», son concept de «l’identité heureuse, Alain Juppé n’a pas manqué de vigueur ce week-end pour apporter la contradiction et essayer de porter  le débat sur le terrain des idées, là où Sarkozy aura toutes les peines du monde à l’affronter ; lui que le site huffingtonpost.fr voit plus «homme de marketing politique que d'action politique, plus homme de campagne et de bataille à chaud qu'homme d'Etat qui cultive la sobriété médiatique, le recul et le sang- froid, l'ancien chef de l'Etat, comme l'ère médiatique, est dans l'instant court, les séquences limitées, qui permettent toutes les contorsions pour plaire au public du moment».

Ceci étant, les analystes s’accordent à considérer qu’hormis l’effet médiatique, la candidature de Sarkozy risque de subir les pesanteurs des nombreux freins auxquels il devra faire face. Tout comme Hollande il aura à répondre de son bilan présidentiel qu’il n’a jamais voulu faire et qu’il refuse toujours d’assumer. Il est difficilement concevable de convaincre sur un programme et des idées pour lesquels les Français l’ont sanctionné en 2012.

Le candidat aura également à s’expliquer sur une série d’affaires l’impliquant ainsi que certains de ses lieutenants et sur lesquelles la justice travaille toujours.

Le nombre et la qualité de ses concurrents de droite  sont par ailleurs des données à ne pas sous-estimer, tant la lutte sera difficile avec des candidats qui l’ont connu et côtoyé, sans compter l’opposition farouche de François Bayrou, qui promet de se porter candidat dans le seul  cas d’une  victoire de Sarkozy aux primaires. Une donnée qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur les espoirs de Sarkozy.