Syrie/ONU : Première discussion entre grandes puissances autour d'un projet français

Publié par DKNews le 01-10-2016, 15h56 | 40

Les cinq grandes puissances ont eu vendredi une première discussion sur un projet de résolution française sur la Syrie et vont continuer de négocier entre experts, selon des diplomates.

Lors de la première réunion entre ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil (Etats-Unis, Russie, Royaume-uni, France, Chine), la Russie n'a pas rejeté a priori le texte, demandant du temps pour l'examiner en détails.

«Il n'y a pas eu d'opposition d'emblée des Russes», a affirmé un diplomate. Ce projet est centré sur la situation à Alep (nord de la Syrie), bombardé sans relâche depuis l'écroulement d'une trêve parrainée par Washington et Moscou.

Le texte appelle à rétablir un cessez-le-feu, conformément à l'accord américano-russe du 9 septembre, afin de permettre un accès humanitaire sans entraves à la population assiégée des quartiers rebelles d'Alep, et à interrompre les survols de la ville par des appareils militaires.

Un «mécanisme de supervision» de la trêve est aussi prévu, auquel participeraient des experts venus de plusieurs des pays membres du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS).

Le GISS est né à l'automne 2015 à Vienne et se compose de 17 pays et trois organisations multilatérales, soutiens de l'opposition et du gouvernement syriens. Ce groupe est co-présidé par les Etats-Unis et la Russie et comprend aussi l'Iran, l'Arabie saoudite et les puissances européennes.

La France espère présenter lundi son projet à l'ensemble des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le dialogue avec la Russie en «soins intensifs», pas encore mort

Après avoir menacé toute la semaine de rompre le dialogue diplomatique avec la Russie sur la Syrie, les Etats-Unis ont assuré vendredi que les discussions restaient en «soins intensifs» et qu'elles n'étaient pas encore mortes.

Le secrétaire d'Etat John Kerry a pour le troisième jour d'affilée eu au téléphone son homologue russe Sergueï Lavrov, sans que ce dernier lui annonce que le déluge de feu sur Alep (nord) allait s'arrêter.

Jeudi, John Kerry, peut-être le dernier responsable américain à croire encore à une coopération américano-russe pour trouver une solution au conflit syrien, avait annoncé que le dialogue avec Moscou était «au bord» de la rupture.

Mais vendredi, son porte-parole au département d'Etat, Mark Toner, a usé d'une métaphore médicale pour affirmer que les négociations n'étaient pas complètement terminées.

«C'est en soins intensifs mais l'électrocardiogramme n'est pas encore plat», a ironisé le diplomate américain.

«C'est monstrueux, atroce, c'est une violation évidente des normes internationales, humanitaires, du droit international», a reconnu M. Toner, interrogé lors de son point de presse sur les terribles raids aériens russes et syriens sur la partie rebelle d'Alep depuis dix jours.

Il a admis, comme l'avait dit M. Kerry jeudi, qu'«à un certain moment» Washington devra se demander «s'il n'est pas futile de continuer de croire à un processus diplomatique» avec Moscou.

Mais «je ne peux vraiment pas dire que nous y sommes. Nous sommes tout près, mais nous n'y sommes pas», a encore argumenté le porte-parole de la diplomatie américaine.

M. Toner a répété que l'administration du président Barack Obama étudiait d'«autres options» pour la Syrie, mais sans dire lesquelles.

«Beaucoup d'entre elles ne sont pas bonnes, donc avant de claquer complètement la porte, nous voulons être sûrs de comprendre ce qui est en jeu et être sûrs que la Russie comprenne ce qui est en jeu».

Le président Obama, qui quittera le pouvoir le 20 janvier 2017, a depuis le début de la guerre en Syrie, résisté à toute implication militaire d'envergure des Etats-Unis, choisissant l'option de frappes aériennes par une coalition militaire internationale et confiant à M. Kerry le soin de trouver avec la Russie un règlement diplomatique.