Syrie : La Russie accuse les Etats-Unis d'avoir violé la trêve

Publié par DKNews le 18-09-2016, 16h16 | 62

La Russie a accusé samedi les Etats-Unis d'avoir violé leur accord bilatéral de cessez-le-feu en Syrie, déclarant que les raids américains lancés sur des positions militaires syriennes sont un "mauvais présage" pour l'accord russo-américain, ont rapporté des médias.

Plus de 60 soldat syriens ont été tués samedi soir par des bombardements lancés par la coalition anti-terroriste menée par les Etats-Unis dans la province de Deir Ezzor (est), selon plusieurs sources.
Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU a été tenue samedi soir à la demande de la Russie suite à ces bombardements. L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, y a déclaré que les Etats-Unis avaient manqué à leurs engagements.

Avant le début de la réunion, l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power a déclaré face aux journalistes qu'elle considérait la demande de réunion d'urgence de la Russie comme un "coup d'éclat".

"La Russie doit vraiment cesser d'essayer de gagner des points (...) et se concentrer sur ce qui importe, à savoir la mise en oeuvre de quelque chose que nous avons négocié de bonne foi avec elle", a-t-elle lancé.

Interrogé par les journalistes pour savoir si ces bombardements pouvaient mettre un terme à l'accord de cessez-le-feu, qui est entré en vigueur lundi, M. Tchourkine a répondu que cela "reste une grande question".

Le 10 septembre, la Russie et les Etats-Unis ont annoncé avoir atteint un accord historique pour un cessez-le-feu national en Syrie, ce que les deux pays espèrent pourra mener à une coopération de leurs armées afin de mettre fin à plus de cinq ans de conflit dans ce pays.

Le ministère russe de la Défense a ajouté que les bombardements américains avaient permis au groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) de s'emparer de la montagne al-Tharda, située à 10 km de la ville de Deir Ezzor, chef-lieu de la province de même nom.

Cet incident marque la première attaque de la coalition menée par les Etats-Unis contre une position des forces gouvernementales depuis le début de ses bombardements visant les positions de l'EI/Daech en Syrie en fin d'année 2014.

Washington regrette sa frappe en Syrie

L'ambassadrice américaine Samatha Power a réitéré lors d'une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU les regrets de Washington pour la frappe de la coalition menée par les Etats-Unis contre une position militaire syrienne.

La Russie avait demandé cette réunion d'urgence, qui s'est tenue tard samedi soir, indiquant vouloir obtenir des explications sur ce raid qui a tué des dizaines de soldats syriens,         Cette frappe "n'était pas intentionnelle et nous regrettons bien sûr les pertes en vies humaines", a affirmé Mme Power à la presse.

Mais elle s'est livrée ensuite à une violente critique contre Moscou qui a convoqué cette réunion, parlant de "moralisme", de "mise en scène" et de "cynisme".

Elle a fait valoir "que le régime syrien frappait volontairement des cibles civiles avec une régularité effrayante" et que la Russie ne faisait rien pour l'en empêcher.
Le gouvernement syrien "utilise souvent des armes chimiques (..) et a torturé des milliers de prisonniers", a-t-elle ajouté.

"Et pourtant, a-t-elle ajouté, face à tant d'atrocités jamais la Russie n'a exprimé sa consternation ni demandé une réunion d'urgence du Conseil". "La réunion de ce soir est une diversion par rapport à ce qui se passe sur le terrain en Syrie", a-t-elle encore estimé.

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine est sorti de la salle pour répliquer vivement à Mme Power devant les journalistes. Il a accusé Washington d'avoir violé un engagement de ne pas viser les positions syriennes. Cet incident est "un mauvais présage" pour le maintien de l'accord américano-russe en Syrie, a-t-il dit, tout en se refusant cependant à déclarer cet accord caduc.

"C'est un grand point d'interrogation", a-t-il affirmé. "J'espère qu'ils (les Etats-Unis) vont trouver un moyen de nous convaincre et de convaincre tout le monde qu'ils sont sérieux à propos d'un règlement politique en Syrie et a propos de la lutte contre les terroristes".

Le ministres des Affaires étrangères russe, Serguei Lavrov, et son homologue américain, John Kerry, doivent participer mercredi à une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie en marge de l'assemblée générale de l'ONU.

La coalition internationale, menée par les Etats-Unis, a admis samedi avoir bombardé ce qu'elle pensait être une position du groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) en Syrie, un raid qui a tué au moins 60 soldats syriens selon différentes sources.

Ce bombardement meurtrier près de la ville de Deir Ezzor (est), contrôlée par l'EI, intervient au cinquième jour d'une fragile trêve issue d'un accord entre les Etats-Unis et la Russie.

La Russie accuse l'"opposition modérée" d'avoir fait échouer la trêve en Syrie

La Russie a accusé samedi l'"opposition modérée" syrienne d'avoir "fait échouer" le cessez-le-feu en vigueur depuis cinq jours en Syrie, après avoir annoncé une cinquantaine d'attaques attribuées aux rebelles et les frappes meurtrières de la coalition internationale visant l'armée syrienne.

Le centre russe de coordination en Syrie a informé la partie américaine que "l'opposition modérée a fait échouer le cessez-le-feu" instauré en Syrie lundi soir suite à un accord négocié par Moscou et Washington, a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

La Russie a également informé les Etats-Unis d'un "important groupement des militants armés dans le nord de la province de Hama et de leurs éventuelles tentatives de lancer une offensive", selon le communiqué.

"La partie russe a demandé à ses collègues américains de faire pression sur les dirigeants de l'opposition afin de les empêcher d'agir de manière imprudente et les a informés que le commandement syrien se verra obligé de prendre des mesures de riposte proportionnées en cas d'offensive", souligne-t-il.