Syrie : Le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU demande la limitation du droit de veto...

Publié par DKNews le 04-10-2016, 17h17 | 62

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a estimé hier que la «tragédie» qui se déroule dans la ville syrienne d'Alep nécessite la limitation «sans délai» du droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.

«Je suis fermement convaincu (...) que le Conseil de sécurité des Nations unies devrait, sans délai, adopter des critères pour empêcher ses membres d'utiliser leur veto lorsqu'il existe des préoccupations graves quant à de possibles crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou génocide», a déclaré M. Zeid, dans un communiqué, cité par des médias.

Les membres du Conseil ayant un droit de veto sont les cinq membres permanents: Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne.

«Cette initiative cruciale permettra au Conseil de sécurité des Nations unies de renvoyer la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale», a-t-il expliqué.

«Un tel renvoi serait plus que justifié au regard de l'impunité endémique et profondément choquante qui caractérise le conflit et de l'ampleur des crimes commis, dont certains pourraient constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité», a-t-il dit.

Face aux crimes commis en Syrie, le Haut-Commissaire et la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie ont demandé à plusieurs reprises la saisine de la Cour pénale internationale par le Conseil de sécurité.

Un porte-parole de M. Zeid, Rupert Colville, a toutefois estimé mardi «réaliste» une limitation du veto, soulignant que la France avait déjà lancé l'idée d'une telle limitation dans le cas des crimes de guerre.
«N'oublions pas que la destruction de villes telles que Varsovie,  Stalingrad et Dresde, et l'horreur infligée aux civils, ont grandement contribué à la création des Nations unies. Nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer à Alep», a averti le Haut-Commissaire.

«Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à faire défaut aux milliers d'enfants pris au piège dans cette ville, dans l'attente d'un massacre», a-t-il dit, notant que depuis le 21 septembre des centaines de civils ont été tués, parmi lesquels au moins 100 enfants.

Cette demande intervient alors que les Etats-Unis ont suspendu lundi leurs pourparlers avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie, après la destruction totale du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep dans un bombardement aérien.

...Le chef de la Ligue arabe appelle à un cessez-le-feu «urgent» à Alep

Le chef de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a appelé hier à un cessez-le-feu «urgent» à Alep pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire, au moment où cette ville stratégique du nord de la Syrie est en proie à de violents combats.

«Ce qui se passe dans cette grande ville (...) c'est un carnage, au sens propre du terme», a lancé Ahmed Aboul Gheit, le secrétaire-général de l'organisation pan-arabe basée au Caire, à l'ouverture d'une réunion extraordinaire des représentants permanents des pays membres.

Les Etats-Unis ont annoncé lundi soir la suspension des pourparlers avec Moscou sur un éventuel nouveau cessez-le-feu, alors qu'une violente offensive militaire se poursuivait sur les quartiers est d'Alep, contrôlés par les rebelles.

«Aujourd'hui, avec la suspension des pourparlers entre la Russie et les Etats-Unis, il faut, de manière urgente (...) oeuvrer pour un cessez-le-feu dans la ville d'Alep», a souligné le diplomate égyptien, interpellant le groupe des pays amis de la Syrie.

«C'est le minimum nécessaire, pour faire face à la grave situation humanitaire dans la partie est de la ville, et ouvrir la voie aux efforts d'aide et à l'évacuation des blessés», a-t-il mis en garde, dénonçant notamment «le bombardement délibéré et systématique des hôpitaux» et «la prise pour cible des civils de manière aléatoire et à large échelle».