10e Festival diwan : La jeune génération investi progressivement la scène

Publié par DKNews le 07-09-2016, 16h31 | 63

Le 10e festival national de musique diwan qui a pris fin mardi soir à Béchar aura été marqué l’émergence d’un grand nombre de jeunes talents, se produisant devant un public toujours aussi fidèle à cette manifestation malgré plusieurs chamboulements dans son organisation.

En compétition ou en dehors, plusieurs jeunes troupes- dont certaines créées spécialement pour cet unique événement musical de la région lancé vendredi dernier- on fait preuve d’une grande maîtrise musicale sur des styles différents.

Des troupes comme les «Jil Diwan El Kandoussi» de la localité de Kenadsa, «Houda Diwan» de Tlemcen, ou encore «Diwan Essarab» de Tindouf ont fait montre d’une grande assiduité dans la préparation de leurs passages, malgré une moyenne d’âge ne dépassant pas 25 ans pour certaines.

Trois écoles de formation reconnues se sont affrontées cette année, par disciples interposés, à savoir l’école de Kenadsa qui a déjà présenté d’autres troupes primées, celle de Mâallem Houari d’Oran qui a produit deux troupes différentes cette année et celle de Mâallem Ismail de Tindouf qui a lui-même introduit le diwan dans cette région où le rituel n’a jamais existé.

Le travail de deux de ces jeunes formations a été récompensé par la première place de la compétition pour «Jil Diwan El Kandoussi» et la troisième pour «Diwan Essarab».  Ces lauréats se produiront à Alger lors du 9e Festival international de musique diwan, prévu pour l'été 2017. 

Après avoir été contraints de reporter le festival, initialement programmé au mois de mai, d’en changer le lieu vers un autre stade de la ville et d’en réduire la durée (5 jours au lieu de 7), les organisateurs avaient exprimé leur «crainte de voir le public se désintéresser» de cette manifestation inaugurée à la veille de la rentrée scolaire.

Les familles et la jeunesse de Béchar ont toutefois fait le déplacement, en grand nombre, à chaque soirée de cette édition et avaient occupé le stade du 18 février jusqu’à des heures très tardives.

Plusieurs spectateurs avaient cependant regretté la «courte durée» du festival et sa programmation «moins riche que celle des précédentes éditions» qui avaient vu se produire des Mâallem étrangers et des groupes algériens parmi les plus en vue. 

D'autres spectateurs ont, par ailleurs, salué la délocalisation de l’événement vers le stade olympique du 18 février qui offre, estiment-il, «de bien meilleures conditions d’accueil et de sonorisation».

Transmission, classement et valorisation

Outre des spectacles quotidiens, le festival a également offert un espace de réflexion sur le diwan et son devenir ainsi que sur l’organisation même du festival, avec la participation de quatre universitaires qui ont discuté des possibilités d’exploiter la musique dans un projet de relance touristique.

Cette édition aura également été l’occasion de lancer des pistes de réflexion sérieuses sur les procédures de classement du diwan au patrimoine culturel immatériel national avec la création annoncée d’une «association fédératrice des détenteurs» de ce legs et la valorisation de ce dernier par l’élaboration en cours de «publications scientifiques» et en encourageant la tenu de wâadat (fêtes traditionnelles) au niveau local, a expliqué le commissaire du festival Hamdani Ammari. 

Cette future organisation devra par la suite initier des événements artistiques et scientifiques autour du diwan, chercher des financements et des sponsors et surtout collaborer avec les équipes de chercheurs spécialisés, a-t-il fait savoir. 

A travers la compétition, le festival souhaite mettre en valeur et collecter les textes rares, en plus de continuer à encourager la formation des jeunes troupes, un travail qui a déjà commencé à porter ses fruits, comme en témoigne le palmarès de cette édition anniversaire.