Ouverture à Alger de la réunion du Forum international de l’énergie - Accord Opep d'Alger : une décision «mûre» obtenue grâce aux efforts de rapprochement menés par l'Algérie

Publié par DKNews le 30-09-2016, 17h52 | 48

L'Opep a pris une décision «mûre» en ramenant sa production à une fourchette comprise entre 32,5 et 33 mbj, a affirmé jeudi le professeur Chems Eddine Chitour, estimant que l'Algérie a bien jouer son rôle de conciliateur entre l'Arabie saoudite et l'Iran pour décrocher cet accord.

A l'issue d'une réunion qui a duré plus de six heures, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé mercredi à Alger de réduire sa production pétrolière à un niveau allant entre 32,5 et 33 millions de barils par jour (mbj).

«C'est une décision assez mûre», a déclaré à l'APS le professeur Chitour, mettant l'accent sur l'importance du rôle joué par l'Algérie pour rapprocher les points de vue notamment ceux de l'Arabie saoudite et de l'Iran.

Les traditions diplomatiques de l'Algérie et ses «rapports excellents» avec ceux deux pays membres de l'Opep ont, en effet, permis de rapprocher leurs points de vue, a-t-il expliqué.

«C'était une occasion unique de conclure cet accord (...) du fait que c'est l'Algérie qui a joué le conciliateur», a relevé M. Chitour, ajoutant que les experts du ministère de l'Energie «ont fait toutes les simulations possibles pour montrer à ces deux pays qu'ils étaient gagnants» dans le cadre de cet accord.

«L'Arabie saoudite et l'Iran ont les mêmes problèmes de financement de leur développement. Donc, la situation en termes économique et financière est la même et il devaient s'entendre», a fait remarquer le professeur Chitour.

Ce spécialiste en questions énergétiques a, toutefois, mis l'accent sur la nécessité d'une meilleure coopération entre les pays producteurs et consommateurs de pétrole, notamment à travers la coordination entre l'Opep et l'AIE (Agence internationale de l'énergie) qui défend les intérêts des gros consommateurs occidentaux.

Si les pays consommateurs décident avec l'AIE de noyer le marché, ils «vont créer une abondance artificielle en n'achetant pas le pétrole de l'Opep et en destockant leurs réserves et ça est un grand problème», a-t-il prévenu.

«Les pays occidentaux, qui disposent de trois années de réserves manipulent le marché en créant une abondance artificielle. Donc, il est nécessaire d'avoir un accord avec eux pour ne pas destocker leurs réserves», a préconisé le professeur Chitour.

D'un autre côté, les prix du pétrole ne devraient pas être très élevés «sinon le pétrole de schiste serait rentable et (...) nous revenons au problème précédent, c'est-à-dire qu'il y aurait une abondance qui fait que les Etats-Unis ne seront plus importateurs mais exportateurs de pétrole».

Selon lui, le prix d'équilibre du baril devrait tourner autour de 60 dollars et ce niveau pourrait être atteint au plus tard dans une année. Les hors-Opep devraient adhérer à l'accord d'Alger
Dans tous les cas, il est très possible, dans les cinq prochaines années que le pétrole atteigne ou dépasse les 100 dollars, a pronostiqué cet expert.

Le professeur Chitour a, d'autre part, inisisté sur la nécessité de stabiliser durablement le marché pétrolier pour permettre à l'économie mondiale de se reprendre, et ce, par le biais d'un dialogue entre les différents acteurs de la scène énergétique internationale.

«On ne peut pas continuer à se tenir le ventre avec un baril qui monte et descend. L'économie mondiale a besoin de stabilité et il serait peut être bon que l'Opep engage un dialogue important avec l'AIE et même aussi avec l'Agence internationale des énergies renouvelables», a-t-il souligné.

Il s'agit, selon lui, de «l'avenir de la planète. «Il faut trouver un juste prix pour le pétrole et développer les énergies renouvelables et permettre le développement économique des pays pétroliers en vue d'assurer dans la finalité une alternative au pétrole et qu'ils sortent de la rente».

Pour ce qui est du rôle des gros producteurs en dehors de l'Opep dans la stabilisation des prix, M. Chitour a estimé que ces pays et à leur tête la Russie ont intérêt à s'impliquer aux efforts de l'Organisation. «Il est dans l'intérêt de la Russie d'adhérer à l'accord d'Alger.

Cela lui permettra d'avoir des ressources supplémentaires du fait qu'elle est engagée dans plusieurs projets notamment au Moyen-Orient, mais si elle boycotte elle risque de se tirer une balle dans le pied», a-t-il résumé.

En outre, si le Mexique et la Norvège «jouent le jeu» cela pourrait contribuer à baisser la production mondiale de 2 mbj, permettant aux prix de grimper autour de 60 dollars le baril, prévoit M. Chitour. Il a, par ailleurs, jugé important pour l'Algérie d'investir davantage dans le développement durable et les énergies renouvelables en vue de pouvoir créer des richesses alternatives à la rente pétrolière.

«J'espère que l'Algérie ne va pas s'endormir avec quelques dollars de plus. Il faut qu'elle tourne le dos à la rente en investissant dans le développement durable et les énergies renouvelables ainsi que la création de richesses hors pétrole», a conclu le professeur Chitour.