Médias et politique en France : Rififi sur « Envoyé spécial »

Publié par Cherbal E-M le 10-09-2016, 16h29 | 192

Un nouvel épisode de l’émission d’information ‘’Envoyé spécial’’ de la chaîne de télévision publique française France2 secoue actuellement le microcosme médiatico-politique français.

Et pour cause, l’équipe rédactionnelle de l’émission a effectué un travail d’investigation sur l’affaire dite Bigmalion, du nom de cette agence de communication que Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir utilisé, durant la campagne des présidentielles de 2012, pour  faire supporter des dépenses en dépassement du plafond légal autorisé.

Même s’il ne contient pas de révélations nouvelles sur ce dossier, le « sujet repose notamment sur un long témoignage de Franck Attal, un des fondateurs de l’agence de communication soupçonnée d’avoir permis un financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. », fait remarquer le site du quotidien lemonde.fr qui ajoute que « ce témoignage pointerait la responsabilité de l’UMP, et donc de M. Sarkozy ».

Ce n’est pas tant le sujet qui semble poser problème, mais beaucoup plus le timing choisi pour sa diffusion, annoncée pour le 29 septembre prochain. 

Cette affaire surgit  quelques semaines après la polémique suscitée par le traitement d’une prestation télévisée de François Hollande,  par l’équipe de la direction de l’information, dirigée par Michel Field, objet de critiques et  de contestation  par une partie des journalistes. 

Mais aussi quelques jours après une demande du parquet de Paris  visant à renvoyer l’ancien président français en correctionnelle, suite à un travail d’enquête qui a donné aux policiers la certitude que sa responsabilité est « pleinement engagée du chef de financement illégal de campagne car il était démontré qu’il avait donné, en connaissance de cause, des instructions en faveur d’une augmentation des dépenses, au mépris des recommandations contraires des experts comptables », note un document de l’enquête auquel le site lemonde.fr a eu accès.

L’émission en question a été programmée en juillet dernier avec l’aval de Michel Field, et  la participation de la nouvelle équipe de journalistes en charge de sa production.

Elle n’est toujours pas encore compétemment achevée  d’autant que Nicolas Sarkozy n’y est pas encore intervenu. Après avoir agrée le projet, Michel Field revient quelques jours plus tard sur le sujet en mentionnant quelques problèmes par rapport à la date  retenue.

En effet,  « le directeur de l’information a fait valoir que cette date posait problème, car incluse dans la période de campagne de la primaire de la droite et du centre, qui commence officiellement le 21 septembre », note lemonde.fr  qui rapporte les propos de Michel Fields disant ne pas vouloir « que France Télévisions puisse être soupçonnée et instrumentalisée dans cette campagne.»

Les deux journalistes, présentateurs de l’émission contestent vivement le choix du directeur de l’information de décaler la programmation, convaincus qu’ils sont que  la nouvelle date implicitement suggérée se situerait en début décembre.

Ils y voient une manœuvre  de sa part pour ne pas compromettre les engagements de Sarkozy de venir sur le plateau d’une nouvelle émission politique prévue pour le 15 septembre. Alors que des informations de presse font état de menaces de l’équipe de Sarkozy de boycotter le programme en  cas de maintien de l’émission à la date prévue, son staff chargé de la communication réfute tout cela et se  place  sur le terrain de l’éthique.

En approchant l’équipe de Sarkozy, les journalistes auraient indiqué vouloir «réaliser un documentaire sur la mise en place du comité financier du parti et les efforts de transparence réalisés depuis 2012 », note lemonde.fr.

La chargée de communication de  Sarkzoy  a admis avoir menacé de retirer toute participation de son équipe au tournage de l’émission dès qu’elle s’est aperçue que e sujet principal tournait autour de Bigmalion.. Cependant, elle nie toute intervention de l’ancien président dans cette affaire. La direction de la chaîne a fini par se saisir de l’affaire, dans l’espoir de trouver une sortie acceptable pour tous.  

Entre une nouvelle proposition de faire passer le sujet le 8 septembre après le JT de 20 heures, refusée par les journalistes, qui veulent maintenir la date du 29 septembre, le temps de terminer le numéro, la directrice générale de France2  a décidé de faire passer un extrait du témoignage recueilli le jeudi prochain, lors du JT de 20 heures.

 Quant au numéro entier de l’émission, sa programmation se fera «quand ce sera le meilleur moment, en fonction de l’actualité » explique son entourage.