Thaïlande-Birmanie : Trente-cinq ans de prison en Thaïlande pour un passeur de migrants

Publié par DKNews le 02-09-2016, 16h43 | 32

Un Thaïlandais accusé d'avoir été à la tête d'un important réseau de passeurs ayant abusé de la détresse des Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie, a été condamné à 35 ans de prison, ont annoncé les autorités jeudi.

Sunand Saengthong a été condamné mercredi par un tribunal de Pak Phanang, dans le sud de la Thaïlande, qui a conclu qu'il était "un maître d'oeuvre du trafic de Rohingyas", sur la base de témoignages et de traces de versements sur son compte.

Lors de son interpellation en janvier à l'occasion d'un raid, des Rohingyas avaient été découverts entassés dans des véhicules, certains étaient morts de suffocation, a rappelé l'Asian Human Rights Commission, qui a suivi le procès.

Le sud de la Thaïlande, à la frontière de la Malaisie, a été pendant des années une plaque-tournante de ce trafic, alimenté par les Rohingyas fuyant les persécutions dont ils sont victimes en Birmanie, mais aussi des Bangladais fuyant la misère.

Mais depuis l'an dernier, la junte militaire au pouvoir à Bangkok a décidé de mettre fin à ce commerce très lucratif, auquel des responsables des forces de l'ordre étaient associés.

Ce tour de vis s'était traduit par une crise en mai 2015, quand de nombreux bateaux venant de Birmanie et du Bangladesh ont été abandonnés par les passeurs, au large des côtes thaïlandaises. Des camps de transit dans la jungle du sud de la Thaïlande avaient aussi été découverts, avec des charniers de migrants vraisemblablement trop faibles pour poursuivre leur odyssée.

Plus d'une centaine de trafiquants, dont un général, ont été arrêtés en Thaïlande dans le cadre de ce durcissement de la politique du gouvernement.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé mardi le gouvernement d'Aung San Suu Kyi en Birmanie à accorder la citoyenneté aux centaines de milliers de Rohingyas du pays. Nombre d'entre eux vivent dans des camps dans l'ouest du pays, depuis des violences meurtrières en 2012 menées par des nationalistes bouddhistes. Ils n'ont pas de passeport, pas d'accès à l'éducation et au marché du travail, et la Malaisie fait figure d'eldorado pour nombre d'entre eux.