Birmanie : Ouverture de la Conférence de paix de Panglong à Naypyidaw, l'ONU inquiète du sort de la minorité Rohingyas

Publié par DKNews le 31-08-2016, 17h16 | 73

La Conférence de paix de Panglong du XXIe siècle, qui vise à unir tous les groupes ethniques et à construire une union démocratique fédérale en Birmanie par le biais du dialogue, a débuté hier à Naypyidaw, en présence du secrétaire général de l'ONU qui s'inquiète des violations des droits des Rohingyas dans ce pays.

Ces pourparlers de paix ont été baptisés «Panglong du XXIe siècle», en référence à un accord historique auquel était parvenu en 1947 le général Aung San, père d'Aung San Suu Kyi et héros de l'indépendance birmane vis-à-vis de la puissance coloniale britannique.

Il avait réussi à faire signer par les principales rébellions cet accord jetant les bases d'un système fédéral, sitôt l'indépendance acquise.

Le président birman Htin Kyaw et deux vice-présidents ont assisté à la cérémonie d'ouverture de cette conférence historique de quatre jours qui a permis de rassembler environ 1.600 représentants du gouvernement, du Parlement, de l'armée, des partis politiques invités, des organisations ethniques armées et non-armées et de la société civile, selon des responsables.

Parmi les 17 organisations ethniques armées présentes, figurent notamment huit signataires et sept non-signataires de l'Accord national de cessez-le-feu, représenté par le Conseil fédéral des nationalités unies (CFNU), ainsi que les groupes de Mongla et de Wa.

Des agences des Nations Unies et des diplomates étrangers basés en Birmanie participent également à la conférence.

Des réunions par groupe auront lieu dans les journées suivant la conférence, selon le programme.

Ban interpelle les participants sur la question des droits des Rohingyas

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé mardi le gouvernement d'Aung San Suu Kyi à accorder la citoyenneté aux centaines de milliers de Rohingyas du pays, minorité musulmane ostracisée. 

«J'ai relayé les inquiétudes de la communauté internationale concernant les dizaines de milliers de personnes qui vivent dans des conditions très dures dans des camps depuis plus de quatre ans», a déclaré Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse conjointe avec Mme Aung San à Naypyidaw, la capitale administrative birmane.

«Des gens qui habitent dans ce pays depuis des générations devraient avoir le même statut légal et la même citoyenneté que tous les autres», a-t-il ajouté.

La minorité rohingya, forte de près d'un million de personnes, reste considérée comme composée d'immigrés illégaux du Bangladesh voisin, même si certains sont en Birmanie depuis des générations.
Nombre d'entre eux vivent dans des camps dans l'ouest du pays, depuis des violences intercommunautaires meurtrières en 2012.

La tension reste vive depuis, sous l'influence de nationalistes bouddhistes, et même Aung San Suu Kyi évite de prendre position sur le sujet.

«La question est plus large que le droit de la communauté rohingya à choisir la façon dont elle s'identifie», a insisté Ban Ki-moon, utilisant le terme de «rohingya», revendiqué par la communauté mais tabou en Birmanie. Même Aung San Suu Kyi se refuse à le prononcer.

«Chaque habitant de Birmanie, quelle que soit son ethnie et son passé, devrait pouvoir vivre en toute égalité et harmonie au côté de ses voisins», a plaidé le secrétaire général de l'ONU.
La question des Rohingyas n'est pas au menu des discussions.

Aung San Suu Kyi a fait appel à l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan pour l'aider à résoudre l'épineux conflit autour de cette minorité musulmane. Il est attendu en Birmanie début septembre.
Dans un rapport récent, l'ONU s'est inquiétée des violations des droits des Rohingyas en Birmanie, notamment le déni de citoyenneté, le travail forcé et des violences sexuelles, jugeant qu'elles pourraient être considérées comme des «crimes contre l'humanité».